Libération, 30 mars 2021, p. 22.
Si les écoliers à tête noire que dessine Willem sont des monstres, c’est parce que le medium iconique a permis la fusion en une métonymie-valise du coronavirus (reconnaissable à son image stéréotypée de boule à picots) et des enfants à tête ronde. La monstruosité de cette fusion trouve un écho dans le dialogue de sourds échangé par les deux personnages. Le mot « transmission » et son anaphorique « ça » composent une fausse antanaclase comme dans l’exemple classique donné pour telle par Fontanier : « brûlé de plus de feux que je n’en allumai ». Mais la différence, c’est que l’énoncé est ici dialogal et les deux sens de « transmission » sont répartis en ceux interventions distinctes, toutes deux monosémiques. Une syllepse par rétroaction et afférence contextuelle se produit bien mais seulement dans l’esprit du lecteur, « ça » engrangeant dans le discours de l’émissaire de la santé le double apport, dans le cotexte d’une part, de « inquiète », et dans le contexte d’autre part, de l’image inquiétante d’un malade en réanimation à l’arrière-plan où l’école s’ouvre sur le monde extérieur. Le malentendu entre les deux personnages est source d’une métaphore montrée : enseignement et contagion s’ignorent l’un l’autre mais vont de pair