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La métaphore en politique

24 janvier 202324 janvier 2023 Chloé Gaboriaux

Appel à communications

Deuxièmes rencontres de Jarnac “Paroles politiques”, Institut François Mitterrand, vendredi 30 juin 2023

Coordination : Paul Bacot et Yves Déloye

De très longue date, la métaphore a été au centre d’une abondante littérature. Dans la période contemporaine, ce sont tout naturellement les sciences du langage, dans leurs différentes spécialités, qui en ont fourni la part principale, à côté d’autres disciplines des sciences humaines et sociales, comme la psychologie ou la philosophie. Considérée comme la figure rhétorique la plus utilisée, y compris dans la vie ordinaire (Lakoff & Johnson, 1985), voire la figure par excellence, elle a été décrite comme remplissant trois fonctions principales (Bonhomme, 2002) : une fonction esthétique (longtemps la seule prise en considération), en cela qu’elle enjolive le discours, valorisant par là-même son auteur ou autrice ; une fonction cognitive, en cela qu’elle rend visible ce qui n’est pas immédiatement perçu ; une fonction persuasive, en cela qu’elle produit l’adhésion du récepteur à une certaine représentation de la réalité, malgré ou du fait de son caractère fallacieux (Plantin, 2016), voire une forme de manipulation (Jamet et Terry dir., 2020). La métaphore joue sur un « ça va de soi » qu’il faut replacer dans un relativisme culturel (Goatly, 2007).

La dimension coopérative de la métaphore a été largement soulignée : elle ne peut remplir son office que si la personne qui lit ou entend le propos concerné sait l’interpréter. Il faut bien comprendre ce que les deux objets placés dans la comparaison condensée et implicite qu’est la métaphore ont en commun : que révèle cette intersection montrée entre les deux domaines connectés ? Le fameux slogan « Giscard à la barre ! » ne fonctionne que si son destinataire entend de quelle barre il s’agit et à quoi elle sert : « son élucidation est confiée à l’auditoire » (Plantin, 2016, p. 385). De ce fait, si la figure métaphorique, comme on l’a dit, valorise la personne qui y a recours, elle valorise aussi celle qui la reçoit correctement – ou qui l’interprète à sa façon (Davidson, 1978).

La figure métaphorique repose sur un écart – entre l’usage habituel du mot et l’usage décalé qui en est fait. Il ne faut donc négliger ni l’effet de surprise que produit la métaphore (pour autant qu’elle ne soit pas figée dans un cliché bien usé), ni sa dimension comique ou humoristique, pouvant aller jusqu’à l’insulte. Elle est particulièrement bien adaptée à la fabrique des « petites phrases » (Boyer & Gaboriaux, 2018), les quelques mots qui la constituent retenant l’attention et pouvant devenir cet énoncé détaché circulant dans les médias. On joue aussi sur l’économie langagière : un mot, parce qu’il est utilisé métaphoriquement, dit beaucoup de choses à moindre coût.

La métaphore est un trope, en ce qu’elle produit un déplacement : pour reprendre l’exemple déjà mobilisé, on va et vient entre le domaine sémantique du gouvernement et celui du gouvernail, entre le domaine politique et le domaine maritime – l’un des marqueurs du discours gaullien (Bon, 1986). Ce rapprochement peut avoir un usage positif, comme ici, ce qui est suggéré étant la capacité à conduire le navire-pays contre vents et marées, mais peut aussi avoir un usage négatif, comme lorsqu’on parle d’un candidat à l’élection présidentielle comme d’un « capitaine de pédalo ». Qu’il s’agisse d’une métaphore de structure analogique ou de structure homologique (Constantin de Chanay & Rémi, 2002), il convient de mettre au jour la diversité des catégories mises en jeu, la métaphore pouvant s’exprimer par des formes variées : verbe, adjectif, adverbe, mot grammatical…

Bien sûr, on a déjà beaucoup écrit sur l’utilisation de la figure métaphorique en politique (Gingras, 1996 ; Gonzalez, 2012). Les domaines ressources mobilisés à cet effet ont été listés. On sait que chez les acteurs de la vie politique, comme chez les personnes qui la commentent ou l’analysent, certaines métaphores sont très présentes : maritimes et plus largement liquides (Bernardot, 2016 ; Mecquenem, 2021), guerrières (Howe, 1988 ; Gauthier, 1994), sportives (Howe, 1988), météorologiques, sanitaires, organiques (Lemoine, 2001). D’autres nous emmènent vers la vie sentimentale, le jeu (Ching, 1993), la famille, le théâtre, la religion, le cinéma, la construction, le cirque, le carnaval, le commerce et la publicité… Sans oublier l’omniprésence de la métaphore spatiale, qui sert à délimiter les camps et à situer les acteurs par rapport à des clivages (Bacot & Rémi dir., 2007). Mais en quoi le recours à cette figure de style présente-t-elle quelques spécificités lorsqu’il s’agit de parler en, ou de, politique ? Peut-on considérer qu’elle est plus fréquente dans ce domaine de la vie sociale que dans d’autres ? Remplit-elle alors des fonctions particulières ? Peut-on en objectiver et en mesurer l’efficacité propre (Bosman, 1987 ; Mio, 1997, Carvier & Pikalo dir., 2008 ; Perrez et Reuchamps dir., 2015 ; Boeynaems et al., 2017 ; Legein, Vendeleene et al., 2022) ?

