
En version originale, Bolsonaro dit de ses futurs adversaires à l’élection présidentielle de 2022, dans une allocution prononcée à Açalândia, qu’ils sont « um ladrão candidato a presidente e um vagabundo como vice ». Le « colistier » de la version française, c’est le vice-président pressenti du Brésil. La version française (journal de France Culture du 24 mai 2021) conserve les isotopies et les antithèses de l’original : comme « presidente » et « vice », « candidat » et « colistier » sont isotopes ; et la même double antithèse /honnête/ vs /malhonnête/, implicite dans les oppositions « ladrão » vs « presidente » et « vagabundo » vs « vice », se retrouve, avec seulement une inversion d’ordre, dans les oppositions « voleur » vs « candidat » et « escroc » vs « colistier ». Mais le français y ajoute encore, d’une part une gradation qui rend le second argument plus fort que le premier (l’escroc étant une forme raffinée, « technocratique », rusée du voleur), d’autre part une homorythmie et une connotation poétique : dans une prononciation courante, sont coordonnés deux heptasyllabes (ou hexamètres) : comme si les médias français cherchaient à présenter dans sa parole, ramassé dans une rhétorique enrichie, l’éthos bolsonarien non pas tant comme celui d’un homme de Verbe que d’un homme verbeux…