(Jean-Luc Mélenchon, 4 mars 2024 sur X)
Minable et petit sont deux mots ayant en commun de pouvoir être soit adjectif, soit nom commun. Quand ils sont employés seuls et juxtaposés, il faut bien que l’un des deux soit adjectif, et l’autre nom commun. Mais alors, Jean-Luc Mélenchon voit-il dans Gabriel Attal « un petit qui est minable », ou « un minable qui est petit » ?
Comme en français l’adjectif épithète est le plus souvent postposé, on pourrait retenir la seconde hypothèse, mais il y a des exceptions nombreuses et variées à la règle. Ainsi, si les deux mots avaient été placés dans l’ordre inverse, petit minable aurait dû s’entendre « minable particulièrement méprisable » – un peu comme, dans la bouche de Nicolas Sarkozy, petit calomniateur affichait l’idée peu flatteuse que celui-ci se faisait de son adversaire François Hollande, lors du débat qui les opposait le 2 mai 2012.
Mais il s’agit bien ici de minable petit et finalement, quel que soit celui des deux termes qui est déterminé par l’autre, cela ne change pas grand-chose : le leader des Insoumis reproche au Premier ministre d’être soit de petite taille, soit de jeune âge, soit les deux à la fois. On est clairement en présence d’une attaque non pas ad hominem, qui pourrait appeler une contre-argumentation, mais bien ad personam, insusceptible d’être contrée puisque pointant des caractéristiques dont l’intéressé-cible n’est pas responsable.
Il n’en aurait pas été ainsi avec la formulation plus probable petit minable : l’accusation eût été « seulement » d’être très minable. Mais le choix de l’ordre improbable minable petit, dans la forme, attire l’attention, et dans le fond, redouble la dénonciation de la consternante médiocrité par celle de la petite taille et/ou du jeune âge. De quoi s’assurer que ce qu’on pourrait appeler un dérapage ne passera pas inaperçu ! Un peu comme lorsque l’ancien candidat à l’Elysée, le 22 octobre dernier sur X, reprochait à la présidente de l’Assemblée nationale de « camper à Tel-Aviv ».