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Étiquette : métaphore

Sous la plage, les pavés

9 décembre 20209 février 2021 Hugues Constantin de Chanay

(Willem, Libération, 28 novembre 2020)

Le 28 novembre, Willem campe en première page de Libération une antithèse multidimensionnelle. Assis jambes croisées sur une grosse matraque brandie, comme le plus accueillant des hôtes, Macron tout petit minimise le déploiement de la violence, démesurée, en grande partie hors cadre. Son état de disponibilité contraste avec une action imminente, croquée sur le vif : la matraque, résolument empoignée, est en effet sur le point de s’abattre. Aimable est le visage de Macron ; menaçante est la matraque, métonymie d’une politique brutalement répressive. Par une métaphore chromatique habituelle, Macron, immaculé, semble incarner le bien ; mais ce bien n’est que de façade, le premier plan dévoilant une noire violence à l’arrière-plan. Macron regarde à droite, le bras armé affronte les migrants à sa gauche ; cette métonymie aussi vieille que la république pourrait signifier que Macron couvre sans le dire une politique de droite, voire d’extrême droite…

Par l’organisation de l’image, cette antithèse décline le « en même temps » sur le double mode de la duplicité (il ne vous arrivera pas ce que je vous cache/ce qui est derrière moi) et de la dénégation (je ne vois pas la réalité). Gant de velours devant, main de fer derrière, le gant ignorant ou dédaignant ce que fait la main, Macron renverse les valeurs hédonistes d’un courant auquel tout porte à croire qu’il s’oppose : sous la plage, les pavés.

Posted in Figurez-vous...Tagged analyse d'image, antithèse, métaphore, métonymie

Le Macron intérieur

16 octobre 20209 février 2021 Hugues Constantin de Chanay

(Libération, 12 octobre 2020)

Voici, révélé par Willem, le Macron intérieur.

Plus profond que la photographie, le dessin donne accès à l’invisible, au caché, au deviné : l’intérieur de la boîte crânienne du Président. L’homme, à la tête démesurément grosse, court scalpé ; et dans son cerveau est planté un volant derrière lequel est assis un Sarkozy lilliputien. Métaphore parfaite : Willem montre ce que l’on devrait voir – Sarkozy pilote Macron, le conduit, le dirige. C’est lui qui préside finalement aux destinées de la France.

Ce dessin dévoile également le mécanisme de toute interprétation tropique, et accompagne ce pilotage d’indices de décontextualisation. Le lecteur doit faire un saut interprétatif vers le sens figuré. Comment une telle réalité pourrait-elle être l’objet du dessin ? On ne peut se fourvoyer et croire à ce que l’on voit…

Le dessin illustre aussi une métaphore de base qui voit dans nos comportements raisonnés des trajets, ayant un but, une machinerie de déplacement : on peut être manœuvré, manipulé, orienté, retourné, etc. Et l’on en vient à un topos : ce qui agit est à la source. Donc Macron, c’est Sarkozy. La contagion métaphorique opère instantanément : Macron, libéral, manipulateur, bling-bling, est à droite.

Et rageur. Car le dessin apporte à la métaphore l’intensité des propriétés. Tel est son effet rhétorique : autant le micro-Sarkozy est immobile et placide, autant le « grand » Macron, bouillonnant, disloqué, ses bras jetés de côté pour rééquilibrer un corps lancé dans un mouvement extrême, cravate volant tant il marche d’un pas décidé, file ardemment ; son large sourire est carnassier ; ses sourcils, en accent circonflexe, sont « sarkoziens » et méphistophéliques ; ses yeux écartent toute considération latérale et regardent droit devant. Il est plus jeune que son mentor, plus rapide, plus agressif. Sarkozy a vraiment trouvé en Macron le véhicule idéal.

