Frédérique Vidal, 14 février 2021

Ces propos tenus par Frédérique Vidal ont déclenché une indignation. Pourquoi ? Toute polémique mise à part, leur ton est bien peu ministériel. Déjà, il y a l’encombrant dialogisme difficile à dissocier de cette expression lestée d’une généalogie d’extrême droite, cette dernière l’ayant récupérée pour vilipender les droits de l’homme. Mais l’expression elle-même illustre une rhétorique de pamphlet. C’est pourquoi une expression qui, à la limite, pourrait galvaniser en meeting paraît franchement déplacée dans un discours gouvernemental : pour ce genre discursif, ce n’est pas le bon éthos. L’apocope avec suffixation en -o réduit une catégorie à un stéréotype qui se préoccupe moins d’analyser que de disqualifier (les cocos, les prolos, les intellos, les écolos, les aristos…), connotation axiologique qui demeure en composition (comme dans « analyses rhétorico-politiques », qui renvoie davantage à l’argutie qu’à l’argumentation sérieuse impliquée par « analyses rhétoriques et politiques ») ; le suffixe agentif -iste signifiant l’engagement en faveur d’une cause dénonce souvent l’aveuglement idéologique et l’excès (islamistes, justement) ; et enfin la création néologique d’une catégorie homogène, comme le prétend le trait d’union proche de l’équivalence, pratique une association qui, faute d’argumentation, tend à un amalgame. Une double métaphore ancre la péjoration : la société est un corps et l’« islamo-gauchisme » une de ses maladies, reliée à la mort, au pourrissement, à la souffrance : il faut la soigner au plus vite.