
En proposant le 14 avril la création de « QSR », Marlène Schiappa illustre ce qu’est une rhétorique riche et condensée, mais on ne peut pas dire qu’elle soit vraiment heureuse. Le premier problème est lié à la siglaison, qui opère une réduction à l’initiale par synecdoque de la partie : elle s’accompagne d’une part d’un appauvrissement du signifiant qui opacifie le lien avec le signifié et d’autre part d’une multiplication de faits d’homonymie – en l’occurrence, « QSR » signifie déjà « quartiers à sécurité renforcée ».
En deuxième lieu le sens non pas dit mais montré est discordant : « relou » vient du verlan et est chargé ici de propager le parler jeune dans le discours. Mais l’employer dans un discours ministériel revient à méconnaître les conditions diaphasiques de son usage (à moins que Marlène Schiappa ne cherche à « débrailler » son discours, le verlan ne s’emploie pas en situation formelle).
En troisième lieu enfin, on peut estimer que la ministre sous-évalue le référent : l’axiologie n’est pas binaire mais graduelle et ceux qui commettent des « agressions sexuelles » (comme le dit l’interview) commettent des fautes bien plus graves que les simples « relous ». Si la litote et l’euphémisme attachés à son emploi sont intentionnels, Marlène Schiappa escamote rhétoriquement le pire. Et s’ils ne le sont pas, c’est une bévue.