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Catégorie : Grand Huit !

Slogans de 1968 : en mai, la SELP vous propose une analyse par jour.

Tout le pouvoir aux conseils ouvriers (un enragé). Tout le pouvoir aux conseils enragés (un ouvrier).

Métro, boulot, dodo

31 mai 2018 Hugues Constantin de Chanay

Ce slogan encore vivace est tiré d’un poème de Couleurs d’usine (1951) adapté en mai 68 par Pierre Béarn :

Au déboulé garçon pointe ton numéro
Pour gagner ainsi le salaire
D’un morne jour utilitaire
Métro, boulot, bistro, mégots, dodo, zéro

Dans l’original comme dans le slogan, même les oreilles non expertes perçoivent l’affûtage rhétorique, parfaite illustration de la disponibilité pour tous des produits les plus raffinés des arts. Il est réservé aux spécialistes d’y reconnaître l’hypozeuxe (reprise de la même construction grammaticale, parfois elliptique), les homéotéleutes (mots de même terminaison) homorythmiques (ici tous ont deux syllabes), mais la jouissance, elle, n’est pas un privilège. La phrase a prestement rejoint le panthéon ternaire des formules percutantes, qu’elles soient comme ici bisyllabiques (mane, thecel, pharès ; veni, vidi, vici) ou non (liberté, égalité, fraternité ; see, sex and sun). Sur fond d’assimilation globale se détache par métonymie une histoire navrante, celle de la morne journée de tout un chacun, répétitive à l’instar de la structure du slogan, et ne comportant aucune activité susceptible de soustraire l’ensemble de la société à son abrutissement. Pour couronner le tout, le choix final du mot « dodo » emprunte à un vocabulaire ouvertement enfantin (dada, papa, pipi, popo, mimi, bébé…) : le peuple est bien tenu dans l’infantilisme.

Source de l’image : L’Histoire en citations

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Sois jeune et tais-toi

30 mai 201830 mai 2018 Hugues Constantin de Chanay

Ce slogan évoque par dialogisme l’expression « Sois belle et tais-toi » qui reprend le titre d’un film de Marc Allégret (1958). C’est l’histoire d’un beau corps féminin certes, mais aussi d’une belle âme aidante et véridique dont la police ne découvre les qualités que sur le tard.  À dix ans de distance, le personnage joué par Mylène Demongeot encourage  la jeunesse dans les mémoires françaises. Mais le slogan ne fait pas que recruter le titre, il le transforme en substituant « jeune » à « belle ». D’abord, on a encore moins de prise sur l’âge que sur la beauté : on ne peut pas choisir d’être jeune. Plus encore que dans le premier cas, on se rabat donc sur un sens dérivé, lui réalisable (contente-toi de ce que tu es). Mais surtout, l’image précise l’énoncé comme l’énonciateur. C’est De Gaulle dont l’ombre envahissante, coiffée d’un képi qui en fait l’allégorie de tout pouvoir adulte, armé, puissant, et dans le même temps occulte, cloue le bec du jeune homme emblématique : cheveux longs selon des critères militaires, mais acceptables pour d’autres normes, et juste assez hirsutes pour n’être pas « bien peignés ». Comme « sois belle et tais-toi », l’injonction, employée par antiphrase, dénonce ce qu’elle semble imposer : le sexisme dans le premier cas, le déni de reconnaissance politique de la jeunesse dans l’autre. L’existence de l’affiche fait bien plus qu’attester une possible désobéissance, elle la légitime : figurée par une main posée par derrière sur la bouche d’une victime à laquelle on identifie ses enfants sans rechigner, l’ombre du pouvoir, comme un quelconque malfrat, l’empêche de crier. On est content que cela échoue.

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Vous avez voté : vivotez

29 mai 201829 mai 2018 Hugues Constantin de Chanay

Si l’on s’en tient à l’arbitraire du signe, vivoter et voter ne se ressemblent pas plus que les vaches et les cravaches. Mais pour le cratylisme, les mots ressemblent aux choses qu’ils désignent : si les mots sont semblables, alors les choses le sont. La proximité des sonorités entre « voter » et « vivoter » noue entre eux une relation de cause à effet. Le slogan serait-il alors un simple sophisme ?

À mieux y regarder, le rapprochement n’est pas fortuit mais formule brièvement un thème majeur de la révolte, toutes tendances confondues : la mesquinerie des vies est le produit direct de l’acceptation des structures de pouvoir ou, comme l’avait déjà dit La Boétie, la servitude est volontaire (la ponctuation explicite ce rapport de cause à conséquence). C’est du sérieux. Mais le slogan, lui, n’est pas sérieux et sa forme le dit.  Qui peut se laisser piéger par la fausse figure dérivative, prendre la fin du verbe « voter » pour le suffixe diminutif « –oter » (crachoter, trembloter, etc.), et ne pas percevoir, sous l’invitation finale, une pointe de mépris ? Ce faisant, le slogan étudié  milite à la fois contre le conformisme officiel et pour l’esprit fantaisiste que lui-même représente.

