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Auteur/autrice : Chloé Gaboriaux

Enseignante-chercheuse à Sciences Po Lyon et au laboratoire Triangle. Voir ma page personnelle sur le site du laboratoire Triangle.

Le ou la COVID-19 ? Les réflexions d’Ange Bizet

9 juin 20209 juin 2020 Chloé Gaboriaux

Alors que tout le monde dit « le covid », l’Académie nous invite à préférer « la covid ». Ange Bizet revient pour nous sur cette prise de position à contre-courant.

Dans la rubrique “Dire, ne pas dire” de son site internet, au chapitre des “emplois fautifs”, l’Académie française a publié le 7 mai dernier le communiqué suivant, sous le titre “le covid 19 ou la covid 19” :

“Covid est l’acronyme de corona virus disease, et les sigles et acronymes ont le genre du nom qui constitue le noyau du syntagme dont ils sont une abréviation. On dit ainsi la S.N.C.F. (Société nationale des chemins de fer) parce que le noyau de ce groupe, société, est un nom féminin, mais le C.I.O. (Comité international olympique), parce que le noyau, comité, est un nom masculin. Quand ce syntagme est composé de mots étrangers, le même principe s’applique. On distingue ainsi le FBI, Federal Bureau of Investigation, « Bureau fédéral d’enquête », de la CIA, Central Intelligence Agency, « Agence centrale de renseignement », puisque dans un cas on traduit le mot noyau par un nom masculin, bureau, et dans l’autre, par un nom féminin, agence. Corona virus disease – notons que l’on aurait pu préférer au nom anglais disease le nom latin morbus, de même sens et plus universel – signifie « maladie provoquée par le corona virus (“virus en forme de couronne”) ». On devrait donc dire la covid 19, puisque le noyau est un équivalent du nom français féminin maladie. Pourquoi alors l’emploi si fréquent du masculin le covid 19 ? Parce que, avant que cet acronyme ne se répande, on a surtout parlé du corona virus, groupe qui doit son genre, en raison des principes exposés plus haut, au nom masculin virus. Ensuite, par métonymie, on a donné à la maladie le genre de l’agent pathogène qui la provoque. Il n’en reste pas moins que l’emploi du féminin serait préférable et qu’il n’est peut-être pas trop tard pour redonner à cet acronyme le genre qui devrait être le sien.”

Ce communiqué de l’Académie appelle plusieurs réflexions.

Le nom du virus :

Coronavirus est le nom couramment employé pour un virus à couronne. La désignation terminologique officielle est SARS-CoV-2. La forme orthotypographique (intervalles, majuscules, tirets…) constitue le terme normalisé. On trouve d’autres formes codées qui n’ont pas été officialisées. La partie désignant la maladie SARS, a été adaptée à la syntaxe française, en SRAS « syndrome respiratoire aigu sévère », mais le code de désignation du virus reste dans l’ordre syntaxique anglo-saxon, déterminant-déterminé. Ce virus a aussi, surtout au début, été couramment désigné de différentes manières comme virus de Wuhan ou virus chinois.

Dans le texte de la recommandation, « corona virus » est écrit en deux mots. Selon la syntaxe classique française, ce devrait être « virus corona ». Le déterminant se place devant le déterminé dans le mot composé, il convient donc d’écrire coronavirus. En l’écrivant en deux mots, l’Académie introduirait un anglicisme, or même en anglais on l’écrit en un seul mot, comme on le fait aussi dans les autres langues romanes.

Le nom de la maladie :

L’usage courant a d’abord été de désigner l’affection par le nom de l’agent selon le procédé métonymique habituel.
L’OMS (Organisation mondiale de la santé) a codifié l’appellation internationale COVID-19, acronyme sur l’anglais CO(rona)+VI(rus)+D(isease)-(20)19.Corona et virus sont issus du latin scientifique international ; disease est un mot anglais pour « maladie ». Comme le signale l’Académie, selon la tradition, on aurait eu le latin morbus. Dans l’acronyme lexicalisé, le d est démotivé en français. On comprendrait que l’Académie recommande covim avec le m de morbus pour conserver une composition classique. La forme bâtarde COVID ne fait que confirmer la substitution de l’anglais au latin comme langue scientifique de référence internationale. COVID est donc un anglicisme.

