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Étiquette : antithèse

« Je ne suis pas fils d’archevêque »

4 mai 20224 mai 2022 Hugues Constantin de Chanay
AFP, 18 avril 2018

Ainsi Emmanuel Macron a-t-il au matin explicité sur France Culture, le 18 avril 2022, une propriété méliorative dont il veut qu’on crédite son éthos préalable : il est issu du peuple, il est un self-made-man à la française, il doit tout à la République (ce qui implique : en retour, je serais tout désigné pour être son meilleur serviteur, tant je lui suis reconnaissant). Dans sa rhétorique, « archevêque » est par synecdoque de l’espèce représentatif de tout genre de notable.

Mais il y a un hic. Il est déjà curieux de faire de l’archevêque le parangon de l’huile. Mais il y a pire, car l’actualité récente a gommé cette appartenance des archevêques au gratin social et fait place à un scandale où comme d’autres ils sont pris, celui des crimes pédophiles affectant l’ensemble du clergé. Dans un tel contexte on entend tout de suite une antithèse narquoise entre « archevêque » ([célibataire pour qui tout engendrement est non pertinent]) et « fils » ([engendré]) – il y a une sérieuse bataille entre le cotexte (le plaidoyer pro domo d’Emmanuel Macron) et le contexte, ce scandale qui teinte notre actualité sociale proche. Soit on peut voir là une volonté d’émanciper le discours des faits – le nécessaire du contingent ; soit on peut y voir une énième maladresse discursive.

Posted in Présidentielle 2022Tagged antithèse, contexte, cotexte, ethos préalable, mélioratif, parangon, plaidoyer pro domo, synecdoque de l'espèce

“C’est moi le plus haut !”

8 février 20228 février 2022 Hugues Constantin de Chanay
(dessin de Soulcié diffusé sur Facebook la première semaine de janvier)

On reconnaît dans ce quatuor, sorte de microsystème structural – les conditions nécessaires et suffisantes à l’identification y sont différentielles, ce qui autorise des prédications nouvelles –, Christiane Taubira, entre autres à son air toujours sévère, Yannick Jacot sans autre vraie caractéristique qu’un nez discrètement tubéreux, Jean-Luc Mélenchon à des lunettes laissant voir des yeux agrandis, peut-être même « illuminés » (métaphore et hypallage pour un trait de caractère dont il serait doté), Anne Hidalgo plutôt « neutre » (il est possible que le dessin la voie fade) et assurément mécontente de quelque chose. Mais ce dessin présente surtout, par une mise en scène polyphonique, l’entre-soi d’une gauche qui serait inattentive à tout ce qui n’est pas elle, deux points de vue antithétiques étant représentés : d’une part celui de la gauche, porté par le discours attribué à Jean-Luc Mélenchon qui se félicite via une métaphore diagrammatique courante (« c’est moi le plus haut » : la position occupée sur l’axe de la verticalité représente un classement sur l’axe des avantages et des handicaps) ; et d’autre part celui du dessinateur et du lecteur : les icônes abstraites (trait matérialisant les positions antérieurement occupées par les personnages) font de l’image l’illustration d’une métaphore linguistique, également diagrammatique, à vrai dire la même, que le lexique a figée : ils sont « en chute libre », et quelle que soit la position qu’ils occupent par rapport aux autres, ils arriveront toujours plus bas.

Posted in Présidentielle 2022Tagged antithèse, figement, hypallage, lexique, métaphore, métaphore diagrammatique, microsystème structural, polyphonie, prédications

« Marianne, c’est l’extrême droite – mais de gauche »

18 octobre 202118 octobre 2021 Hugues Constantin de Chanay
Crédits photos : Marianne.net

(Guillaume Meurice, « Le moment Meurice », France Inter, 12 octobre 2021)

Dans « Marianne c’est l’extrême droite – mais de gauche », il y a ce que Marianne prétend, et que Guillaume Meurice dit : l’antithèse n’est pas le départ d’une oxymore (où la gauche gagnerait argumentativement, colorant peut-être l’extrême droite d’un peu d’humanisme) ni d’une synthèse des contraires (exercice typiquement présidentiel, quoi qu’on pense du résultat : en même temps droite et gauche), mais une rectification polyphonique – Marianne se dit de gauche mais, derrière ce paravent, est selon Guillaume Meurice d’extrême droite. Autrement dit, il n’y a pas un seul énonciateur pour prendre en charge les termes antithétiques, mais deux qui se les répartissent.