Au-delà de l’examen d’un probable lien étroit entre le discours politique et le dispositif rhétorique en question, on tentera d’opérer des distinctions majeures selon les critères en usage en sciences sociales et tout particulièrement en science politique. La métaphore est-elle autant utilisée, et de la même façon, selon les caractéristiques personnelles, sociales et idéologiques du locuteur (âge, genre, profession, origine sociale et ethnique, mais aussi place dans le jeu politique) ; selon les conjonctures politiques ; selon les époques, distinguées dans le temps long et dans le temps court ; selon les régimes politiques et selon les pays ou les régions ? De même, le recours à la métaphore dans le journalisme politique ou dans la pratique politologique connaît-il des variations, et selon quelles modalités ? D’une manière générale, en politique ou à propos de la politique, quels sont les effets attendus et les effets obtenus par le recours à la métaphore ? Ainsi, puisqu’en déplaçant, la métaphore détourne, on pourra se demander si elle ne contribue pas à un certain désenchantement de la politique, en même temps qu’à sa mise en spectacle ou encore à sa simplification excessive. Plus largement, on s’interrogera sur son rôle dans la construction et la structuration de la réalité politique, à travers l’apport de cadres interprétatifs – Paul Ricoeur (1975) parle de « réécriture de la réalité » par la métaphore.

Tout a-t-il été dit sur l’usage de la métaphore dans le champ politique ? Nous faisons ici le pari que beaucoup peut encore être apporté, par des études usant de méthodologies variées et portant sur des objets diversifiés : discours, ouvrages, circulaires électorales, tracts, débats, interviews, pour s’en tenir à la seule parole politicienne, mais aussi articles, études, éditoriaux, livres de journalistes ou de politistes – voire propos de citoyens « ordinaires » (Heyvaert et al., 2020). Sur l’aspect de la relation entre science politique et langage métaphorique, on ne pourra négliger une question particulièrement sensible : la métaphore est-elle soluble dans la pratique scientifique ? A priori, la réponse est totalement négative, la science ayant besoin d’une terminologie excluant l’ambiguïté, laquelle est une dimension constitutive de la métaphore. Mais est-ce aussi simple ?

Last but not least, il ne serait peut-être pas hors-sujet de prendre en considération, non seulement les métaphores utilisées dans le domaine politique, mais aussi les métaphores politiques présentes dans d’autres domaines de la vie sociale : ne dit-on pas qu’une équipe est « en ballottage favorable » dans une compétition sportive ?Du fait de la nature des Rencontres « Paroles politiques » de Jarnac et notamment de celle de la thématique retenue pour leur deuxième saison, la pluridisciplinarité est vivement souhaitée. Si cet appel concerne notamment les sciences du langage et les sciences du politique, il s’adresse aussi à d’autres sciences humaines et sociales.

Les propositions de communications (5000 signes environ, brève bibliographie comprise) devront parvenir aux coordinateurs (paul.bacot@sciencespo-lyon.fr et y.deloye@sciencespobordeaux.fr) avant le lundi 20 février 2023. Elles seront examinées par le Comité scientifique des Rencontres. Les réponses seront adressées aux soumissionnaires au plus tard le lundi 20 mars 2023. Les frais de déplacement et de séjour des participants seront pris en charge par l’Institut. Une publication des contributions est programmée, comme pour les Premières Rencontres de 2022 (Bacot, Paul ; Déloye, Yves et Gorce Gaëtan, dir., à paraître, Quand la langue politique fourche. Lapsus, erreurs et malentendus, Paris, L’Harmattan, collection « Langue & Parole »).

Eléments de bibliographie

Bacot, Paul et Rémi-Giraud, Sylvianne, dir., 2002, « Les métaphores spatiales en politique », Mots. Les langages du politique, 68.

Bacot, Paul et Rémi-Giraud, Sylvianne, dir., 2007, Mots de l’espace et conflictualité sociale, Paris, L’Harmattan.

Bernardot, Marc, 2016, « De Lesbos à Calais. S’enfoncer dans la métaphore liquide », in Lequette, Samuel et Le Vergos, Delphine, dir., Décamper. De Lampedusa à Calais, Paris, La Découverte, p. 36-48.

