
Frédéric Says sur France Culture, le 21 avril 2022
En rapprochant les antonymes morphologiques suffisant et insuffisant, de sens bien différents en dépit de cette motivation indirecte, Frédéric Says fait une sorte d’antanaclase morphologique (deux sens distincts pour les deux occurrences de « suffisant ») qui lui permet d’envisager le débat à l’aune de deux grandes qualités d’éthos attendues de tout présidentiable. On reconnaît en creux, dans l’« insuffisance », un déni de phronèsis (compétence), première du trio par lequel Aristote décrit l’éthos oratoire (phronèsis, compétence ; arétè, vertu ; eunoia, bienveillance). Et, en creux toujours on reconnaît dans la « suffisance » un déni de modestie (qualité ajoutée au XVIIe siècle à ce trio par Bernard Lamy ; et avant cela, topos). Ces deux propriétés étaient d’autant plus sémiotiquement manifestes qu’elles font partie de longue date de leur éthos préalable et que l’éthos oratoire l’a semble-t-il renforcé.