En fait COVID-19 est une de ces désignations techniques, un code alphanumérique à usage terminologique, taxonomique, une référence de classement technique ou commercial dont les composants, chiffres, lettres, ponctuations et autres signes graphiques, émaillés de sigles, acronymes, mots en général anglais. Qu’ils soient motivés, aléatoires ou arbitraires, dans l’usage courant ils sont largement démotivés.
Entre codes et noms déposés, ces désignations sont de plus en plus fréquentes dans la communication, par exemple pour des véhicules (C3 Aircross Rip Curl, R4L, B777-300ER, AMX30…), comme substituts onomastiques, désignations topographiques faisant office de toponyme (cote 304), ou odonymique (A6b, GR20), etc.

De tels codes posent un problème langagier, grammatical, orthographique, syntaxique… Pour l’emploi discursif de ce type d’appellations non linguistiques, le traitement grammatical minimal consiste à leur affecter un article, donc un genre et un nombre, sans qu’il soit possible à l’unité « lexicale » de porter les marques flexionnelles. Cela permet au moins une intégration syntaxique.

Pour s’exprimer couramment, on utilise un nom ordinaire. Alors, comment nommer en français les maladies causées par les coronavirus ?
Suivant les structures productives régulières du français, pour former un nom de maladie, on procède par suffixation en -ite, -pathie ou -ose, (hépatite, neuropathie, dermatose). Virose est attesté depuis 1952. Il suffit d’employer coronavirose déjà en usage pour les affections animales (et c’en est une). En contexte, point n’est besoin de plus de précision ; on se contente généralement de parler de grippe et de rhume, dont les souches virales sont multiples.

Le genre :

Covid-19 a d’abord été compris comme un autre nom du virus. L’usage a spontanément été le masculin. Huit semaines plus tard, l’Académie publie une remontrance en faveur du genre féminin (pour une fois qu’un nom de calamité était masculin !).

Que covid-19 soit féminin ou masculin n’a aucune importance puisque les deux genres conviennent aux noms de maladies (un rhume, une lombalgie, un lumbago). Le choix du genre de tels codes ne présente aucun enjeu pour la langue  française.

La justification avancée est : « Les sigles et acronymes ont le genre du nom qui constitue le noyau du syntagme dont ils sont une abréviation ». Dans les exemples choisis en anglais, Bureau et Agency, ont leur équivalent direct, puisque d’origine française (comme par essence la moitié la plus savante du lexique anglais), le genre ne fait donc pas de doute en français, mais cela ne tient pas compte du fait qu’en anglais ces mots n’ont pas de genre défini. De toute façon, quand un mot est emprunté, il ne conserve pas ses caractéristiques grammaticales. Il peut changer de genre, ou de nature. Même quand la forme en est conservée, nombreux sont les noms qui changent de genre en changeant de langue, la samba est masculin en brésilien, l’ancienne monnaie allemande le mark, est die Mark en allemand, etc.

L’Académie s’appuie donc sur l’hypothèse qu’il faudrait affecter l’acronyme du genre du mot français résultant de la traduction. Le résultat n’est pas évident, puisqu’on pourrait aussi bien traduire par un nom masculin, par exemple simplement mal qui depuis longtemps sert à désigner des affections (haut mal, mal de Pott…). On peut très bien traduire par « mal du coronavirus ».

Si on prend en considération l’étymologie, disease est une forme préfixée de ease, issu du français aise,nom féminin certes, mais le véritable équivalent avec préfixe péjoratif est malaise, qui, s’il a pu être féminin est maintenant bien masculin[1].

Il n’y a donc aucune détermination automatique du genre de l’emprunt.

L’ironie est qu’à la différence de l’anglais qui n’a pas de genre grammatical pour ces mots, en latin, morbus (justement revendiqué par l’Académie) est masculin.