Bertrand, Dominique, 2013, Nature et politique. Logique des métaphores telluriques, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal.

Boeynaems, Amber ; Burgers, Christian ; Konijn, Elly A. et Steen, Gerard J., 2017, « The Effects of Metaphorical Framing on Political Persuasion: A Systematic Literature Review », Metaphor and Symbol, 32/2, p. 118-134.

Bon, Frédéric, 1985, « Langage et politique », in Grawitz, Madeleine et Lecas, Jean, dir., Traité de science politique, Paris, Presses universitaires de France, Tome 3, p. 537-573.  

Bonhomme, Marc, 2002, « Métaphore », in Charaudeau, Patrick et Maingueneau, Dominique, Dictionnaire d’analyse du discours, Paris, Seuil, p. 375-378.

Bosman, Jan, 1987, « Persuasive Effects of Political Metaphors », Metaphor and Symbolic Activity, 2/2, p. 97-113.

Boyer, Henri et Gaboriaux, Chloé, dir., 2018, « Les ‘petites phrases’ », Mots. Les langages du politique, 117.

Carver, Terrell et Pikalo, Jernej, dir., 2008, Political Language and Metaphor: Interpreting and Changing the World, Londres, Routledge.

Charbonnel, Nadine et Kleiber, Georges, dir., 1999, La métaphore entre philosophie et rhétorique, Paris, Presses universitaires de France.

Charteris-Black, Jonathan, 2005, Politicians and Rhetoric. The Persuasive Power of Metaphors, Basingstoke, Palgrave Macmillan.

Charteris-Black, Jonathan, 2014, Analysing Political Speeches: Rhetoric, Discourse and Metaphor, Basingstoke, Palgrave Macmillan.

Charteris-Black, Jonathan, 2017, « Competition metaphors and ideology. Life as a race », in Wodak, Ruth et Forchtner, Bernard, dir., The Routledge Handbook of Language and Politics, London, Routledge, p. .

Ching, Marvin K.L., 1993, « Games and Play : Pervasive Metaphors in American Life », Metaphor and Symbolic Activity, 8/1, p. 43-65.

Constantin de Chanay, Hugues et Rémi-Giraud, Sylvianne, 2002, « ‘Espèces d’espaces’. Approche linguistique et sémiotique de la métaphore », Mots. Les langages du politique, 68, p. 75-105.

Cunillera Domènech, Montserrat, 2010, « Les métaphores dans le discours politique », Synergies Espagne, 3, p. 107-117.

Davidson, Donald, 1978, « What Metaphors Mean », Critical Inquiry, 5/1, p. 31-47.

Descimon, Robert, 1992, « Les fonctions de la métaphore du mariage politique du roi et de la république en France, XVe-XVIIIe siècles », Annales, 47/6, p. 1127-1147.

Edelman, Murray J., 1971, Politics as Symbolic Action: Mass Arousal and Quiescence, Chicago, Markham.

Edelman, Murray J., 1988, Constructing the Political Spectacle, Chicago, The University of Chicago Press.

Gauthier, Gilles, 1994, « La métaphore guerrière dans la communication politique », Recherches en communication, 1, p. 131-147.

Gibbs, Raymond W. Jr., 2015, « The allegorical character of political metaphors in discourse », Metaphor and the Social World, 5/2, p. 264-282.

Gingras, Anne-Marie, 1996, « Les métaphores dans le langage politique », Politique et Sociétés, 30, p. 159–171.

Goatly, Andrew, 2007, Washing the Brain. Metaphor and Hidden Ideology, Amsterdam, John Benjamins.

González García, José M., 2012, Métaphores du pouvoir, Mix, trad. de l’espagnol par Aurélien Talbot (Metáforas del poder, 1998, Madrid, Alianza Editorial).

Heyvaert, Pauline ; Randour, François ; Dodeigne, Jérémy ; Perrez, Julien et Reuchamps, Min, 2020, « Metaphors in political communication. A case study of the use of deliberate metaphors in non-institutional political interviews », Journal of Language and Politics, 19/2, p. 201-225

Howe, Nicholas, 1988, « Metaphor in Contemporary American Political Discourse », Metaphor and Symbolic Activity, 3/2, p. 87-104.

Jamet, Denis et Terry, Adeline, dir., 2020, « Metaphors We Manipulate with », ELAD-SILDA, 5.

Koroleva, Iuliia, 2018, La métaphore conceptuelle dans le discours politique russe contemporain, Thèse, Université Toulouse-Jean Jaurès.

Lakoff, George et Johnson, Mark, 1985, Les métaphores dans la vie quotidienne, Paris, Minuit, Traduit de l’anglais (États-Unis) par Michel de Fornel avec la collaboration de Jean-Jacques Lecercle [Metaphors We Live By, Chicago, The University of Chicago Presse, 1980].

