
Ainsi Emmanuel Macron a-t-il au matin explicité sur France Culture, le 18 avril 2022, une propriété méliorative dont il veut qu’on crédite son éthos préalable : il est issu du peuple, il est un self-made-man à la française, il doit tout à la République (ce qui implique : en retour, je serais tout désigné pour être son meilleur serviteur, tant je lui suis reconnaissant). Dans sa rhétorique, « archevêque » est par synecdoque de l’espèce représentatif de tout genre de notable.
Mais il y a un hic. Il est déjà curieux de faire de l’archevêque le parangon de l’huile. Mais il y a pire, car l’actualité récente a gommé cette appartenance des archevêques au gratin social et fait place à un scandale où comme d’autres ils sont pris, celui des crimes pédophiles affectant l’ensemble du clergé. Dans un tel contexte on entend tout de suite une antithèse narquoise entre « archevêque » ([célibataire pour qui tout engendrement est non pertinent]) et « fils » ([engendré]) – il y a une sérieuse bataille entre le cotexte (le plaidoyer pro domo d’Emmanuel Macron) et le contexte, ce scandale qui teinte notre actualité sociale proche. Soit on peut voir là une volonté d’émanciper le discours des faits – le nécessaire du contingent ; soit on peut y voir une énième maladresse discursive.