Posted in Figurez-vous...Tagged analyse d'image, effet rhétorique, indices de décontextualisation, métaphore, saut interprétatif, topos

« Bientôt la tempête »

23 septembre 202015 décembre 2020 Hugues Constantin de Chanay

Willem, Libération, vendredi 18 octobre, p. 19

Voici, grâce à Willem, dévoilés les partis pris souvent sous-jacents à la reconnaissance des figures rhétoriques. Le 18 septembre il dessine, dira-t-on sans juger, une antithèse entre les discours effrayants (discours d’Édouard Philippe, solide et seul au sol, « bientôt la tempête ») et les discours rassurants (discours de tous les autres, ballottés dans les airs, Emmanuel Macron en tête accompagné de ses soutiens non identifiés, « ne sème pas la panique », « alarmiste », « c’est très exagéré »). Numériquement supérieurs, ceux-là sont les discours dominants. Imaginons qu’ils disent la vérité : point de rhétorique chez eux, par contre Philippe commet une hyperbole fallacieuse. Mais si l’écart joue dans l’autre sens, si le nom de « tempête », jugé conforme à une réalité, paraît orthonymique, alors les discours dominants sont non seulement, sous des dehors divers, des euphémismes mais des dénis : ils ne présentent pas seulement le verdict sous de nobles dehors, ils l’inversent.

Peut-on trancher ? Dans le dessin oui.

La tempête (celle de l’épidémie : métaphore actuellement transparente) n’y est pas seulement dite par l’un, elle y est surtout montrée par le dessinateur. L’iconicité lui affecte ainsi un coefficient de réalité mais n’en affecte aucun à la sérénité. Cela veut-il dire, si l’on file la métaphore, que Macron et tous ceux qui tiennent le même genre de discours seront balayés par le vent ?

Posted in Figurez-vous...Tagged analyse d'image, antithèse, déni, euphémisme, hyperbole, iconicité, métaphore, métaphore filée, orthonymie

« La phase Dalida »

3 septembre 20203 septembre 2020 Hugues Constantin de Chanay

Précisant le 12 mars sur les chaînes nationales de télévision la position officielle vis-à-vis la pandémie due au Covid-19, Emmanuel Macron a dans le même temps fait, du moins dans son discours, une quasi volte-face idéologique en affirmant la nécessité de soustraire les biens et services publics aux lois du marché. Ces déclarations sont-elles à prendre pour argent comptant ? Eh non, pour la plupart des commentateurs. Dès le surlendemain, Laurent Joffrin écrit dans Libération, en clin d’œil au tube italien Parole parole (1972) repris l’année suivante par Alain Delon et Dalida : « Pour l’instant, nous en sommes à la phase Dalida : paroles, paroles… ». Formulation courante de la traditionnelle opposition entre le dire et le faire, le refrain est ici intégré à une création discursive assez spectaculaire (et cela convient très bien parce qu’il y a ici une pointe de sarcasme) : elle greffe une antonomase sur un substantif épithète : le nom propre – lui-même un concentré rhétorique :  homorythmie, allitération et épanadiplose (il finit comme il commence) – vaut ici pour les propriétés attribuées à la vedette qu’il désigne. Voilà donc E. Macron réduit, car il y a une contamination métaphorique sous-jacente, à une chanteuse de variétés décédée il y a 33 ans, référence culturelle grand public et rien moins que contemporaine. Et voilà enfin, par le présupposé d’existence porté par la détermination définie, le comportement présidentiel considéré comme une manière de réagir tout à fait ordinaire, quasi machinale, ce qui revient à lui dénier quoi que ce soit d’innovant, et surtout ramené à un pur show – discrédité par un « esprit paillettes ». C’est d’ailleurs ce qui est dit par ce dialogisme (propos initialement adressés par Dalida à son destinataire, mais projetés sur Emmanuel Macron par groupement métonymique) : « paroles, paroles… ». Bref, après avoir lu Laurent Joffrin, le désamour l’emporte : chansons que tout cela !

Crédits photo : H. Studte sur le site Cafébabel

Posted in Figurez-vous...Tagged allitération, anadiplose, antonomase, dialogisme, homorythmie, métaphore, métonymie

« Pour un nouvel Epinay de la gauche »

7 mars 20207 mars 2020 Paul Bacot

Tribune, Le Monde, 4 mars 2020

Dénommer le congrès d’un parti politique par le nom de la ville dans lequel il s’est tenu relève bien sûr de la métonymie. Ainsi en va-t-il de la relation entre l’accession de François Mitterrand à la tête du PS et la ville d’Epinay-sur-Seine, dont le nom est raccourci pour les besoins de l’opération : Epinay n’est alors plus le nom d’une localité, mais celle d’une réunion restée historique, celle qui a vu la dernière étape de la transformation du Parti socialiste, Section française de l’Internationale ouvrière (SFIO), en Parti socialiste – tout court, dénomination souvent ramenée à sa siglaison PS. Le Parti d’Epinay était né, en cette fin de printemps 1971. En quelques mois, la fort délabrée Vieille maison (périphrase métaphorique référant au discours de Léon Blum au congrès de Tours) était transformée en un puissant outil de conquête du pouvoir, portant son leader à l’Elysée dix ans plus tard, après avoir conduit tant de ses militants dans de nombreuses assemblées régionales, départementales et municipales.