Lala, Marie-Christine, 2005, « La métaphore et le linguiste », Figures de la psychanalyse, 11, p. 145-161.

Laroche, Hervé, 2022, Dictionnaire des clichés littéraires, Arléa.

Le Guern, Michel, 1973, Sémantique de la métaphore et de la métonymie, Paris, Larousse.

Legein, Thomas, Vendeleene, Audrey et al., 2022, « Metaphors, political knowledge and the basic income debate in Belgium. An experimental stydy of the framing impact of metaphors on political représentations », Metaphor and the Social World,  https://doi.org/10.1075/msw.20015.van

Lemoine, Maël, 2001, « Remarques sur la métaphore de l’organisme en politique. Les principes de la philosophie et les deux sources de la morale et de la religion », Les Études philosophiques, 4/59, p. 479-497.

Marchetti, Melina, 2022, « La métaphore dans le lieu commun. L’exemple de l’affiche du mouton noir de l’UDC », Fabula / Les colloques, Lieu(x) commun(s) : quand les œuvres rassemblent, http://www.fabula.org/lodel/colloques/index.php?id=8543.

Mecquenem, Isabelle de, 2021, « La ‘démocratie liquide’ : sur les traces d’une métaphore à succès, The Conversation, https://theconversation.com/la-democratie-liquide-sur-les-traces-dune-metaphore-a-succes-170127

Mio, Jeffery Scott, 1997, « Metaphor and Politics », Metaphor and Symbol, 12/2, p. 113-133.

Musolff, Andreas, 2016, Political Metaphor Analysis. Discourse and Scenarios, London & New York, Bloomsbury Academic.

Olivar, José Alberto, 2010, « La construction de la modernité. Métaphores et politique dans deux discours de Marcos Pérez Jiménez (1953-1957) », Letras, 52/82, p. 157-173.

Pankake, Ann, « Taken by Storm: The Exportation of Metaphor in the Persian Gulf War », Metaphor and Symbolic Activity, 8/4, p. 281-295.

Patiño-Lakatos, Gabriela, 2012, « Dimension pragmatique de la métaphore. Discours politique, référence et monde », in Aubry, Laurence et Turpin, Béatrice, Victor Klemperer. Repenser le langage totalitaire, Paris, CNRS Editions.

Perelman, Chaïm et Olbrechts-Tyteca, Lucie, 1970, Traité de l’argumentation. La nouvelle rhétorique, Bruxelles, Editions de l’Université de Bruxelles (1e édition 1958, Paris, PUF, 2 volumes).

Perrez, Julien ; Reuchamps, Min et Thibodeau, Paul H., dir., 2012, Variation in Political Metaphor, Amsterdam, John Benjamins Publishing Compagny.

Perrez, Julien et Reuchamps, Min, 2012, « Métaphores conceptuelles dans les discours citoyens en Belgique », in Perrez, Julien et Reuchamps, Min, dir., Les relations communautaires en Belgique. Approches politiques et linguistiques, Paris / Louvain-la-Neuve, L’Harmattan / Academia, p. 133-158.

Perrez, Julien et Reuchamps, Min, dir., 2015, « The political impact of metaphors », Metaphor and the Social World, 5/2.

Pinere Pinero, Gracia, 2020, « Métaphore intertextuelle et deixis idéologique dans le discours politique. Répercussions sur la traduction », Des mots aux actes,
9, Traductologie et discours : approches théoriques et pragmatiques
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Plantin, Christian, dir., 1993, Lieux communs, topoï, stéréotypes, clichés, Paris, Kimé.

Plantin, Christian, 2016, « Métaphore, Analogie, Modèle », in Plantin, Christian, Dictionnaire de l’argumentation. Une introduction aux études d’argumentation, Lyon, ENS Editions, p. 385-390.

Read, Stephen J. ; Cesa, Ian L. ; Jones, David K. et Collins, Nancy L., 1990, « When Is the Federal Budget Like a Baby ? Metraphor in Political Rhetoric », Metaphor and Symbolic Activity, 5/3, p. 125-140.

Ricoeur, Paul, 1975, La métaphore vive, Paris, Seuil.

Rigotti, Francesca, 1990, « La théorie politique et ses métaphores »,  Revue belge de Philologie et d’Histoire, 68-3, p. 548-564.

Saad, Wisam, 2021, La métaphore dans le discours politique. Les articles de Lluis Bassets à titre d’exemple, Editions Notre savoir.

Searle, John, 1982, Sens et expression, trad. fr., Paris, Minuit (1e édition 1979, Expression and Meaning, Cambridge, Cambridge University Press).

Sperber, Dan et Wilson, Deirdre, 1989, La pertinence, trad. fr., Paris, Minuit (1e édition 1986, Relevance, Communication and Cognition, Oxford, Blackwell).

