Juchés sur un podium en tenue de meneuses de revue ou de miss (escarpins à talons hauts pour affiner la jambe ; fleur à l’arrière-train comme le pompon des Bunnies de Play-Boy ; maillot une pièce dévoilant cuisses, bras, décolleté ; chapeau haut-de-forme à la Marlène Dietrich), Emmanuel Macron et Marine Le Pen cherchent à affrioler un public consterné : métaphore visuelle du populisme, lui aussi fondé sur une sorte de séduction ; mais le dessin ne fait aucune offense au peuple, visiblement agacé par ce cirque.
Les paroles prêtées aux deux partenaires associent en syllepse, d’une part une métaphore de la pièce de monnaie, dont le recto et le verso (les deux seuls candidats à la future présidentielle) sont substantiellement associés, et d’autre part, par métonymie (les deux côtés d’une pièce sont l’instrument du choix), une assimilation du vote au hasard, comme si l’élection se jouait aussi à pile ou face.
Dos à dos, les deux personnages montrent une similitude marquée. Certes, du point de vue spatial il y a inversion totale, et Macron est bien l’anti-Le Pen. Mais il suffit de les intervertir pour changer en reflet cette antithèse d’orientation. L’image prétend ainsi que l’un ou l’autre, cela revient au même ; et peut-être même, si l’on suit le sens de lecture du texte, que Le Pen serait la vraie « face » de Macron…