(Jean-Luc Mélenchon en campagne à Vaulx-en-Velin, le 1er juin 2017)
Le leader de la France insoumise, venu soutenir les candidats de son mouvement dans le Rhône, a appelé « à un nouveau Front populaire ». Ce genre d’antonomase historique est tellement courant qu’on ne s’interroge pas toujours suffisamment sur le sens d’une telle formulation. Il ne fait aucun doute que l’expression Front populaire renvoie à un épisode bien spécifique de l’histoire de France : l’alliance en 1936 entre les grands partis de gauche, qui permit la formation du premier gouvernement à direction socialiste et la satisfaction de plusieurs grandes revendications ouvrières. Pourtant, Jean-Luc Mélenchon souhaite-t-il vraiment une nouvelle union des gauches – communiste, socialiste et radicale ? Veut-il le retour d’un chef de l’exécutif appartenant au Parti socialiste ? On peut en douter au vu de ses nombreuses prises de position violemment antisocialistes depuis plusieurs années – pour ne rien dire de sa relation à ce qu’il reste du radicalisme. Mais la perspective de nouvelles grandes conquêtes sociales correspond sans doute bien à sa pensée. En somme, il voudrait l’effet sans la cause, ou dit autrement, le beurre sans l’argent du beurre… De fait, parler de « Front populaire » fonctionne souvent de nos jours comme une invocation dépourvue de tout contenu politique précis – invocation devenue aussi floue que rare.