Spinhirny, Frédéric, 2003, La métaphore dans le commentaire politique, Paris, L’Harmattan.

Spinhirny, Frédéric, 2015, Éloge de la dépense. Le corps politique comme métaphore, Sens et Tonka.

Sacks, Sheldon, dir., 1978, On Metaphor, Chicago, The University of Chicago Press.

« Special Issue on Metaphor », 1978, Critical Inquiry, 5/1.

Comité scientifique

Cécile Alduy, Pr. de littérature et civilisation française à Stanford University

Ruth Amossy, Pr. émérite de culture française à l’Université de Tel-Aviv

Paul Bacot, Pr. émérite de science politique à Sciences Po Lyon

Marc Bonhomme, Pr. de linguistique française à l’Université de Berne

Yves Déloye, Pr. de science politique à Sciences Po Bordeaux

Dominique Desmarchelier, MCF honoraire de sciences du langage

Marianne Doury, Pr. de sciences du langage à l’Université Paris-Descartes

Chloé Gaboriaux, MCF HDR de science politique à Sciences Po Lyon

Anne-Marie Gingras, Pr. de sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal

Gaëtan Gorce, Secrétaire général de l’Institut François Mitterrand

Christian Plantin, Pr. émérite de sciences du langage à l’Université Lumière Lyon 2

Posted in Non classé

“Grande tension avant la nomination de mon prédécesseur. Sera-t-elle de droite ou bien de droite ? […] Personne ne veut le job. C’est un CDD de mission d’intérim.”

24 mai 202224 mai 2022 Dominique Desmarchelier

À quelques minutes de la nomination d’Élisabeth Borne au poste de Première ministre, le 16 mai 2022, Jean-Luc Mélenchon, avec l’humour qu’on lui connaît, poste ce tweet pour le moins surprenant.

La politique-fiction, ici d’anticipation sur le résultat des législatives, constitue une stratégie argumentative courante. Mais parler de “son prédécesseur” à un mois des élections, présuppose (sémantiquement) qu’il va lui succéder. C’est néanmoins prendre un risque certain, en cas d’échec.

L’enchaînement par un pronom anaphorique au féminin, surprend davantage. Pourquoi ne pas avoir utilisé “ma prédécesseure” ? Loin de taxer Jean-Luc Mélenchon d’opposant à la féminisation des noms de métiers, l’hypothèse est plutôt de laisser entendre que le choix d’une femme était déjà acquis. La suite vient renforcer sa “certitude” d’obtenir le poste à l’issue des législatives. Employant un registre plus oral, /le job/, le leader du NUPES conclut sur le caractère intérimaire du poste. Une manière discrète de rappeler qu’Élisabeth Borne fut Ministre du Travail dans le précédent gouvernement ?

Posted in Législatives 2022Tagged anaphore, présupposé

« Emmanuel Macron suffisant, Marine Le Pen insuffisante »

23 mai 202223 mai 2022 Hugues Constantin de Chanay
Le Billet politique : podcast et émission en replay | France Culture

Frédéric Says sur France Culture, le 21 avril 2022

En rapprochant les antonymes morphologiques suffisant et insuffisant, de sens bien différents en dépit de cette motivation indirecte, Frédéric Says fait une sorte d’antanaclase morphologique (deux sens distincts pour les deux occurrences de « suffisant ») qui lui permet d’envisager le débat à l’aune de deux grandes qualités d’éthos attendues de tout présidentiable. On reconnaît en creux, dans l’« insuffisance », un déni de phronèsis (compétence), première du trio par lequel Aristote décrit l’éthos oratoire (phronèsis, compétence ; arétè, vertu ; eunoia, bienveillance). Et, en creux toujours on reconnaît dans la « suffisance » un déni de modestie (qualité ajoutée au XVIIe siècle à ce trio par Bernard Lamy ; et avant cela, topos). Ces deux propriétés étaient d’autant plus sémiotiquement manifestes qu’elles font partie de longue date de leur éthos préalable et que l’éthos oratoire l’a semble-t-il renforcé.