La justification avancée pour contredire un emploi établi prend donc un caractère arbitraire.

Le ton de la conclusion de l’Académie est modéré, au conditionnel, « l’emploi du féminin serait préférable », « le genre qui devrait être le sien », mais sous la rubrique « Emplois fautifs ». Cela est donc reçu comme injonction impérieuse de l’Autorité linguistique. En l’occurrence, cette autorité est en contradiction avec son principe constamment énoncé, de soumission à l’usage.

Plutôt que de semer une insécurité linguistique supplémentaire, l’occasion était belle de proposer pour l’usage dans la langue courante un vrai mot de formation classique, au lieu de cautionner un anglicisme en forme de code chiffré.

Les désignations à usage scientifique universel ont leur utilité de référence taxonomique, mais l’Académie traite de la langue, et en français, on n’utilise pas « Felis silvestris catus (Linnaeus, 1758) » pour appeler un chat « un chat ».

L’Académie n’a pas encore publié l’article « virus » dans la neuvième édition de son dictionnaire en cours d’achèvement, il est peut-être temps encore de traiter le dérivé virose comme nom de maladie, et d’y inclure coronavirose.

Ange Bizet


[1] L’ancien français a connu de multiples variantes orthographiques (Cf. La Curne de Sainte-Palaye, Dictionnaire historique de l’ancien langage françoise), et désaisé (« Dictionarie » de Cotgrave). Malaissé a eu le sens de malade » (1398).

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L’analyse du discours en Afrique francophone

4 novembre 20194 novembre 2019 Chloé Gaboriaux

Les 7 et 8 juin 2020, l’Université Félix Houphouët-Boigny (Côte d’Ivoire) accueillera les journées d’étude et de lancement du Réseau Africain d’Analyse du Discours, organisées par nos collègues Djédjé Hilaire Bohui (UFHB, Côte d’Ivoire), Aimée-Danielle Lezou-Koffi (UFHB, Côte d’Ivoire), Fallou Mbow (UCAD, Sénégal) et Kalidou Sy (UGB, Sénégal). Pour télécharger l’appel à communications, c’est ici !

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Politique !

31 août 201931 août 2019 Chloé Gaboriaux

Notre dico s’enrichit d’une nouvelle entrée : “Politique”, par Michelle Lecolle.

A lire ici.

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« Nous avons besoin d’Europe »

19 mai 201920 mai 2019 Chloé Gaboriaux

En préférant « nous avons besoin d’Europe » à « nous avons besoin de l’Europe », les acteurs politiques de droite comme de gauche qui reprennent cette affirmation la font sonner comme un besoin d’amour ! Avec le déterminant « l’», elle aurait renvoyé à une entité bien réelle, qu’on connaît sous le nom d’Union européenne, avec son dispositif institutionnel complexe, ses avancées et ses impasses. Mais l’expression en fait l’économie, donnant à l’Europe une dimension virtuelle. Elle perd de sa dimension concrète pour ne garder que ses significations générales – devenant ici un idéal, une valeur ou, qui sait ?, un sentiment.

Le gain poétique est aussi politique. Les destinataires qui se reconnaissent dans le « nous » sont invités à la voir positivement – s’ils en ont besoin, n’est-ce pas qu’ils en manquent ? – sans que celui ou celle qui les y enjoint n’ait à justifier sa position. Libérée de son déterminant, l’Europe l’est aussi de ses déterminations et de son ancrage historiques, comme si elle était un bien universel auquel tous ont droit, quelles que soient ses réalisations particulières. Chacun peut donc se l’imaginer comme il l’entend, qu’importe le bord politique !

Mais de la même manière que notre besoin d’amour ne peut être satisfait que par l’amour d’êtres bien réels, notre besoin d’Europe ne mérite-t-il pas de se fixer sur un projet un peu mieux défini ?