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Ne travaillez jamais !

28 mai 2018 Chloé Gaboriaux

L’injonction, à laquelle l’adverbe « jamais » donne un caractère définitif, est empruntée au situationniste Guy Debord, qui, dès 1953, l’inscrit à la craie sur un mur de la rue de Seine. Elle est reprise en mai 1968 par les Enragés, qui, fidèles à l’héritage marxiste, défendent à leur tour l’abolition du travail sous la forme aliénante qu’il a prise dans la société capitaliste. À l’université où l’on débat déjà sur le rôle de l’enseignement supérieur – professionnalisation ou formation intellectuelle ? – le slogan s’enrichit de significations nouvelles : étudiants, restez jeunes, inventifs, libres ! L’ordre social ici contesté est à la fois social et générationnel : c’est celui de « la valeur travail », défendue par les bourgeois qui renvoient les révolutionnaires aux exagérations de la jeunesse. La paresse devient alors subversive, mais au même titre que les autres activités émancipées de la loi du marché, celles dont la valeur est incommensurable à la rencontre entre l’offre et la demande : la solidarité, l’art, la révolution !

Photo : Jo Schnapp. “L’Imagination au pouvoir” © Editions Allia, Paris, 2018

 

 

 

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Réformes chloroforme

27 mai 201827 mai 2018 Sarah Al-Matary

Pour garder les militants en alerte, rien de tel qu’un slogan cadencé : « Réformes chloroforme », avec sa rime riche et son rythme entraînant (réduit à 2, puis 3 syllabes lorsqu’il est scandé), en fait partie. Les deux noms apposés sont placés dans une relation d’équivalence ; l’illustration n’explicite pas seulement le lien logique (volatiles comme le chloroforme, les réformes endorment) ; elle dénonce le travail d’intoxication mené par le gouvernement via la propagande, mais aussi des mesures supposées favoriser une sortie de crise en douceur. Il n’en est pas question ici : un individu dont on n’aperçoit que le bras plaque contre le visage d’un autre un linge anesthésiant. Image frappante, qui suggère que ni la police, ni les révolutionnaires n’ont le monopole de la violence.  Au moins ces derniers prétendent-ils rester conscients…

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Exagérer, c’est commencer d’inventer

26 mai 2018 Hugues Constantin de Chanay

Ce slogan ne se contente pas de porter les revendications d’un seul parti ; il campe aussi la position de ceux qu’il conteste. En d’autres termes, l’énoncé est un condensé dialogique adapté à sa situation de profération. Ceux-là seraient prêts à dire que la jeunesse « exagère ».  Erreur ! leur dit cette jeunesse-ci :  notre perspective est différente. Ce que vous appelez « exagérer », nous l’appelons « commencer d’inventer ».

Si la substitution est déclarée possible, c’est parce qu’invention et exagération partageraient une chose essentielle : l’écart à la norme. Et elles se départageraient par la connotation dévalorisante (« exagérer ») ou valorisante (« inventer ») associée à cet écart : d’un côté les interdits qui étouffent tout projet dans l’œuf, de l’autre la fantaisie et son pouvoir créateur. Évidemment, l’assimilation pure et simple de l’une à l’autre est fallacieuse : on pourrait invoquer nombre d’exagérations qui n’inventent rien (les « crimes ») aussi bien que des inventions qui n’exagèrent pas (les « trouvailles »). Mais dans ce sophisme tient tout l’esprit de mai 68. Vu d’un côté, c’est la révolte. Vu de l’autre, c’est l’émancipation. Vous êtes forcément pour : le lexique est à tous. Ralliez-vous !

 

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La bourgeoisie n’a pas d’autre plaisir que de les dégrader tous

25 mai 2018 Chloé Gaboriaux

Cet aphorisme s’inscrit dans la longue lignée des slogans et graffitis qui condamnent la classe bourgeoise. Cette dernière n’y est pas caractérisée par sa position dans les rapports de production et de domination, mais par un trait plus culturel : son attitude à l’égard du plaisir. Ces quelques mots font donc moins référence au marxisme qu’à la figure stéréotypée du bourgeois, laquelle, dès le XIXe siècle, s’oppose dans les représentations sociales à la bohème, dont le monde estudiantin a toujours été proche. Contrairement à cette bohème souvent identifiée à une avant-garde, elle est marquée par la médiocrité de ses goûts, inaccessible à l’idéal, engluée dans un consumérisme satisfait et conformiste. Tous ses plaisirs ne peuvent donc être que « dégradés », « abîmés », et ce « d’une manière infâmante », c’est-à-dire déchus de la place qui leur est assignée par les révolutionnaires de mai. Pour ceux qui appellent au contraire à jouir sans entraves ni interdits, les loisirs bourgeois ne sont pas seulement méprisables : ils pourraient même nous « gâcher le plaisir » !