Posted in Présidentielle 2022Tagged antanaclase morphologique, antonymes morphologiques, arétè, éthos, éthos oratoire, éthos préalable, eunoia, motivation indirecte, phronèsis, topos de modestie

« Je ne suis absolument pas climato-sceptique. En aucun cas. Mais vous, vous êtes un peu climato-hypocrite »

23 mai 202223 mai 2022 Hugues Constantin de Chanay
https://i0.wp.com/images.bfmtv.com/7O5-KWWUCeUOHx6GzLyd5eJAu_o=/0x40:768x472/640x0/images/Emmanuel-Macron-et-Marine-Le-Pen-sur-le-plateau-de-leur-debat-televise-a-Saint-Denis-le-20-avril-2022-1398320.jpg?w=960&ssl=1

Marine Le Pen le 20 avril 2022, lors du débat d’entre-deux-tours de l’élection présidentielle française

Répondant à Emmanuel Macron qui l’accuse d’être « climato-sceptique », Marine Le Pen d’abord le nie, puis lui retourne le néologisme « climato-hypocrite » qui a le double avantage d’être à la fois une rétorsion (retour à l’envoyeur) et une amplification (le reproche est aggravé), par laquelle s’ajoute à l’inconséquence une absence de franchise qui suggère tout un paradigme isotope (on y retrouve les sèmes [apparence] et [mensonge]), de la « bien-pensance » au « politiquement correct ».  Ainsi, laissant sa forme avouer sa source dialogique « climato-sceptique », et son sens en présupposer la pertinence pour son adversaire, « climato-hypocrite » est une réponse « en réplique ».

Posted in Présidentielle 2022Tagged amplification, dialogisme, néologisme, paradigme isotope, pertinence, rétorsion, sème, sens

« Nupes : le miroir aux girouettes »

20 mai 202220 mai 2022 Hugues Constantin de Chanay

En couverture de Franc-Tireur n°26, surmontés du titre « Nupes : le miroir aux girouettes », un triste Yannick Jadot, un Fabien Roussel dépité et ahuri, un aimable Olivier Faure qui n’y voit que du feu, petit paradigme unifié par l’isotopie /représentant d’un parti politique de gauche/, se retrouvent face à une sucette qui, de sa tête de Jean-Luc Mélenchon à elle incorporée par métaphore-valise, leur tire la langue et les nargue. On comprend immédiatement que ces girouettes, en une métaphore iconico-verbale in præsentia, ils les sont. Et qu’il n’est vraiment pas loin, le marché de dupes – dupes, ce paronyme si proche de « Nupes », qui commence lui aussi par une consonne apico-alvéolaire voisée… De forts indices de délittéralisation évincent en effet d’entrée de jeu les /girouettes qui pivotent pour indiquer la direction du vent/ : ces objets ne se chassent pas. En revanche les /personnes changeantes/, si – par une métaphore diagrammatique figée, les girouettes suivent par nature la direction du vent comme les personnes changeantes acceptent par nature les choix qui se présentent à eux. Or le miroir aux alouettes évoqué par dialogisme grâce à la substitution, à « alouettes », de « girouettes », isorythmique et homéotéleute, fait de « Nupes » un stratagème de chasse (métaphore de nouveau, elle aussi in præsentia) – les trois hommes se laissent capturer comme de nigaudes alouettes, en pire encore : ils sont attirés et moqués, pour toute consolation, par une friandise d’enfant.

Posted in Législatives 2022Tagged consonne apico-alvéolaire voisée, délittéralisation, dialogisme, homéotéleute, isorythmique, isotopie, métaphore diagrammatique, métaphore iconico-verbale, métaphore-valise, paradigme

“Nouvelle Union populaire écologique et sociale”

16 mai 202216 mai 2022 Dominique Desmarchelier
La NUPES à la conquête des législatives

NUPES : c’est sous cet acronyme que les candidats aborderont les élections législatives de juin 2022, avec pour ambition de favoriser la nomination de Jean-Luc Mélenchon au poste de premier ministre d’un gouvernement de coalition face au président Macron.

Mais au-delà des compromis et des négociations sur la répartition des 577 circonscriptions, c’est à l’adjectif “nouveau” que nous voulons nous attacher. Ce qualificatif, par son sémantisme propre, véhicule un présupposé (v. Ducrot, Kerbrat-Orecchioni) aisément identifiable : pour qu’il y ait nouveau, il doit y avoir eu un ancien, un ayant existé, ici, une “union populaire”. Quelques exemples : la Nouvelle Politique Economique (NEP) instaurée par Lénine en URSS dès 1921 est une politique qui introduit une libéralisation économique. Plus près de nous, en 1968, Dominique Grange compose et interprète les Nouveaux partisans (francs-tireurs de la guerre de classe…), hymne chanté par les maoïstes de la Gauche prolétarienne, en référence directe aux résistants de la Seconde Guerre mondiale.

Dans le cas présent, c’est sur les qualificatifs écologique et sociale que porte l’ajout “nouveau”. Ce qui est nouveau, et donc constitue le posé, c’est bien l’alliance avec les mouvements écologistes, le parti communiste et le parti socialiste, alliance qui n’avait pas été conclue avant la présidentielle.

