
NUPES : c’est sous cet acronyme que les candidats aborderont les élections législatives de juin 2022, avec pour ambition de favoriser la nomination de Jean-Luc Mélenchon au poste de premier ministre d’un gouvernement de coalition face au président Macron.
Mais au-delà des compromis et des négociations sur la répartition des 577 circonscriptions, c’est à l’adjectif “nouveau” que nous voulons nous attacher. Ce qualificatif, par son sémantisme propre, véhicule un présupposé (v. Ducrot, Kerbrat-Orecchioni) aisément identifiable : pour qu’il y ait nouveau, il doit y avoir eu un ancien, un ayant existé, ici, une “union populaire”. Quelques exemples : la Nouvelle Politique Economique (NEP) instaurée par Lénine en URSS dès 1921 est une politique qui introduit une libéralisation économique. Plus près de nous, en 1968, Dominique Grange compose et interprète les Nouveaux partisans (francs-tireurs de la guerre de classe…), hymne chanté par les maoïstes de la Gauche prolétarienne, en référence directe aux résistants de la Seconde Guerre mondiale.
Dans le cas présent, c’est sur les qualificatifs écologique et sociale que porte l’ajout “nouveau”. Ce qui est nouveau, et donc constitue le posé, c’est bien l’alliance avec les mouvements écologistes, le parti communiste et le parti socialiste, alliance qui n’avait pas été conclue avant la présidentielle.
Une question demeure toutefois : un parti, ou un mouvement politique, peut-il être écologique (comme le serait un risque ou une catastrophe), plutôt qu’écologiste ? Quand on évoque les militants verts, parfois pour les stigmatiser, le terme écolos renvoie le plus souvent à écologistes. De plus, si l’on observe le paradigme historique des qualificatifs de mouvements ou partis, on trouve : anarchiste, animaliste, anticapitaliste, autonomiste, colonialiste, communiste, indépendantiste, socialiste. Le choix de substituer le suffixe -ique, à -iste, semble ainsi réduire les positions de ces mouvements “verts” à une attitude générale, plutôt qu’à une doctrine. Encore faudrait-il savoir si ce choix a été proposé par l’Union populaire de Jean- Luc Mélenchon, ou par les militants écologistes eux-mêmes.
La remarque vaut également pour sociale, qui permet de ne pas réduire cette nouvelle union à l’adhésion des seuls militants socialistes. Cela pourrait également confirmer qu’il ne s’agit pas d’un mouvement, mais d’une simple alliance de circonstance, teintée d’écologie et de social.