
(Une de Libération, 30 mars 2021)
Isolé à la droite de la page, bras et jambes croisés (synecdoque de la posture d’attente, elle-même face concrète du comportement visé, celui du statu quo choisi), le regard porté hors-champ et échappant à la fois à l’objectif et à la rencontre du lecteur, sis comme obstinément sur une chaise occupant un espace déjà vide (métaphore de l’île au milieu des flots) mais réel et dont il se détourne, Emmanuel Macron est l’image même de l’insularité têtue (métaphore globale de sa préférence jupitérienne pour le « cavalier seul », mais l’image, polyvalente ou si l’on veut polysémique, évoque aussi l’enfant capricieux, boudeur, entêté, puni). La sarcastique question rhétorique du gros titre enchérit : il ne s’agit en effet pas d’une demande d’information (« qu’attend Macron ? ») mais d’une affirmation déguisée et présentée comme validée : qu’il n’y a rien à attendre, qu’il y a urgence, et que là-dessus tout le monde est d’accord, journalistes comme lecteurs. L’image le montre : Macron est à la fois au coin et dans son coin.