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Étiquette : métaphore

« Macron saison 2. Il y pense en nous rasant »

28 mars 202228 mars 2022 Hugues Constantin de Chanay

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Macron saison 2 : il y pense en nous rasant. 18 mars 2022 – Liberation
Une de Libération, 18 mars 2022

Pour Libération le programme du candidat à la présidentielle française Emmanuel Macron tient en trois mots : audimat ; droite ; désenchantement.

C’est d’abord par une métaphore que Libération suggère une motivation commerciale en présentant comme une série de télévision soumise pour sa survie à l’approbation du public le second quinquennat auquel il postule : il serait plutôt un être de communication qu’un être d’action.

Ensuite, c’est par dialogisme qu’Emmanuel Macron est vu comme un être de droite : le titre de Libération évoque clairement (le mot est resté célèbre) Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, répondant le 20 novembre 2003 à Alain Duhamel lui demandant s’il lui arrivait en se rasant de pense à l’élection présidentielle : « Pas simplement quand je me rase ».

Enfin, grâce à ce dialogisme, il y a une triple syllepse (trois sens en discours) sur l’occurrence de se raser : le sens littéral (/couper au plus court les poils d’une surface du corps/) n’est qu’évoqué mais deux sens dérivés s’actualisent :

– l’un par métaphore (d’invention – la métaphore figée utilisant le verbe « tondre »), actualisé par pertinence en ces temps peu propices à la folie dépensière : le président mènera une politique d’austérité (comme on coupe les poils qui dépassent, il supprimera toute dépense inutile, voire récupèrera le plus qu’il peut de notre argent (notre « barbe ») ;

– l’autre par double litote (en un sens très vieilli, « raser quelqu’un » signifiait /guillotiner/, d’où cette autre litote : /importuner, ennuyer/) et actualisé par cohérence isotopique ­— Emmanuel Macron nous ennuiera, présentée à la presse en quatre heures la deuxième saison n’est pas prometteuse – l’audimat a rendu son verdict.

Posted in Présidentielle 2022Tagged actualisation, dialogisme, isotopie, litote, métaphore, métaphore d'invention, métaphore figée, occurrence, pertinence, sens en discours, sens littéral

« Il n’y a pas de fatalité, ni au grand déclassement, ni au grand remplacement »

11 mars 202212 mars 2022 Hugues Constantin de Chanay
La candidate LR se defend de reprendre a son compte la theorie du << grand remplacement >>.
Photographie : Julien de Rosa AFP

Valérie Pécresse en meeting le 13 février 2022

L’emprunt dialogique est patent : nom d’une thèse complotiste initialement tenue, en 2010, par Renaud Camus, d’où son sens spécifique /substitution programmée en Europe d’une population « étrangère » à une population « de souche »/, l’expression « grand remplacement » s’est surtout répandue dans certains courants de l’extrême droite, sans avoir d’ailleurs de  véritable droit de cité avant 2021 (où elle a été « labellisée Éric Zemmour ») : en la reprenant Valérie Pécresse, qu’elle le veuille ou non, rallie son discours à cette tendance politique. Mais en outre elle en accrédite la thèse : l’article défini (« au » est la contraction de « à le ») est porteur d’un présupposé d’existence – voilà donc ce « remplacement » reconnu par elle dans sa réalité.

On peut supposer que par la coordination le premier syntagme (« ni au grand déclassement »), calque de même morphologie que le second, homorythmique et homéotéleute, cherche à le minimiser en le dissolvant dans un tout et en le faisant bénéficier de son passe-droit et de son éventuelle vertu euphémisante (on ne peut qu’être d’accord avec la légitimation d’un manque général de pouvoir d’achat) : amalgame donc.

Qui a aussi un peu de mémoire – cette fois-ci « auto-dialogique » – rapproche ce « remplacement » d’un autre emprunt récent (5 janvier 2022) de la candidate voulant ressortir de sa cave le « Kärcher » que Nicolas Sarkozy, le 16 juin 2005, avait métaphoriquement promis d’utiliser dans les banlieues. Entre ces deux occurrences, la rhétorique permet de constater une gradation entre deux termes argumentativement co-orientés vers des options dites « de droite », et donc de repérer dans le discours une escalade droitière…

