En couverture de Franc-Tireur n°26, surmontés du titre « Nupes : le miroir aux girouettes », un triste Yannick Jadot, un Fabien Roussel dépité et ahuri, un aimable Olivier Faure qui n’y voit que du feu, petit paradigme unifié par l’isotopie /représentant d’un parti politique de gauche/, se retrouvent face à une sucette qui, de sa tête de Jean-Luc Mélenchon à elle incorporée par métaphore-valise, leur tire la langue et les nargue. On comprend immédiatement que ces girouettes, en une métaphore iconico-verbale in præsentia, ils les sont. Et qu’il n’est vraiment pas loin, le marché de dupes – dupes, ce paronyme si proche de « Nupes », qui commence lui aussi par une consonne apico-alvéolaire voisée… De forts indices de délittéralisation évincent en effet d’entrée de jeu les /girouettes qui pivotent pour indiquer la direction du vent/ : ces objets ne se chassent pas. En revanche les /personnes changeantes/, si – par une métaphore diagrammatique figée, les girouettes suivent par nature la direction du vent comme les personnes changeantes acceptent par nature les choix qui se présentent à eux. Or le miroir aux alouettes évoqué par dialogisme grâce à la substitution, à « alouettes », de « girouettes », isorythmique et homéotéleute, fait de « Nupes » un stratagème de chasse (métaphore de nouveau, elle aussi in præsentia) – les trois hommes se laissent capturer comme de nigaudes alouettes, en pire encore : ils sont attirés et moqués, pour toute consolation, par une friandise d’enfant.
Étiquette : paradigme
« Un bouclier tarifaire »
Pour éviter de mécontenter les Français face à la hausse des prix de l’énergie, Jean Castex dégaine le 30 septembre 2021 une mesure qui se présente comme une trouvaille, d’économie certes, mais avant tout de communication (quoiqu’aux ficelles peut-être un peu grosses) : le « bouclier tarifaire ».
Dialogiquement, celui-ci évoque le « bouclier fiscal » de Nicolas Sarkozy (même structure : « bouclier » + adjectif de relation, le tout dans le domaine économico-fiscal), ce qui d’une part l’inscrit dans le paradigme des mesures économiques vraisemblables, ayant des précédents, sérieuses, et d’autre part lui permet de s’en démarquer : celui-là était destiné aux riches, celui-ci l’est à tous.
Reprise, la métaphore du bouclier est valorisante : c’est une arme qui protège et que l’on fournit à ce qui est précieux (outre les guerriers : bouclier d’Orion ; pour la Terre, bouclier anti-astéroïdes ; et pour les Français, bouclier tarifaire ; etc.).
Mais, comme esquive dénominative, elle est aussi un euphémisme, dans la mesure où elle détourne l’attention de faits potentiellement désavantageux (en l’occurrence le fait qu’en France, bien qu’elle soit « de première nécessité », l’énergie ait une TVA à 20 % prélevée également sur les taxes) : le beau bouclier est peut-être avant tout destiné à faire oublier au guerrier qu’on l’envoie au front.
« Emmanuel Macron se rêve en Napoléon mais n’est au final qu’un Poutine de supérette »
Revue de presse internationale, France Culture, jeudi 6 mai 2021
La traduction française conserve les deux figures marquantes de cette diatribe publiée en ligne par Daniel Hannon sur le site du Daily Mail (« Emmanuel Macron, the new Napoleon? No, he’s a Poundland Putin ») : une métaphore (« Napoléon ») et une antonomase corrigée (« Poutine de supérette ») – l’allitération en « p » qui suggère que le Poutine macronien est de même essence que le commerce bas de gamme (la chaîne de magasins Poundland vend tous ses produits, comme l’indique son nom, pour 1 £) passe par contre à la trappe…
Napoléon et Poutine mis en paradigme invitent à une lecture isotopique, celle de la /soif de conquête/, grande ici ou réputée telle, petite là. La « supérette » française donne à Macron, encore moins digne que Poutine, le visage d’un commerce quotidien et riquiqui (le suffixe diminutif –ette venant encore enfoncer ce clou). L’antithèse entre « se rêver en » et « n’être que », opposant un conquérant bâtisseur et un dictateur « de supérette » (c’est plus méprisant encore que « d’opérette », qu’on entend à demi-mot…), épingle un possible déni de réalité de Macron, suffisant, pas du tout à la mesure de son modèle, n’en incarnant malgré son ambition démesurée que les aspects les plus contestables, bref : une baudruche (métaphore implicite).