 Quel avantage l’hebdomadaire trouve-t-il donc à se laisser croire de gauche ? Celui d’une axiologie positive aux yeux d’une partie de son lectorat, qui a évolué en même temps que lui de la gauche vers la droite : se dire d’extrême droite, c’est immédiatement s’attribuer un éthos sinon dévalorisant, du moins clivant (le lectorat potentiel s’ampute de la grosse majorité des lecteurs), et discréditer sa parole ; à l’inverse se dire de gauche c’est non seulement faire une sorte de nettoyage éthique (un « politic washing ») mais se doter d’un blanc-seing autorisant toute parole, serait-elle « décomplexée ». Cette axiologie, l’énonciateur n’a pas besoin de la dire, il peut la présupposer : elle est doxale et définit ce qui « se dit tout haut ». L’humoriste « désaliénant » peut alors engranger les bénéfices du contre-éthos de /véridicité/ que lui construit son discours : voici ce que Marianne pense tout bas.

Posted in Figurez-vous...Tagged antithèse, axiologie, doxa, énonciateur, éthos, oxymore, polyphonie, présupposé

« Direction de l’IHU : cool Raoul ou coule Raoult ? »

27 septembre 202127 septembre 2021 Hugues Constantin de Chanay

Libération, vendredi 17 septembre 2021 p. 16

Didier Raoult devra quitter la direction de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille à l’été 2022. Comment le prend-il ? Telle est la question posée par Libération – on peut se le demander en effet, car si rien n’indique qu’il ait été « limogé », il est du moins sûr qu’il n’a pas l’initiative de la décision.

L’alternative est simple : soit cela ne l’atteint pas du tout soit c’est sa perte – deux extrêmes antithétiques, ainsi que le marque la disjonction (« ou »).

Le premier membre est exprimé par une interjection lexicalisée qui se conclut par un prénom assonant au début du syntagme (les deux sont homéotéleutes). Conformément à l’effet habituel des paronomases (qui se ressemble s’assemble), le prénom « Raoul » paraît une sorte d’aptonyme prédisposant à la décontraction : celui qui le porte serait par nature « cool ». Alors, en irait-il de même du patronyme « Raoult » ? Cela correspondrait assez bien à son « profil médiatique » : grande stature, cheveux longs, bagues, absence coutumière de costume (comme il est simple !). Même si l’homophonie entre « Raoul » et « Raoult » n’est pas parfaite, le rapprochement jouit d’une tolérance parce que la prononciation de « Raoult » est fluctuante et la production du t assez souvent « timide » – il y a entre les deux, à l’oral, une quasi-antanaclase. Mais l’écrit permet une dissociation soigneuse entre le « Raoul » qui s’en sort bien et le Raoult qui en pâtit : alourdi de ses deux lettres supplémentaires, il « coule » – ce qui cumule une métaphore de base (typiquement, ce qui est en bas suit une mauvaise pente, le perdant est à terre, ce qui est détruit est mis à bas, etc.) et une métaphore ludico-navale (ce qui coule flottait avec d’être touché) : peut-être Libération suggère-t-il que l’état heureux, qui aurait permis à Didier Raoult de flotter et d’être « cool », est manqué de très peu : de deux consonnes.