Posted in Présidentielle 2022Tagged amlagame, artice défini, auto-dialogisme, calque, contraction, coordination, dialogisme, euphémisme, gradation, homéotéleute, homorythmie, métaphore, morphologie, occurrence, présupposé d'existence, sens spécifique, syntagme

« Lettre aux Français »

7 mars 20227 mars 2022 Paul Bacot
https://i0.wp.com/www.leparisien.fr/resizer/mYYPQiPoj2H2rTcH79uBKKgygVE=/932x582/cloudfront-eu-central-1.images.arcpublishing.com/leparisien/IVNZHFKQBVBKTFWQGFJM3ZYL7U.jpg?w=960&ssl=1

(Emmanuel Macron, 3 mars 2022)

François Mitterrand déclare sa candidature à un second mandat présidentiel, le 22 mars 1988 sur Antenne 2, en répondant simplement « oui » à la question que lui pose Henri Sannier – « êtes-vous à nouveau candidat à la présidence de la République ? » –  puis il publie une Lettre à tous les Français, le 7 avril, pour exposer son bilan et énoncer son programme. Trente-quatre ans plus tard, Emmanuel Macron pratique le « tout en un » dans une Lettre aux Français. Entre temps, Nicolas Sarkozy diffuse de semblables Lettres en 2007 et 2012. Et qui se souvient de la Lettre aux Françaises et aux Français écrite par le candidat Pierre Marcilhacy, six mois avant l’élection présidentielle de 1965 ?

La connotation très personnelle du mot lettre, alors même que le message s’adresse à plusieurs dizaines de millions de personnes, est bien en ligne avec la fameuse définition de l’élection présidentielle, généralement attribuée au général de Gaulle : la rencontre d’un homme et d’un peuple. Mais le choix d’un tel intitulé suppose une sorte de métaphore, construite sur l’analogie entre deux types de textes écrits adressés, l’un à une personne ou à quelques destinataires bien identifiés, l’autre à un large collectif dont la majeure partie n’en sera jamais réellement destinataire. La figure de la synecdoque qui permet de passer du peuple à l’individu dans sa singularité, apparaît comme un moyen finalement assez classique pour tenter de réduire une distance entre gouvernants et gouvernés volontiers considérée comme s’accroissant dangereusement.

Posted in Présidentielle 2022Tagged métaphore, synecdoque

« Parrainer n’est pas soutenir »

28 février 202228 février 2022 Paul Bacot
Présidentielle 2022. Réforme des parrainages : Gérard Larcher met trois  propositions sur la table
Gérard Larcher, France Inter, 11 janvier 2022

La déclaration du président du Sénat a été reprise par de nombreux acteurs et commentateurs de la vie politique : parrainer, pour la quarantaine de milliers d’élus habilités à donner leur signature pour un candidat à la présidentielle, ne vaudrait pas approbation des idées et des propositions de celui-ci. Mais le droit est le droit, et la langue française est la langue française.

L’article 3 de la loi organique du 6 novembre 1962, modifiée à plusieurs reprises, qui organise la sélection des candidats à l’élection présidentielle, ne fait aucunement usage des mots parrainage, parrainer ou parrain. Elle stipule que « la liste des candidats est préalablement établie par le Conseil constitutionnel au vu des présentations qui lui sont adressées », et que ledit Conseil « doit s’assurer du consentement des personnes présentées » et rendre publics « le nom et la qualité des citoyens qui ont valablement présenté des candidats ».

Or, selon le Petit Robert, le verbe présenter, lorsqu’il est transitif, signifie soit « montrer » (on peut dire que l’on présente sa candidature à un poste), soit « faire connaître à quelqu’un », en présentant une personne à une autre, ou quelqu’un pour un emploi en le proposant (un parti présente un candidat à une élection). Présenter un candidat, c’est donc clairement le proposer à ses concitoyens.

Le recours à la métaphore du parrainage ne change rien à l’affaire : le parrainage est un « soutien » et parrainer c’est « soutenir », « présenter en tant que parrain ».

Posted in Présidentielle 2022Tagged métaphore

“C’est moi le plus haut !”