Le côté quasiment miraculeux du processus justifie le passage de la métonymie à l’antonomase. On va dorénavant parler d’un Epinay pour dénommer un congrès susceptible de transformer, sinon le plomb en or, du moins l’émiettement en rassemblement et les défaites lancinantes en victoires éclatantes ! Rien de surprenant dès lors à ce que fleurissent, aux lendemains de la double scission macronienne et hamoniste, des déclarations demandant un nouvel Epinay ou suggérant de refaire Epinay. Dernier appel en date, particulièrement remarquable par la qualité de ses signataires, tous mitterrandistes de la première heure et anciens dignitaires des deux septennats de l’auteur du Coup d’Etat permanent, celui publié par Le Monde du 4 mars 2020 et intitulé : « Pour un nouvel Epinay de la gauche ! »[1]. Le titre est reformulé plus explicitement dans le corps du texte : « un nouvel Epinay, de toute la gauche cette fois ». L’antonomase ainsi précisée s’en trouve appauvrie.

            En effet, on peut se demander si ce rassemblement des « Verts, Insoumis, Communistes, Socialistes, Radicaux, etc. »  ne fait pas plus penser au congrès de 1905 dit, là encore par métonymie, du Globe parce qu’il s’était tenu dans la salle portant ce nom, à Paris. Le congrès d’Epinay ne créait pas à proprement parler un nouveau parti : il s’agissait toujours du Parti socialiste, qui gardait son siège central, ses locaux départementaux et communaux ou cantonaux, ses permanents. Juridiquement, il n’y eut aucune solution de continuité (toujours pour parler à la manière de Léon Blum) : le Parti socialiste (PS) continuait purement et simplement le Parti socialiste (SFIO) – lequel avait d’ailleurs abandonné ce sous-nom depuis déjà deux ans. 

La comparaison, constitutive de l’antonomase, semble bien plus pertinente entre ce à quoi appelle le texte récemment publié et le congrès du Globe, qu’entre ledit souhait et le congrès d’Epinay. Il s’agit bien de fusionner des organisations existantes en un parti nouveau, et non de transformer un parti existant. Mais il est vrai que tant le Globe qu’Epinay ont été appelés congrès de l’unité. Peut-être un troisième congrès – le troisième congrès majeur de l’histoire socialiste française – pourrait être aussi convoqué : celui de Tours, qui connut la grande scission et la création du Parti communiste. Le projet de rassembler à nouveau communistes et socialistes reviendrait en effet à « refaire un congrès de Tours à l’envers », comme l’écrivait Julien Dray[2] – pour écarter cette hypothèse.

Mais en tout état de cause, la référence au congrès d’Epinay est aujourd’hui beaucoup plus parlante que celle au congrès du Globe, et celle au congrès de Tours commence à s’obscurcir – cent ans déjà ! Or, pour fonctionner, l’antonomase doit parler…


[1] https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/03/pour-un-nouvel-epinay-de-la-gauche_6031610_3232.html  

[2] Dray (Julien), Ce qu’il faut changer au Parti socialiste, Grasset, 2003.

Posted in Figurez-vous...Tagged antonomase, métaphore, métonymie, périphrase

Deux plafonds de verre et une vitre

4 février 202015 décembre 2020 Hugues Constantin de Chanay

La stature victorieuse, solidement appuyée sur un bureau élyséen sur fond de lambris dorés, drapeaux français et européen à ses côtés, Marine Le Pen pulvérise sa cage de verre à la une de L’Express, traduction iconique d’une métaphore linguistique — « la fin du plafond de verre », titre le quotidien pour annoncer la fin de la limite invisible qui cantonnait les avancées de son mouvement, ex-FN rebaptisé RN.

