(Muriel Pénicaud, France inter, mercredi 7 juin)
Interrogée sur l’existence d’un “plan caché” de réforme du travail, Muriel Pénicaud affirme être totalement étrangère à la note de la Direction générale du Travail, qui fait état d’un projet beaucoup plus radical que celui qui est actuellement présenté aux syndicats. Elle a alors recours à une métaphore ancienne (« écume du jour », qu’on trouve aussi sous la forme “écume des jours”), qui lui permet de distinguer l’essentiel de l’accessoire. Qu’est-ce que l’écume en effet sinon un résidu dont on fait d’ordinaire peu de cas ? Qu’elle signale la vague ou qu’elle apparaisse à la surface du bouillon, elle renvoie certes à une forme d’agitation – de la mer ou du bouillonnement – mais est toujours destinée à disparaître. Y a-t-il ici, à la manière du nouveau président, un raffinement de langage qui implique préciosité du vocabulaire et quasi-citation littéraire (ici Boris Vian) ? C’est négliger le sens figuré d’écume, qui désigne selon le Trésor de la langue française un “ramassis d’individus vils et méprisables” – y compris sous la forme “écume des jours”, attestée dans la presse au XIXe siècle. La métaphore est ainsi plus méprisante qu’elle n’y paraît, car elle identifie à la lie de la société les journalistes qui ont sorti l’affaire comme les travailleurs que cette dernière mobilisera sans doute contre la politique économique du gouvernement. Ce n’était sans doute pas l’intention de la ministre… N’est pas poète qui veut !