Posted in Figurez-vous...Tagged antanaclase, antithèse, aptonyme, assonance, disjonction, homéotéleute, interjection, métaphore, paronomase, patronyme

“Le délire transgenre”

16 juin 202116 juin 2021 Hugues Constantin de Chanay

Couverture de Valeurs Actuelles, 27 mai 2021

Habituellement chargé d’attribuer au lieu qui l’affiche la propriété « gay friendly », le drapeau des fiertés étale ses couleurs pimpantes en une de Valeurs Actuelles, accompagné d’une légende péjorative : « le délire transgenre ». Entre ces deux composantes est assurée une équivalence visuelle qui facilite la rétro-propagation du jugement du second au premier : outre l’équilibre des masses, les couleurs garantissent la cohérence du message par un triple effet de rime chromatique (le jaune, le rouge, le bleu). Autrement dit, le drapeau devient /dysphorique/ dans un contexte « gay unfriendly » et la rhétorique plastique du message l’y aide.

Il y a pourtant une antithèse (escamotée) entre le multiple et l’un. Si, plutôt que de présenter le spectre continu et non dénombrable des couleurs, les six bandes colorées présentent une multiplicité, c’est parce que les couleurs de l’arc-en-ciel ont été discrétisées (présentées en valeurs « discrètes »,  c’est-à-dire discontinues), comme avant tout passage à du sémiotique (cette opération est en outre relativement arbitraire, le premier théoricien de l’arc-en-ciel, Aristote, y distinguant quatre couleurs – c’est pourquoi d’ailleurs on trouve de ce drapeau des variantes à sept ou huit bandes).

Le commentaire n’inocule pas seulement au drapeau (prêt à l’accueillir : il flotte vers la gauche, il est hors sol puisque sans hampe) l’axiologie négative du mot « délire » : le lecteur ne s’arrête pas à l’interprétation mais calcule la référence. Or celle du drapeau est déterminée par son sens. Que la source en soit par dialogisme la chanson du Magicien d’Oz (Judy Garland étant une icône gay) ou que l’interprétation soit plus directement métaphorique (et pour être précis homologique), la diversité des couleurs est chargée de représenter la diversité des situations des personnes cisgenres non hétérosexuelles ou pro-hétérosexuelles (des LGBT aux LGBTQQIAAP : lesbiennes, gay, bi, trans, queer, questionnings, intersexes, asexuel.le.s, allié.e.s, pansexuel.le.s). Or « transgenre » n’est rien de moins qu’une seule catégorie. En lui affectant le mot « délire » qui se reporte sur le drapeau, Valeurs Actuelles désigne à son lectorat l’ennemi qui se reconnaîtra au signe affiché aux portes et aux fenêtres. Mais cette réprobation est en outre implicitement argumentée, la synecdoque de la partie convoyant clandestinement un amalgame. Les transgenres s’émancipent de la nature. Donc l’homosexualité est, pour Valeurs Actuelles, contre nature : CQFD.

Posted in Figurez-vous...Tagged amalgame, antithèse, dialogisme, discrétisation, homologie, métaphore, rhétorique plastique, synecdoque

« Un voleur comme candidat et un escroc comme colistier »

2 juin 20212 juin 2021 Hugues Constantin de Chanay
Brazilian former presidents Fernando Henrique Cardoso (left) and Luiz Inacio Lula da Silva, pictured in Sao Paulo on May 12, 2021, had 'a long conversation' on Brazil, democracy and Bolsonaro
Photographie : Ricardo STUCKER/AFP/File

En version originale, Bolsonaro dit de ses futurs adversaires à l’élection présidentielle de 2022, dans une allocution prononcée à Açalândia, qu’ils sont « um ladrão candidato a presidente e um vagabundo como vice ». Le « colistier » de la version française, c’est le vice-président pressenti du Brésil. La version française (journal de France Culture du 24 mai 2021) conserve les isotopies et les antithèses de l’original : comme « presidente » et « vice », « candidat » et « colistier » sont isotopes ;  et la même double antithèse /honnête/ vs /malhonnête/, implicite dans les oppositions « ladrão » vs « presidente » et « vagabundo » vs « vice », se retrouve, avec seulement une inversion d’ordre, dans les oppositions « voleur » vs « candidat » et « escroc » vs « colistier ». Mais le français y ajoute encore, d’une part une gradation qui rend le second argument plus fort que le premier (l’escroc étant une forme raffinée, « technocratique », rusée du voleur), d’autre part une homorythmie et une connotation poétique : dans une prononciation courante, sont coordonnés deux heptasyllabes (ou hexamètres) : comme si les médias français cherchaient à présenter dans sa parole, ramassé dans une rhétorique enrichie, l’éthos bolsonarien non pas tant comme celui d’un homme de Verbe que d’un homme verbeux…