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Il y a, en France, 38 000 communes… nous en sommes à la seconde

24 mai 2018 Sarah Al-Matary

Alors qu’en Mai 68, beaucoup d’autres slogans prennent la forme d’une injonction, celui-ci est formulé comme une évidence. Le premier segment, descriptif, a la solennité quelque peu sentencieuse des énoncés qu’on apprend à l’école : de fait, l’Hexagone compte alors près de 40 000 circonscriptions administratives ou « communes ». Mais le coup de force tient à faire passer pour également admis le second segment, où le ton monte : ce dernier transforme implicitement un nom commun en nom propre, renvoyant non plus aux communes de France, mais à la Commune de Paris – la dernière des révolutions, restée à la fois un symbole des conquêtes populaires et de la répression qui y fit barrage. La singularité de la Commune n’empêche pas qu’on la mette ici au pluriel (ne connaît-elle pas d’ailleurs en 1870-71 des alter ego à Lyon, Marseille, Narbonne, Saint-Etienne, etc. ?) : la majuscule tombe peut-être dans le jeu de mots, mais pas la barricade, et les insurgés de Mai 68 – qui n’ont cessé de se référer à l’expérience anti-autoritaire de 1871 – peuvent se poser en nouveau communards. À la veille de son centenaire, la Commune n’est donc pas morte ; elle est ressuscitée. « Vive la Commune du 10 mai », lit-on sur les murs du Quartier latin, comme la promesse d’insurrections en chaîne. Jamais deux sans trois !

Image : dessin de Jean Effel

Source : site des Amies et Amis de la Commune de Paris (1871)

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Salaires légers, chars lourds

23 mai 201825 mai 2018 Hugues Constantin de Chanay

Plus célèbre que le slogan qu’elle illustre, cette affiche en est presque indissociable.

La parataxe (juxtaposition de deux propositions sans mot de liaison, par une simple virgule) est signalée à l’œil par les contours d’un char dont le canon est pointé vers la gauche (est-ce une allusion politique ?). L’image rompt aussi l’équilibre sémantique qui met en balance le mal-être social et l’autorité militaire en fixant, comme jadis Pascal, l’écrasante suprématie de la force.

Parce qu’elle établit une relation de type thème (l’incontestable réalité des salaires rognés) / prédicat (le soutien à l’investissement militaire), la parataxe suggère que l’armée se nourrit de la sujétion. L’avantage de l’implicite, c’est qu’il suggère bien d’autres choses. Des compléments syntaxiques auraient explicité l’ensemble : « alors que les salaires sont légers » (opposition), « grâce aux salaires légers » (condition de possibilité), « à salaires légers » (interdépendance), etc. Ici au contraire, la visée argumentative est donnée par les métaphores, la morphologie et l’image. Sans les métaphores de la pesanteur (qui renvoient, respectivement, à la pingrerie et à la puissance de feu), il n’y aurait pas cette antithèse lexicalisée entre « lourd » et « léger ». Or par définition, si la polysémie de « léger » est aussi bien défavorable que favorable (raisonnement léger, repas léger), celle de « lourd » est handicapée par  l’effort supposé dans le maniement de ce qui pèse et qui interdit la délicatesse (raisonnement lourd, repas lourd) ; et surtout, elle évoque immanquablement le « balourd » et le « lourdaud » qui d’ailleurs en dérivent : la force a des gros sabots. L’image fait le reste.

Image : affiche de l’Atelier de l’ex-Ecole des Beaux-Arts, mai 68 (source : Gallica)

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Il est douloureux de subir les chefs, il est encore plus bête de les choisir

22 mai 2018 Loïse Bilat

Ce slogan inscrit rue Saint Jacques et dans l’amphi de musique à Nanterre est construit sur une anaphore rhétorique (il est ADJECTIF de VERBE + COMPLÉMENT) en gradation (encore plus). Il présuppose d’accepter comme vraisemblable un monde ontologiquement séparé en « chefs » et « non-chefs ». Dans cette figure de répétition lexicale, le substantif chef fait office de pivot sémantique entre deux univers. Le contexte suggère en effet qu’on ne coupe pas à l’obéissance, et qu’on la subit douloureusement (le service militaire est obligatoire en 1968 dans la France du général de Gaulle). La seconde mention de chef désigne, elle, la servitude volontaire au patron ou au « chef de famille ». L’anaphore rhétorique en gradation fait de la soumission au travail salarié supposément libre un fléau encore plus insupportable que le service militaire.

Ce partage du trait sémantique de l’obéissance entre travailleurs et soldats a fait des émules jusqu’à la récente métaphore « Nous ne sommes pas de la chair à patron », apparue vraisemblablement lors de manifestations contre la loi travail devant l’Université d’été du MEDEF en 2017.

Les slogans de 68 ont une puissance d’interpellation réellement subversive. Situés à des endroits stratégiques comme le « Cours, connard, ton patron t’attend » de la station de métro Duroc, ils cherchent à dés-assujettir les allocutaires. Un jeune diplômé écossais nommé David a témoigné de l’effet perlocutoire immédiat de cette interpellation qui questionne des choix qui nous soumettent corps et âmes et font du slogan un art performatif.

Crédits : Centre iconographique genevois

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