8 février 20228 février 2022 Hugues Constantin de Chanay
(dessin de Soulcié diffusé sur Facebook la première semaine de janvier)

On reconnaît dans ce quatuor, sorte de microsystème structural – les conditions nécessaires et suffisantes à l’identification y sont différentielles, ce qui autorise des prédications nouvelles –, Christiane Taubira, entre autres à son air toujours sévère, Yannick Jacot sans autre vraie caractéristique qu’un nez discrètement tubéreux, Jean-Luc Mélenchon à des lunettes laissant voir des yeux agrandis, peut-être même « illuminés » (métaphore et hypallage pour un trait de caractère dont il serait doté), Anne Hidalgo plutôt « neutre » (il est possible que le dessin la voie fade) et assurément mécontente de quelque chose. Mais ce dessin présente surtout, par une mise en scène polyphonique, l’entre-soi d’une gauche qui serait inattentive à tout ce qui n’est pas elle, deux points de vue antithétiques étant représentés : d’une part celui de la gauche, porté par le discours attribué à Jean-Luc Mélenchon qui se félicite via une métaphore diagrammatique courante (« c’est moi le plus haut » : la position occupée sur l’axe de la verticalité représente un classement sur l’axe des avantages et des handicaps) ; et d’autre part celui du dessinateur et du lecteur : les icônes abstraites (trait matérialisant les positions antérieurement occupées par les personnages) font de l’image l’illustration d’une métaphore linguistique, également diagrammatique, à vrai dire la même, que le lexique a figée : ils sont « en chute libre », et quelle que soit la position qu’ils occupent par rapport aux autres, ils arriveront toujours plus bas.

Posted in Présidentielle 2022Tagged antithèse, figement, hypallage, lexique, métaphore, métaphore diagrammatique, microsystème structural, polyphonie, prédications

« Réinventer l’interview Potemkine »

19 janvier 202219 janvier 2022 Hugues Constantin de Chanay

Par antonomase (utiliser un nom propre non pour renvoyer à un individu mais à la propriété dont il est l’exemple type), le nom du 1er ministre russe Grigori Potemkine évoque l’imposture, à travers une métonymie et une métaphore : son nom est resté attaché à la construction de façades de carton-pâte pour masquer aux yeux de l’impératrice Catherine II, en visite, le délabrement de la Crimée réelle et cachée ; et il est étendu à toute dissimulation analogue – on peut penser qu’il l’abusa facilement, voire avec son inconscient consentement : ils furent amants heureux. Le discours d’Emmanuel Macron serait donc un trompe-l’œil, le président mettant ses pas selon Olivier Faure dans ceux d’un premier inventeur, sans doute Nicolas Sarkozy évoqué (par dialogisme) quand E. Macron affirme : « J’ai appris, j’ai changé » – énoncé qui combine les confessions sarkoziennes de 2007 (“j’ai changé”) et de 2012 (“j’ai appris”).… Mais il n’est pas sûr, semble-t-il dire aussi (et Nicolas Sarkozy n’est pas un précédent encourageant), que le peuple français vive avec Emmanuel Macron une idylle aussi heureuse que l’éponyme avec sa protectrice, prête à le suivre sur le terrain de la séduction…

Posted in Figurez-vous...Tagged antonomase, dialogisme, éponyme, métaphore, métonymie

“Horizons”

13 octobre 202113 octobre 2021 Paul Bacot
Photographie : Ouest-France, 10 octobre 2021

Le nom de l’organisation politique dont la création a été annoncée par Edouard Philippe samedi 9 octobre au Havre se conforme à la tendance contemporaine en la matière. À la forme longtemps dominante /nom de collectif/+/caractérisation de celui-ci/, dont les exemples sont Parti socialiste, Rassemblement national ou Mouvement des démocrates, on voit se substituer celle qui ne comporte que le second élément, nom et/ou adjectif éventuellement précédé d’un article ou ponctué d’un point d’exclamation (Les Républicains, La France insoumise, Libres !). Mais contrairement à d’autres cas, il ne s’agit pas ici d’écarter l’appellation parti, réputée honnie, ou ce qui peut apparaître comme un équivalent, puisque l’adresse du site dédié est horizonsleparti.fr, et que celui-ci appelle à soutenir « le parti Horizons », à se rassembler « au sein d’un parti politique », de « construire un parti », et à « rejoindre le parti Horizons ». La motivation est d’un autre ordre : se conformer aux normes actuelles du marketing.

