(Luc Chatel, 29 mars 2017, LCP)
Luc Chatel, s’en prenant à Emmanuel Macron, déclare qu’« on ne s’improvise pas président de la République, on ne gagne pas l’élection présidentielle uniquement parce qu’on a gagné un concours de circonstances ». En jouant ainsi sur la polysémie de concours, et plus précisément sur ses différents sens dans les expressions gagner un concours et un concours de circonstances, le porte-parole de François Fillon délivre une antanaclase elliptique, qu’on pourrait aussi qualifier d’expression-valise, comme on parle de mot-valise. Avoir été élu président de la République reviendrait pour le candidat d’En Marche ! à avoir « gagné le concours » (la compétition électorale) grâce à un « concours de circonstances » (le retrait de François Hollande, la victoire de Benoît Hamon à la primaire de la gauche, les ennuis judiciaires de François Fillon…). L’haplologie de concours produit un raccourci d’abord assez énigmatique, mais très vite lumineux dans sa portée délégitimante par anticipation.
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