Sarah Al-Matary (université Lyon 2, UMR 5317 IHRIM)
Enseignante-chercheuse spécialisée dans les relations qu’entretiennent la littérature et les idéologies aux XIXe et XXe siècles, je prête une attention particulière aux « langages du politique ». En témoigne ma thèse, consacrée à l’idée de « race », ce mot dont Maurice Tournier écrivait – alors que je n’étais encore qu’en classe de cinquième – qu’il avait « perdu la raison »… Dans cette étude comparatiste, sensible à l’écart qui séparait les usages du mot « race » en français et en espagnol, j’envisageais les différentes acceptions (biologique, mais aussi linguistique, sociale et ethnico-confessionnelle) de l’expression « race(s) latine(s) », sans oublier que cette expression ne circonscrivait pas entièrement la réalité qu’elle décrivait.
Passionnée depuis lors par les discours de « réaction » ‒ d’où qu’ils émanent ‒, je m’intéresse à la polémique comme observatoire privilégié de l’histoire intellectuelle, mais aussi comme moyen de dépasser l’approche monographique et canonique de la littérature. C’est sous cet angle que je prépare une histoire de l’anti-intellectualisme en France (XIXe-XXIe siècles).