Posted in Figurez-vous...Tagged antithèse, éthos, gradation, heptasyllabe, hexamètre, isotope, isotopie, poétique

« Lors d’une manifestation à Ramallah, mardi, où deux Palestiniens sont morts »

20 mai 202121 mai 2021 Hugues Constantin de Chanay

Libération, mercredi 19 mai 2021, p. 8

(légende de la photo, crédits Nasser Nasser/AP)

Le sens vient à la réalité comme il vient aux images : par métonymie et par synecdoque – en l’occurrence, l’objet pour la propriété dont il est support. Voyant un homme jeune sur fond de feux, on comprend qu’il se défend (buste oblique prêt à reculer avec souplesse, bras gauche en défense), qu’il contre-attaque (bras droit prêt à projeter on ne sait quoi, ne serait-ce qu’une pierre – geste emblématiquement sauvage, celui du David biblique terrassant Goliath), sa vulnérabilité puissante (bras nus, muscles fuselés et apparents), la destruction et le chaos (gravats, fumée, rue jonchée de pneus, vide des piétons habituels, où l’on distingue d’autres « guérilleros », et un drapeau palestinien).

Il nous parvient parce que toute image réussie porte une hypotypose (par des détails, on produit un effet de réel et on place le destinataire comme devant la réalité même). Ici l’ensemble recule devant des éléments saillants : l’homme est isolé sur un vaste fond gris ; le flou fond le décor et fait ressortir, çà et là, gravats, colonnes de fumée hautes comme les immeubles qu’on voit à peine, corps exposés. La prise de vue livre quelques mètres à parcourir à découvert. Comme si, à l’instar du protagoniste, nous devions mettre notre vie en péril.

Car l’hypotypose s’accompagne d’une proposition d’empathie avec le manifestant. Cette image est efficace parce qu’elle est esthétique et séduit. L’antithèse entre la simplicité de la mise (casquette, pull sur les hanches, t-shirt jaune roulé en une écharpe qui n’est pas le traditionnel keffieh qu’arbore derrière un autre homme) et la beauté satinée de ces bras dénudés n’y est sans doute pas pour peu. Le cadrage, les contrastes, la prédominance des formes rondes, les fumées sombres comme des nuées, évoquent dialogiquement les peintures romantiques d’orages. La palette des couleurs et la disposition des volumes sont les mêmes que dans Le Radeau de la Méduse. Par cette discrète allusion, la synecdoque de ce manifestant pour tous les Palestiniens, ainsi que sa métaphore pour les autres résistances des faibles, passent à une dimension symbolique en devenant allégoriques.

Posted in Figurez-vous...Tagged allégorie, antithèse, dialogisme, emblématique, empathie, esthétique, hypotypose, métaphore, métonymie, symbolisme, synecdoque

« Emmanuel Macron se rêve en Napoléon mais n’est au final qu’un Poutine de supérette »

12 mai 202112 mai 2021 Hugues Constantin de Chanay
(Emmanuel Macron et Vladimir Poutine à Versailles, en mai 2017 – Stéphane De Sakutin – AFP)

Revue de presse internationale, France Culture, jeudi 6 mai 2021

La traduction française conserve les deux figures marquantes de cette diatribe publiée en ligne par Daniel Hannon sur le site du Daily Mail (« Emmanuel Macron, the new Napoleon? No, he’s a Poundland Putin ») : une métaphore (« Napoléon ») et une antonomase corrigée (« Poutine de supérette ») – l’allitération en « p » qui suggère que le Poutine macronien est de même essence que le commerce bas de gamme (la chaîne de magasins Poundland vend tous ses produits, comme l’indique son nom, pour 1 £) passe par contre à la trappe…