Mise en ligne : mai 2019

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“Je n’ai pas l’Europe naïve”

10 mai 201920 mai 2019 Chloé Gaboriaux
(Emmanuel Macron, Le Grand débat, BFMTV, 4 avril 2017)
Attaquée de toutes parts lors du Grand Débat, l’Union européenne a trouvé son chevalier servant en la personne d’Emmanuel Macron. Après avoir assuré qu’il l’avait “au coeur”, l’animateur d’En Marche ! s’est pourtant défendu de tout optimisme excessif par une étrange construction attributive. L’expression “avoir + substantif + adjectif” n’est pas rare, mais elle est généralement employée avec des termes qui renvoient sans difficulté au sujet du verbe. On pourrait en effet affirmer sans grande originalité que le jeune aspirant à la présidence de la République “a le regard clair” ou “l’esprit ouvert”. Prétendre “ne pas avoir l’Europe naïve” est en revanche peu banal. Il y a là une forme d’appropriation, qui souligne la proximité du candidat avec l’Europe. L’effet est renforcé par une figure de style plutôt délaissée dans cette campagne, l’hypallage, qui assigne à l’Europe un défaut qu’on ne peut dénoncer que chez Emmanuel Macron. Ce dernier fait ainsi corps avec l’UE tout en en reconnaissant du bout des lèvres les insuffisances… ce qui ne suffira sans doute pas à en faire aux yeux de ses adversaires “une chance pour tous” !
Crédits photos : Thomas Trutschel
Mise en ligne : avril 2017
Posted in Européennes, Figurez-vous...Tagged hypallage

“L’Europe, on la change ou on la quitte”

10 mai 201920 mai 2019 Chloé Gaboriaux

(Jean-Luc Mélenchon, 24 juin 2016 – sur son blog – repris le 5 février 2017 dans un entretien au Parisien)

Jean-Luc Mélenchon transforme un slogan lancé dans les années 1980 par l’extrême droite, avant d’être repris par Nicolas Sarkozy : “la France, aimez-la ou quittez-la”. Se taire ou partir, c’était “à prendre ou à laisser” : l’ultimatum avait connu un grand succès. Les variations introduites par Jean-Luc Mélenchon au lendemain du Brexit sont importantes. Il ne se contente pas de substituer l’Europe à la France, mais modifie les destinataires de l’injonction, dans lesquels il s’inclut (“on”) tout en nuançant la première option : il ne s’agit pas de prendre l’Europe telle qu’elle est, mais de la “changer” ou, à défaut, de la quitter. L’alternative n’en reste pas moins catégorique : Jean-Luc Mélenchon confirme ici son intransigeance. Mais la substitution terme à terme suffira-t-elle à faire oublier les usages droitiers de la formule ? Mélenchon  ne risque-t-il pas de brouiller son message en le rapprochant du souverainisme frontiste ?

Mise en ligne : février 2017

Posted in Européennes, Figurez-vous...Tagged alternative, Jean-Luc Mélenchon

Ne travaillez jamais !

28 mai 2018 Chloé Gaboriaux

L’injonction, à laquelle l’adverbe « jamais » donne un caractère définitif, est empruntée au situationniste Guy Debord, qui, dès 1953, l’inscrit à la craie sur un mur de la rue de Seine. Elle est reprise en mai 1968 par les Enragés, qui, fidèles à l’héritage marxiste, défendent à leur tour l’abolition du travail sous la forme aliénante qu’il a prise dans la société capitaliste. À l’université où l’on débat déjà sur le rôle de l’enseignement supérieur – professionnalisation ou formation intellectuelle ? – le slogan s’enrichit de significations nouvelles : étudiants, restez jeunes, inventifs, libres ! L’ordre social ici contesté est à la fois social et générationnel : c’est celui de « la valeur travail », défendue par les bourgeois qui renvoient les révolutionnaires aux exagérations de la jeunesse. La paresse devient alors subversive, mais au même titre que les autres activités émancipées de la loi du marché, celles dont la valeur est incommensurable à la rencontre entre l’offre et la demande : la solidarité, l’art, la révolution !