Une question demeure toutefois : un parti, ou un mouvement politique, peut-il être écologique (comme le serait un risque ou une catastrophe), plutôt qu’écologiste ? Quand on évoque les militants verts, parfois pour les stigmatiser, le terme écolos renvoie le plus souvent à écologistes. De plus, si l’on observe le paradigme historique des qualificatifs de mouvements ou partis, on trouve : anarchiste, animaliste, anticapitaliste, autonomiste, colonialiste, communiste, indépendantiste, socialiste. Le choix de substituer le suffixe -ique, à -iste, semble ainsi réduire les positions de ces mouvements “verts” à une attitude générale, plutôt qu’à une doctrine. Encore faudrait-il savoir si ce choix a été proposé par l’Union populaire de Jean- Luc Mélenchon, ou par les militants écologistes eux-mêmes.

La remarque vaut également pour sociale, qui permet de ne pas réduire cette nouvelle union à l’adhésion des seuls militants socialistes. Cela pourrait également confirmer qu’il ne s’agit pas d’un mouvement, mais d’une simple alliance de circonstance, teintée d’écologie et de social.

Posted in Législatives 2022Tagged présupposé, suffixe

« Je ne suis pas fils d’archevêque »

4 mai 20224 mai 2022 Hugues Constantin de Chanay
AFP, 18 avril 2018

Ainsi Emmanuel Macron a-t-il au matin explicité sur France Culture, le 18 avril 2022, une propriété méliorative dont il veut qu’on crédite son éthos préalable : il est issu du peuple, il est un self-made-man à la française, il doit tout à la République (ce qui implique : en retour, je serais tout désigné pour être son meilleur serviteur, tant je lui suis reconnaissant). Dans sa rhétorique, « archevêque » est par synecdoque de l’espèce représentatif de tout genre de notable.

Mais il y a un hic. Il est déjà curieux de faire de l’archevêque le parangon de l’huile. Mais il y a pire, car l’actualité récente a gommé cette appartenance des archevêques au gratin social et fait place à un scandale où comme d’autres ils sont pris, celui des crimes pédophiles affectant l’ensemble du clergé. Dans un tel contexte on entend tout de suite une antithèse narquoise entre « archevêque » ([célibataire pour qui tout engendrement est non pertinent]) et « fils » ([engendré]) – il y a une sérieuse bataille entre le cotexte (le plaidoyer pro domo d’Emmanuel Macron) et le contexte, ce scandale qui teinte notre actualité sociale proche. Soit on peut voir là une volonté d’émanciper le discours des faits – le nécessaire du contingent ; soit on peut y voir une énième maladresse discursive.

Posted in Présidentielle 2022Tagged antithèse, contexte, cotexte, ethos préalable, mélioratif, parangon, plaidoyer pro domo, synecdoque de l'espèce

« Il ne faut pas donner une seule voix à Madame Le Pen ! Il ne faut pas donner une seule voix à Madame Le Pen ! Il ne faut pas donner une seule voix à Madame Le Pen !  »

26 avril 202226 avril 2022 Paul Bacot
Cette fois, Jean-Luc Mélenchon a donné des consignes de vote très claires: «Il ne faut pas donner une voix à Madame Le Pen». Photo Emmanuel DUNAND / AFP
Photo Emmanuel DUNAND / AFP

Jean-Luc Mélenchon, Paris, 10 avril 2022

Est-ce Jean-Luc Mélenchon qui parle lorsqu’il répète trois fois devant ses partisans au soir du premier tour de la présidentielle : « Il ne faut pas donner une seule voix à Madame Le Pen ! » ? Et est-ce le général de Gaulle qui parle lorsqu’il s’exclame, le 14 décembre 1965 à la télévision : « l’Europe ! l’Europe ! l’Europe ! » ? Ne s’agit-il pas plutôt dans les deux cas de la citation implicite sur le mode parodique d’un propos rapporté, présenté comme emblématique de l’adversaire ?

C’est évident pour le général, dont le recours à l’ironie tend à ridiculiser la préoccupation majeure de ses opposants, la construction européenne, par le triple effet de l’intonation, de la gestuelle et de la répétition : Jean Lecanuet est alors censé invoquer l’Europe en sautant sur sa chaise « comme un cabri ».

Le leader de la France insoumise, lui, dit répéter sa consigne en vue du second tour afin que ses adversaires ne puissent pas dire qu’ils n’ont pas entendu. C’est donc apparemment bien lui qui parle, mais la façon dont il procède – son recours à une gestuelle, une intonation et une répétition très proche de la pratique gaullienne – revient en fait à se moquer de ladite consigne, qui ne semble plus être la sienne mais celle que lui rappellent ses adversaires. On ne verbalise pas de cette manière sa propre pensée. Ce que l’on entend dans la bouche de Jean-Luc Mélenchon est censé être son mot d’ordre de refus du vote Le Pen, mais sonne en réalité comme un propos rapporté qu’il brocarde, celui disant le choix d’un vote dit « de barrage ». Il réduit par là-même la portée et, partant, l’efficacité de la consigne.