Le « plafond de verre » est généralement associé à la discrimination exercée à l’encontre des femmes, en écho à la traduction française du titre d’un film d’Elia Kazan, Le Mur invisible (Gentleman’s Agreement, 1947). L’application de l’expression à Marine Le Pen a pu être jugée malheureuse, le mouvement libérateur se l’étant en quelque sorte appropriée, surtout depuis #MeToo : historicité du dialogisme, qui dessert ici le propos.

Sa traduction iconique échoue d’ailleurs aussi. Sans le titre, la double particularité du « plafond » disparaît (il est au-dessus de la tête, et comme les murs ou le plancher dont il est l’exact opposé, il confine l’espace) : à l’évidence, un mur de verre explose sous l’avancée frontale de la présidente du FN. D’ailleurs, cette explosion du plafond, le dossier s’en rit et on trouve à l’intérieur du magazine une autre image, métaphore-valise cette fois : Marine Le Pen, tête récriminante, y surgit d’une urne de verre comme un diable d’une boîte et quoi qu’il en soit de la différence entre les plafonds et les couvercles, nous sommes au rayon farces et attrapes. La victoire possible est dérisoire, mieux, c’est une blague.

Mais en couverture, implicitement, la métaphore iconique tient un discours tout autre. Produit d’appel affiché chez les marchands de journaux, sur les colonnes Morris, Marine Le Pen, aquarellisée et cadrée comme pour une couverture de fanzine, est une sorte de héros paramilitaire ou de King Kong révélé qui, ayant fait voler en éclats sa vitre protectrice, se libère : gare.

Posted in Figurez-vous...Tagged analyse d'image, dialogisme, implicite, métaphore, métaphore iconique, métaphore-valise

« Le Frankenstein des retraites »

18 décembre 20193 février 2020 Hugues Constantin de Chanay

Yves Veyrier, France culture, 11 décembre 2019

Sur France Culture, mercredi 11 décembre 2019, Yves Veyrier – secrétaire général de Force Ouvrière – explique pourquoi il a qualifié dans France Dimanche la réforme des retraites de « monstre » : il pensait à Frankenstein. Il précise : « J’ai dit que ce projet de régime unique par points c’était un peu le Frankenstein des retraites, la créature échappe à son créateur ». Or, on le sait en lisant Mary Shelley, la créature n’a pas de nom, contrairement au docteur Frankenstein qui l’a animée : bel exemple de métonymie cachée (le créateur pour la créature), c’est-à-dire peu ou prou devenue lexicalisée, d’autant plus que la métaphore fait écran et, elle aussi, « échappe à son créateur ». La réforme des retraites n’est pas seulement, comme le dit Yves Veyrier, devenue incontrôlable, fruit d’un geste irrémédiable : c’est aussi un monstre couturé, fait de bric et de broc, et si étranger au monde qu’il est tout juste bon à éradiquer. Mais le motif du geste irrémédiable a un avantage : remontant au moins au mythe de Prométhée, ce topos s’applique à tous les apprentis sorciers et gouverne plus que jamais la conception que le XXIe siècle se fait de l’histoire humaine. Révolution industrielle, révolution numérique et désormais changement climatique… La réforme des retraites rejoint les grands fléaux de l’anthropocène.

Posted in Figurez-vous...Tagged lexicalisation, métaphore, métonymie, topos

Juste juste

10 décembre 201915 décembre 2020 Hugues Constantin de Chanay
Le Canard Enchaîné, 27 mai 2019

Chappatte, dans le dessin paru dans le Canard enchaîné du 27 mai 2019, ne fait pas que découvrir l’« impossible dialogue » entre Emmanuel Macron et les travailleurs retraités. Certes, l’échange imaginé se déroule entre un président vu à la télévision par le public concerné – et par métaphore ce sont pour toujours deux mondes à part. Le dessin véhicule aussi une opinion tranchée dans l’antanaclase par réduplication affectant le mot « juste ». Chez Macron, il renvoie à la justice. Chez les retraités au contraire, c’est à la lésine – plus qu’à l’ajustement : le canapé est rapiécé et le tapis, écorné. La réduplication stéréotypise le sens et crée ici une litote : si c’est « juste juste », il n’y a vraiment rien de trop… Or, tel est le propre des antanaclases qu’elles instaurent une équivalence (le même mot vaut pour deux sens différents) : donc, la recherche macronienne de justice, cela revient en fait à raboter des retraites déjà étiques.