Photo : Jo Schnapp. “L’Imagination au pouvoir” © Editions Allia, Paris, 2018

 

 

 

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La bourgeoisie n’a pas d’autre plaisir que de les dégrader tous

25 mai 2018 Chloé Gaboriaux

Cet aphorisme s’inscrit dans la longue lignée des slogans et graffitis qui condamnent la classe bourgeoise. Cette dernière n’y est pas caractérisée par sa position dans les rapports de production et de domination, mais par un trait plus culturel : son attitude à l’égard du plaisir. Ces quelques mots font donc moins référence au marxisme qu’à la figure stéréotypée du bourgeois, laquelle, dès le XIXe siècle, s’oppose dans les représentations sociales à la bohème, dont le monde estudiantin a toujours été proche. Contrairement à cette bohème souvent identifiée à une avant-garde, elle est marquée par la médiocrité de ses goûts, inaccessible à l’idéal, engluée dans un consumérisme satisfait et conformiste. Tous ses plaisirs ne peuvent donc être que « dégradés », « abîmés », et ce « d’une manière infâmante », c’est-à-dire déchus de la place qui leur est assignée par les révolutionnaires de mai. Pour ceux qui appellent au contraire à jouir sans entraves ni interdits, les loisirs bourgeois ne sont pas seulement méprisables : ils pourraient même nous « gâcher le plaisir » !

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Le discours est contre-révolutionnaire

21 mai 2018 Chloé Gaboriaux

Alors que fleurissent partout les injonctions subversives, ces quelques mots inscrits sur l’un des murs de l’Université de Nanterre jouent le paradoxe : on s’attend à ce qu’ils appellent comme les autres slogans à la révolution, et voilà qu’ils affirment leur caractère « contre-révolutionnaire » ! À y regarder de plus près, le discours a en effet de quoi freiner toute émancipation. Ne s’oppose-t-il pas aux actes, maintenant ainsi le Grand Soir à l’état de vaine rhétorique ? Ne fixe-t-il pas une idée directrice qui s’impose à son destinataire, lui volant par là-même ses capacités d’invention et d’innovation ? Pire encore, parce qu’il ne peut s’affranchir ni des règles de la langue, ni de l’écho des textes déjà prononcés, ni de ses propres conditions d’énonciation, l’inédit lui échappe immanquablement ! La langue elle-même est « fasciste », « car le fascisme, ce n’est pas d’empêcher de dire, c’est d’obliger à dire », nous dit Roland Barthes quelques années plus tard. Mais c’est pour affirmer quelques lignes plus loin qu’on peut toujours « tricher avec la langue » pour l’entendre « hors-pouvoir » : n’est-ce pas en effet le lot de toutes les révolutions que de libérer la parole ET l’action, en devenant parole en action et action portée par la parole ?

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La vieille taupe de l’histoire semble bel et bien ronger la Sorbonne. Télégramme de Marx, 13 mai 1968

18 mai 201818 mai 2018 Chloé Gaboriaux

Le 13 mai 1968, la Sorbonne qui avait été reprise aux étudiants mobilisés rouvre ses portes : elle est aussitôt réoccupée, lors d’une journée marquée par la convergence des luttes. Cette dernière inspire une inscription fondée sur une prosopopée à la fois humoristique et savante. Le défunt Karl Marx (1818-1883) se retrouve ainsi signataire d’un télégramme – sans doute écrit-il de Londres ! – qui voit dans la reprise de la Sorbonne la confirmation de ses propres thèses : l’histoire va dans le sens de la révolution, elle sape lentement les fondations de l’ordre ancien, incarné notamment par la vénérable université. L’image de la « vieille taupe », effectivement présente chez Marx (au moins à deux reprises, ici et là), qui l’emprunte lui-même à Hegel citant Shakespeare, donne un cachet d’authenticité au faux télégramme. Elle contribue aussi à la réactivation d’une métaphore qui, après avoir désigné le spectre du père d’Hamlet puis l’esprit de l’histoire hegelienne, en est venue à évoquer la préparation du Grand Soir. Daniel Bensaïd y trouva même de quoi nourrir une taupologie des résistances : non pas éloge de la myopie mais invitation à scruter les signes annonciateurs des bouleversements politiques.

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