Quand la langue fourche… ou quand la maîtrise de la parole politique est objet de polémique (version pdf)
Journée d’étude organisée dans le cadre du Festival “Prise de paroles” de l’Institut François Mitterrand (Maison natale de François Mitterrand, à Jarnac)
Parmi les prérequis de la crédibilité politique figure en bonne place la maîtrise de soi – de ses décisions, de ses gestes, de ses paroles… Il est dès lors de bonne guerre de mettre en doute la capacité de l’adversaire ou du concurrent à contrôler sa production verbale. Ce pourra être aussi le rôle de l’observateur et notamment du journaliste. Pourront ainsi être reprochés le mot qu’il ne fallait pas prononcer en raison de multiples règles écrites et non écrites, la marque de la colère ou de la passion dans le propos, l’affleurement de l’inconscient dans le verbe, l’effet d’un agent extérieur ou encore la manifestation de l’incompétence ou de l’amateurisme dans le discours. La dénonciation de bourdes, dérapages, gaffes, lapsus… sert d’arme contre leurs auteurs, lesquels peuvent avoir recours à différentes stratégies pour s’en défendre. L’enjeu est ce que l’écart à la norme révèle du locuteur.
Les temps forts de la vie politique fournissent un cadre favorable au développement de ces joutes métadiscursives, comme c’est notamment le cas lors des élections présidentielles en France. Mais aucune conjoncture n’ignore ce phénomène, marqué par des régularités objectivement observables, ainsi que par des innovations argumentatives ou langagières. Prendre la parole ne se fait jamais sans risque ! Mais c’est encore par la parole qu’on en atténue le coût.
Qu’en est-il de cette réalité mise en relation avec les caractéristiques des candidats concernés (genre, âge, ancienneté, formation, statut social, appartenance partisane…), de la période ou encore de la conjoncture politique du moment ?
Les Rencontres de Jarnac accueilleront les porteurs d’études pour des communications d’une vingtaine de minutes. Les propositions sont attendues d’ici le 28 avril 2022, sous la forme de présentations d’environ 2000 signes. Les réponses aux propositions seront connues au plus tard le 10 mai 2022. Les frais de voyage et de séjour des participants retenus seront pris en charge par l’IFM. Une publication en ligne est prévue dans le cadre des Notes de l’Institut.
Conseil scientifique
Paul Bacot, Professeur des universités émérite, Président de la Société d’étude des langages du politique
Dominique Desmarchelier, Maître de conférences honoraire, Directeur adjoint de la revue Mots. Les langages du politique
Yves Déloye, Professeur des universités, Directeur de la Revue française de science politique
Chloé Gaboriaux, Maîtresse de conférences HDR, Directrice de la revue Mots. Les langages du politique
Gaétan Gorce, Secrétaire général de l’Institut François Mitterrand
Marion Jacquet-Vaillant, Docteure en science politique
Christian Le Bart, Professeur des universités
Sylvie Strudel, Professeure des universités
Premiers éléments de bibliographie
Bacot (Paul), Les mots de l’élection présidentielle sous la Ve République, Toulouse, Presses universitaires du Midi, 2022
Boyer (Henri), Gaboriaux (Chloé) dir., Les « petites phrases », Mots. Les langages du politique, juillet 2018, 117
Descamps (David), Foudi (Agathe), « Promotions, déclassements et reclassements. À propos du repositionnement symbolique lié aux lapsus politiques », Langage et société, 2018/1 (n°163) p. 57-76.
Gellner (Ernest), « L’animal qui évite les gaffes, ou un faisceau d’hypothèses », Birnbaum (Pierre), Leca (Jean), Sur l’individualisme, 1991, p. 25-44.
Kerbrat-Orecchioni (Catherine), Les débats de l’entre-deux-tours des élections présidentielles françaises. Constantes et évolutions d’un genre, Paris, L’Harmattan, 2017.
Krieg-Planque (Alice), « Les ‘petites phrases’ : un objet pour l’analyse des discours politiques et médiatiques, Communication et langages, 2011, 128, 23-41
Le Bart (Christian), « Lois et invariants d’un genre : pour une sociologie des gaffes politiques », Bonnafous (Simone), Chiron (Pierre), Ducard (Dominique), Levy (Carlos), Argumentation et discours politique. Antiquité grecque et latine, Révolution française, Monde contemporain, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2003,coll. « Res Publica », pp. 79-87, https://books.openedition.org/pur/24834?lang=fr
Le Bart (Christian), Teillet (Philippe), « Erreur, lapsus, gaffes, fautes : le discours politique comme genre », Ringoot (Roselyne) et Robert-Demontrond (Philippe), L’analyse de discours, Rennes, Apogée, 2004, pp. 53-85.
Oger (Claire), « L’évaluation des campagnes dans le discours journalistique. Compétence attribuée et genre des candidats », Mots. Les langages du politique, 2009/2 (n° 90)