
“Monsieur Déloyal”

(Manuel Valls, débat du 25 janvier 2017)
Cette assertion, manifestement démentie par les faits (on parle d’orthodoxe et hétérodoxe “en matière d’économie”) est un énoncé généralisateur. Elle vise à se présenter comme le rappel d’une maxime intemporelle frappée au coin du bon sens en utilisant à la fois un sujet impersonnel, le présent gnomique (aussi nommé présent de vérité générale) et une modalité sous-entendue, ici aléthique, signifiant en quelque sorte : “nous n’avons pas d’autre choix que de nous plier à la rationalité de l’économie”.
Lors du débat du deuxième tour de la primaire de gauche, Manuel Valls a, comme on dit, mis les rieurs de son côté au détriment de François Fillon, en parodiant la réfutation par analogie employée par ce dernier durant la campagne de la primaire précédente, celle de la droite. « Qui imagine le général de Gaulle mis en examen ? » avait lancé celui-ci en visant son concurrent Nicolas Sarkozy. « Vous imaginez le général de Gaulle employant Tante Yvonne à l’Elysée ? », raille Manuel Valls en visant l’auteur de la formule qu’il pastiche. La reprise de la forme interrogative et du verbe imaginer pointe l’incongruité des deux situations, de fait évidemment fictives s’agissant du Général, alors que celle de Nicolas Sarkozy est bien réelle et que celle de François Fillon n’est pas complètement invraisemblable. L’auteur de ce détournement polémique s’empresse de le qualifier de « boutade », par respect de la présomption d’innocence – mais le mal est fait, par l’humour et l’ironie. Fillon est atteint, et Hamon apparaît du coup un cran en-dessous dans l’opposition à l’adversaire commun.
(Manuel Valls, débat télévisé du 25 janvier 2017)
Le 25 janvier 2017, Manuels Valls déclare lors du débat télévisé qui l’oppose à Benoît Hamon : « Moi, je suis le candidat de la feuille de paie. Je ne veux pas, je ne voudrais pas que mon ami Benoît Hamon se retrouve être le candidat de la feuille d’impôt ». Dans cet entre-deux tours destiné à différencier les candidats de la primaire, l’antithèse fonctionne d’autant mieux qu’elle s’appuie sur un parallélisme : malgré ses positions sur la Loi travail, M. Valls se place en bienfaiteur du salarié ‒ pour ce faire, il reprend une périphrase ailleurs utilisée par Arnaud Montebourg ‒ ; il conteste en outre le rôle social que la gauche accorde couramment à l’impôt, en condamnant par prétérition le coût du revenu universel défendu par son adversaire.
(Manuel Valls, en réaction aux résultats du premier tour des
primaires de la gauche)
Manuel Valls est coutumier de la métaphore guerrière, qui associe ici sa candidature à un combat, confirmant sa stature martiale. “Jusqu’au bout” semble indiquer cependant que la fin est proche : est-ce un aveu d’échec ? Il annonce en tout cas que la conclusion des primaires se fera moins sur le mode du rassemblement que de l’armistice ou de la capitulation…