Napoléon et Poutine mis en paradigme invitent à une lecture isotopique, celle de la /soif de conquête/, grande ici ou réputée telle, petite là. La « supérette » française donne à Macron, encore moins digne que Poutine, le visage d’un commerce quotidien et riquiqui (le suffixe diminutif –ette venant encore enfoncer ce clou). L’antithèse entre « se rêver en » et « n’être que », opposant un conquérant bâtisseur et un dictateur « de supérette » (c’est plus méprisant encore que « d’opérette », qu’on entend à demi-mot…), épingle un possible déni de réalité de Macron, suffisant, pas du tout à la mesure de son modèle, n’en incarnant malgré son ambition démesurée que les aspects les plus contestables, bref : une baudruche (métaphore implicite).

Posted in Figurez-vous...Tagged allitération, antithèse, antonomase, diatribe, isotopie, métaphore, paradigme, suffixe

Dune enlisée

26 mars 202126 mars 2021 Hugues Constantin de Chanay

 Le 16 février 2021, à l’occasion d’une visioconférence consacrée au Sahel, Emmanuel Macron affrontait le dilemme suivant : rester au Sahel où l’armée française est présente avec l’opération Barkhane ; ou bien le quitter au risque de la « talibanisation », car l’opération « s’enlise » (Marianne, 19 mars). Et pourquoi donc ? Willem répond le même jour dans Libération.

L’armée est doublement inadaptée.

D’abord elle n’est vraiment pas de taille. Une antithèse oppose dans le dessin de Willem le petit nombre des militaires (très exactement une poignée : cinq), au grand nombre des potentiels djihadistes. Le dessin opère de ces derniers, représentés par leur stéréotype (crânes rasés et barbes sans moustache des salafistes) une quantification indéfinie en ne faisant qu’esquisser le sommet lointain des crânes et en laissant des blancs (donc il y en a beaucoup et ils sont innombrables).

Ensuite et surtout il y a l’antithèse principale : pour les cinq militaires, il n’y a aucun djihadiste ; mais pour le lecteur, ils grouillent. Le dessin, polyphonique, met en scène et hiérarchise deux points de vue. Les voyant du dessus, les militaires peuvent prendre les crânes pour des cailloux. Mais les voyant de face, le lecteur a de manière décisive un point de vue plus ample : ce sont des salafistes. Les militaires ont la berlue. Déjà mal outillés dans leur petit bus cahotant (métonymie de l’instrument et synecdoque de la partie), ils sont tout bonnement aveugles à l’océan (métaphore implicite) des djihadistes : ils ne trouveraient pas d’eau dans la mer.

Posted in Figurez-vous...Tagged antithèse, métaphore implicite, métonymie, polyphonie, quantification indéfinie, stéréotype, synecdoque

Stature d’Angela Merkel

25 mars 202125 mars 2021 Hugues Constantin de Chanay

(Willem, Libération, 16 mars 2021, p. 20)

Ces derniers temps, à cause d’une gestion de crise longtemps louable mais récemment malavisée, la CDU a perdu en crédibilité. Willem l’exprime dans Libération par une homologie (analogie relationnelle) : les trois images montrent qu’à mesure que le printemps s’annonce, la taille d’Angela Merkel rapetisse. Cette absurdité référentielle (dans le monde, nul ne change aussi sensiblement de taille) est un indice de décontextualisation pour l’interprétation métaphorique. L’équivalence d’une taille et de sa valeur fait partie de nos métaphores conceptuelles : l’image de Merkel (reconnaissable par synecdoque à sa coiffure en chapeau de champignon) représente sa taille mais signifie sa stature. Il n’y a aucune analogie directe entre une silhouette et une influence. En revanche il y a une homologie si on prend plusieurs vues, car l’évolution physique de Merkel peut être analogue à celle de l’influence de la CDU. L’image articule cette homologie à une antithèse : alors que le printemps s’épanouit, Angela Merkel est son parti se rabougrissent…

Posted in Figurez-vous...Tagged analogie, antithèse, décontextualisation, homologie, métaphore, synecdoque

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