(Jean-Louis Bourlanges, France Inter, 8 mai 2017)
Le ralliement de Jean-Louis Bourlanges à Emmanuel Macron fait vaciller son argumentation. Il emprunte d’abord à l‘hyperbole, qui lui permet d’exagérer les soutiens du nouveau Président de la République en assimilant suffrages exprimés – comportant en effet plus de 66% de bulletins au nom du candidat d’En Marche ! – et électeurs inscrits – ces derniers ne s’étant pas tous exprimés (certains se sont abstenus, d’autres ont voté blanc). Il se livre aussi à un raisonnement fallacieux, qui le conduit à défendre deux propositions en réalité contradictoires. Il soutient d’abord contre Gérard Miller l’équivalence entre “voter pour E. Macron” et “voter par adhésion à son programme”. Mais quelques minutes plus tard, il affirme également que “les gens qui se sont abstenus n’étaient pas contre Mme Le Pen”, ajoutant : “quand vous êtes contre quelqu’un, vous votez contre cette personne”. Il fait ainsi émerger une nouvelle équivalence, qui laisse entendre que “lutter contre le Front national” impliquait nécessairement de “voter E. Macron”. Il y a là un syllogisme, qui décrit l’adhésion au programme d’E. Macron comme une condition nécessaire du vote Macron, alors que la possibilité d’un vote anti-FN la présente peu après comme une condition suffisante seulement. D’où l’absurdité de la conclusion : lutter contre M. Le Pen, c’est voter E. Macron par adhésion ! L’ancien député européen réduit le bulletin E. Macron à l’une de ses significations, la plus favorable à sa propre position, dans un coup de force argumentatif que la rédaction d’Inter a préféré atténuer en reformulant les propos du centriste !