Posted in Figurez-vous...Tagged analyse d'image, antanaclase, litote, métaphore, réduplication, stéréotype

Pile ou face

9 décembre 201915 décembre 2020 Hugues Constantin de Chanay
Libération, 25 novembre 2019

Juchés sur un podium en tenue de meneuses de revue ou de miss (escarpins à talons hauts pour affiner la jambe ; fleur à l’arrière-train comme le pompon des Bunnies de Play-Boy ; maillot une pièce dévoilant cuisses, bras, décolleté ; chapeau haut-de-forme à la Marlène Dietrich), Emmanuel Macron et Marine Le Pen cherchent à affrioler un public consterné : métaphore visuelle du populisme, lui aussi fondé sur une sorte de séduction ; mais le dessin ne fait aucune offense au peuple, visiblement agacé par ce cirque.

Les paroles prêtées aux deux partenaires associent en syllepse, d’une part une métaphore de la pièce de monnaie, dont le recto et le verso (les deux seuls candidats à la future présidentielle) sont substantiellement associés, et d’autre part, par métonymie (les deux côtés d’une pièce sont l’instrument du choix), une assimilation du vote au hasard, comme si l’élection se jouait aussi à pile ou face.

Dos à dos, les deux personnages montrent une similitude marquée. Certes, du point de vue spatial il y a inversion totale, et Macron est bien l’anti-Le Pen. Mais il suffit de les intervertir pour changer en reflet cette antithèse d’orientation. L’image prétend ainsi que l’un ou l’autre, cela revient au même ; et peut-être même, si l’on suit le sens de lecture du texte, que Le Pen serait la vraie « face » de Macron…

Posted in Figurez-vous...Tagged analyse d'image, métaphore, métaphore visuelle, métonymie, syllepse

Congelé par L’Express

6 décembre 20196 décembre 2019 Hugues Constantin de Chanay
L’Express, 13 novembre 2019

Emprisonné dans un glaçon, Macron croise les bras en une de L’Express, et une seconde fois à l’intérieur du magazine pour illustrer le dossier « Macron paralysé ». Les deux images sont légèrement différentes : sur la première, le titre « Macron paralysé », en surimpression, lui assure un ancrage. Mais pas à l’intérieur, où il ne fait que jouxter sur la page de droite l’image qui est vue d’abord. La métaphore déploie donc tout son potentiel sémantique (il n’y a pas vraiment polysémie dans la mesure où il n’y a aucune permanence des associations discursives). Dans la langue on trouve « pris dans les glaces », ce qui dit en effet l’impuissance (la « paralysie »), mais pas « pris dans un glaçon ». Ce qui, en image, ajoute au constat d’impuissance un sarcasme : Macron est à la merci de tous, consommable à l’apéritif ou simplement pour rafraîchir un verre. Le voici, lui qui sacrifierait volontiers l’agréable à l’utile, en l’occurrence le plaisir optionnel aux réformes nécessaires, vaincu par la futile douceur de vivre. Et le principal est encore ailleurs : en congelant, on soustrait à la fois à l’évolution et à la corruption. Les glaces conservent la préhistoire et délivrent des mammouths intacts. Le nouveau monde et son chantre sont-ils donc devenus, comme eux, des vestiges du passé ?

Posted in Figurez-vous...Tagged ancrage, métaphore, polysémie

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Motion contre la LPPR

La LPPR, votée par l’Assemblée nationale et le Sénat (alors même que le gouvernement ne dispose pas d’une majorité à la Chambre haute), en dépit des avis du Conseil économique et social et du Haut Conseil pour l’égalité,  modifie profondément les institutions de la recherche et de l’enseignement supérieur dans le sens d’une plus grande subordination au pouvoir politique en la dépouillant de son indépendance.

La SELP dénonce l’absence de concertation et la brutalité des moyens employés par le gouvernement dans le processus d’adoption de cette loi (procédure accélérée pendant les confinements du printemps et de l’automne), appelle les candidates et les candidats aux prochaines élections républicaines à s’engager dans une voie de concertation avec l’ESR afin de réécrire une loi qui soit profitable à toutes et tous et dégage la recherche et l’enseignement supérieur des pièges de la concurrence immédiate à laquelle les condamne l’actuelle loi.