Posted in Présidentielle 2022Tagged citation implicite, discours rapporté, ironie, parodie

« Bon courage à ceux qui, face au retour des empires et aux défis des temps, défendent le grand rabougrissement »

25 avril 202226 avril 2022 Hugues Constantin de Chanay
"Fleurs Fanées" Jules Valadon Circa 1890
Jules Valadon, Fleurs fanées

Dans son premier et seul meeting de campagne d’avant le premier tour de scrutin de l’élection présidentielle française 2022, le 2 avril, Emmanuel Macron se singularise rhétoriquement en faisant un usage directement oppositif du dialogisme : son « grand rabougrissement » évoque immédiatement ce « grand remplacement » qui a eu les honneurs de beaucoup d’autres discours de campagne. Car l’expression est à ce point dans toutes les têtes que son schéma morphologique et syntagmatique (« le grand X-ment ») suffit à la convoquer, et il le fait ici d’autant plus que dans les deux expressions le phonème initial est le même ([r]). La convocation peut donc passer par une expression partiellement innovante, comme l’a déjà fait – mais en semblant s’affilier – Valérie Pécresse (« le grand déclassement »).

Emmanuel Macron, lui, atteste comme elle qu’il connaît très bien le bain discursif des discours de campagne, qu’il les suit de près, qu’il colle à l’actualité ; mais qu’il s’élève au-dessus d’eux. Du fait de la péjoration intrinsèque de rabougrir, dont « rabougrissement » est le déverbal, le dialogisme n’est pas affiliatif mais critique, ce par le biais d’une métaphore diagrammatique : la chétivité est à la croissance des plantes ce que les préoccupations principalement migratoires sont à la vaste réalité géopolitique – rappelée  par « le retour des empires » et « le défi des temps » – dont aura à s’occuper un gouvernement, c’est-à-dire un rétrécissement, un repli sur soi-même néfaste à la survie. À une telle « micro-préoccupation » oppose ainsi, implicitement, de seyantes et bien plus opportunes « macro-préoccupations ».

Posted in Présidentielle 2022Tagged déverbal, diagrammatique, dialogisme, morphologie, morphologique, péjoration, phonème, rhétorique, syntagmatique

“Nous tous”

6 avril 20226 avril 2022 Hugues Constantin de Chanay

Le nouveau slogan d’Emmanuel Macron dit « Nous tous / Emmanuel Macron avec vous », au lieu du « Avec vous », qui figurait sur ses affiches électorales.  Figurant sur les prospectus que doit recevoir chaque électeur chez lui, dans son espace privé, en tête à tête avec l’actuel président, il nous place, par ce même euphémisme récemment repéré dans le discours du même, en situation d’échange chaleureux et familier. La mise en scène, d’abord, confronte par son regard caméra à un « contact Y-Y » (les yeux dans les yeux). Ensuite, la bienveillance de ce dialogue intime y est signifiée par son inclinaison de tête (l’image nous transmettant les signes dits « posturo-mimo-gestuels »). Et enfin, le clitique personnel de 1re personne du pluriel « nous » suggère la très désirable, et pourtant impossible, co-énonciation de lui et de son électorat, c’est-à-dire qu’elle présuppose leur accord sans réserve.

La configuration plastique qui superpose les deux mots écrits fait ressortir leur quasi isographie : même nombre de lettres, dont trois en commun, dans le même ordre, à la même place – parenté qui produit le même effet que les paronomases (ils vont bien ensemble, car qui se ressemble s’assemble). Par contre on ne peut s’empêcher de voir dans ce slogan un indice de la « conciliation des contraires » revendiquée par le candidat et dans laquelle on peut déceler aussi bien un compromis qu’une contradiction. Emmanuel Macron a émaillé tous ses discours oraux de « chers tous et toutes » où « tous » signifie /pas vous, les femmes/, mais le voilà qui signifie dans le slogan /vous aussi, les femmes/. Cette « disruption » sûrement voulue suggère ceci : une analyse polylectale qualifierait l’écriture inclusive de lecte récessif et relierait l’orthographe traditionnelle à un lecte dominant (vu comme usurpateur par les féministes). Or le genre discursif du programme, par définition, s’appuie sur les valeurs les plus partagées, et même les sollicite et les conforte – en termes rhétoriques, il est épidictique. En pratique, ces « valeurs partagées » sont précisément ce que défend la politique attendue d’un chef d’État – que ceux qui auraient pu croire, s’il y en a, que LREM est révolutionnaire soient donc rassurés !

Posted in Présidentielle 2022Tagged clitique, co-énonciation, épidictique, euphémisme, genre discursif, indice, isographie, lecte, lecte dominant, lecte récessif, paronomase, plastique, polylectal, présupposé, regard caméra, signes posturo-mimo-gestuels

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