Pour ce qui est du mot unique constitutif du nom du parti, horizon, on notera là encore une adaptation à la tendance contemporaine, selon laquelle plutôt que de spécifier le camp dont le parti se veut le porte-parole (communiste, radical, socialiste, républicain, patriote, national, insoumis, démocrate), le mot retenu par certaines dénominations récentes est porteur d’une signification floue (génération, agir, marche). En quoi le nom Horizons peut-il nous renseigner sur ce qui distingue de leurs adversaires les personnes que l’on veut rassembler sous cette bannière ? On repense au titre du livre-programme de Gaston Defferre, candidat à la candidature présidentielle en 1965, Le nouvel horizon (Gallimard), lequel suggérait au moins l’idée d’un changement, ce qui n’est pas le cas avec le nom du parti philippiste, même si son site nous parle d’imaginer « un nouvel horizon pour la France ».

La métaphore nous renvoie à cette ligne qui recule au fur et à mesure qu’on avance : difficile à décrypter, si ce n’est que l’idée d’avancer peut être rapprochée de celle de la marche et de la revendication « progressiste » de l’actuelle majorité présidentielle. Mais l’horizon se définit d’abord comme une limite, celle de notre vue sur une planète sphérique (le mot vient du grec horizein, qui signifie « borner ») – ce qui pourrait évoquer une autolimitation des ambitions du nouveau venu : hypothèse improbable, sauf à se fixer comme objectif le dépassement de l’horizon, comme John F. Kennedy voulait le faire de sa « nouvelle frontière ». La mise au pluriel ne clarifie pas le propos : peut-on avancer dans tous les sens, avec des limites de toutes parts ? Alors, peut-être faut-il penser à une autre façon de définir l’horizon : la rencontre du ciel et de la mer. L’omniprésence du bleu sur le site irait dans ce sens – en même temps qu’elle reprend la couleur emblématique de la droite française… qui est aussi la préférée des Français (et d’autres dans le monde). Avec possiblement une chambre bleu horizon en vue pour juin 2022, et la conjuration du danger d’un retour des « Gilets jaunes ».

Edouard Philippe nous suggère une autre clé d’interprétation du nom qu’il a choisi. Il s’agirait de « voir loin pour faire bien », « pour que notre pays puisse regarder loin ». Son parti serait alors celui de l’anticipation, de la priorité du long terme sur le court terme. D’où sans doute celle donnée au remboursement de la dette ou au recul de l’âge de la retraite…

On est en fait en présence d’un nom-slogan au contenu flou, destiné d’abord à séduire les électeurs sans référence précise. Comme le nom d’un parti est à la fois celui d’une entreprise et celui du produit qu’elle offre, il est clair qu’aujourd’hui, la marque l’emporte sur la raison sociale. Car il s’agit bien de proposer « une nouvelle offre politique », sans que l’étiquette dise grand-chose du contenu.

Posted in Figurez-vous...Tagged dénomination, métaphore, slogan

« Un bouclier tarifaire »

4 octobre 20214 octobre 2021 Hugues Constantin de Chanay
Jean Castex le 30 septembre 2021 sur Tf1

Pour éviter de mécontenter les Français face à la hausse des prix de l’énergie, Jean Castex dégaine le 30 septembre 2021 une mesure qui se présente comme une trouvaille, d’économie certes, mais avant tout de communication (quoiqu’aux ficelles peut-être un peu grosses) : le « bouclier tarifaire ».

Dialogiquement, celui-ci évoque le « bouclier fiscal » de Nicolas Sarkozy (même structure : « bouclier » + adjectif de relation, le tout dans le domaine économico-fiscal), ce qui d’une part l’inscrit dans le paradigme des mesures économiques vraisemblables, ayant des précédents, sérieuses, et d’autre part lui permet de s’en démarquer : celui-là était destiné aux riches, celui-ci l’est à tous.

Reprise, la métaphore du bouclier est valorisante : c’est une arme qui protège et que l’on fournit à ce qui est précieux (outre les guerriers : bouclier d’Orion ; pour la Terre, bouclier anti-astéroïdes ; et pour les Français, bouclier tarifaire ; etc.).

Mais, comme esquive dénominative, elle est aussi un euphémisme, dans la mesure où elle détourne l’attention de faits potentiellement désavantageux (en l’occurrence le fait qu’en France, bien qu’elle soit « de première nécessité », l’énergie ait une TVA à 20 % prélevée également sur les taxes) : le beau bouclier est peut-être avant tout destiné à faire oublier au guerrier qu’on l’envoie au front.

Posted in Figurez-vous...Tagged adjectif de relation, communication, dénomination, dialogisme, euphémisme, métaphore, paradigme

« J’ai déjà lu qu’Emmanuel Macron incarnait l’extrême centre, autrement dit un centre radicalisé »

28 septembre 202128 septembre 2021 Hugues Constantin de Chanay

 Guillaume Erner, « L’humeur du matin », France Culture, 21 septembre 2021

La représentation en France d’une diversité politique s’étendant de la « droite » à la « gauche » avec des corrélats doctrinaux latéralisés résulte au départ d’une métonymie : après la révolution de 1789, dans la première assemblée, le regroupement à droite ou à gauche de l’amphithéâtre révélant la position prise sur la question du veto royal. Très vite cette mise en espace est devenue une métaphore diagrammatique ouvrant la possibilité de préciser une position politique sur plusieurs axes graduels solidaires : rôle plus ou moins important dévolu à l’État, marge plus ou moins grande offerte à la liberté individuelle, attention plus ou moins grande portée aux questions sociales. Spatialement parlant, les extrêmes sont sur les bords, non au centre : « extrême centre » est géométriquement un oxymore.

Au sens métaphorique, où le centre est le point d’équilibre entre deux « positions », « centre radicalisé » est aussi un oxymore, « radicalisé » s’étant émancipé du sens politique traditionnel de « radical » et signifiant désormais au premier chef « sans compromis », même pour trouver un équilibre. Que veulent dire ces figures ? Qu’Emmanuel Macron est peut-être devenu bien seul : naguère roi du « en même temps », le centre fédérant les bords, serait-il devenu, face aux extrêmes qui le récusent, un centre isolé qui doit être tenace, s’agripper, tenir mordicus à son identité envers et contre tous ? Et – par un dialogisme permettant d’exprimer en quelques mots une transformation de politique tactique – le « et… et… » cèderait-il la place à un classique « ni… ni… » ?

Posted in Figurez-vous...Tagged dialogisme, métaphore, métaphore diagrammatique, métonymie, oxymore, tactique

« Direction de l’IHU : cool Raoul ou coule Raoult ? »

27 septembre 202127 septembre 2021 Hugues Constantin de Chanay

Libération, vendredi 17 septembre 2021 p. 16

Didier Raoult devra quitter la direction de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille à l’été 2022. Comment le prend-il ? Telle est la question posée par Libération – on peut se le demander en effet, car si rien n’indique qu’il ait été « limogé », il est du moins sûr qu’il n’a pas l’initiative de la décision.

L’alternative est simple : soit cela ne l’atteint pas du tout soit c’est sa perte – deux extrêmes antithétiques, ainsi que le marque la disjonction (« ou »).

Le premier membre est exprimé par une interjection lexicalisée qui se conclut par un prénom assonant au début du syntagme (les deux sont homéotéleutes). Conformément à l’effet habituel des paronomases (qui se ressemble s’assemble), le prénom « Raoul » paraît une sorte d’aptonyme prédisposant à la décontraction : celui qui le porte serait par nature « cool ». Alors, en irait-il de même du patronyme « Raoult » ? Cela correspondrait assez bien à son « profil médiatique » : grande stature, cheveux longs, bagues, absence coutumière de costume (comme il est simple !). Même si l’homophonie entre « Raoul » et « Raoult » n’est pas parfaite, le rapprochement jouit d’une tolérance parce que la prononciation de « Raoult » est fluctuante et la production du t assez souvent « timide » – il y a entre les deux, à l’oral, une quasi-antanaclase. Mais l’écrit permet une dissociation soigneuse entre le « Raoul » qui s’en sort bien et le Raoult qui en pâtit : alourdi de ses deux lettres supplémentaires, il « coule » – ce qui cumule une métaphore de base (typiquement, ce qui est en bas suit une mauvaise pente, le perdant est à terre, ce qui est détruit est mis à bas, etc.) et une métaphore ludico-navale (ce qui coule flottait avec d’être touché) : peut-être Libération suggère-t-il que l’état heureux, qui aurait permis à Didier Raoult de flotter et d’être « cool », est manqué de très peu : de deux consonnes.

Posted in Figurez-vous...Tagged antanaclase, antithèse, aptonyme, assonance, disjonction, homéotéleute, interjection, métaphore, paronomase, patronyme

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