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Étiquette : énonciateur

« Les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder »

7 janvier 20224 février 2022 Hugues Constantin de Chanay
Emmanuel Macron, le 4 janvier à l'Elysée. LP/Arnaud Journois
Le Parisien/Arnaud Journois

Emmanuel Macron, Le Parisien, 4 janvier 2022

L’analyse de Hugues de Chanay

Haro sur les non-vaccinés, via une métaphore analogique (identité de propriétés entre deux réalités) et homologique (identité de relations entre deux scènes) : d’un côté, les matières fécales, indésirables, sont les toxines rejetées par un organisme (base analogique) qui souillent et altèrent désagréablement ce qu’elles touchent (base homologique) ; de l’autre, on va imposer aux non-vaccinés des restrictions sévères, donc des emmerdes (par exemple le passe vaccinal – le vaccin serait-il alors une emmerde ? – analogie) qui leur rendront la vie difficile (homologie).

Mais l’énoncé est étonnant dans la bouche d’un président.

D’abord les décisions sont justifiées non par leur caractère raisonnable mais « expressivement », pour leur capacité à assouvir le désir d’un individu (« j’ai très envie »).

Le président y prend la posture d’un « Français moyen » qu’il réduit à un stéréotype familier, populaire, si ce n’est vulgaire, capable d’employer le mot « emmerder » – non seulement ce n’est guère fédérateur, mais ces équivalences n’indiquent guère de considération. Les médias étrangers ont des difficultés à trouver, entre l’affadissement (euphémismes usuels) et la transgression (qui suppose de leur part d’adopter, et peut-être du même coup d’approuver, la même audace qu’Emmanuel Macron) comment traduire ce verbe lourdement connoté.

Enfin il manifeste une antithèse entre l’éthos attendu (celui d’un président) et celui qui est réalisé, c’est-à-dire plutôt, selon les commentateurs, un éthos de candidat, qui non seulement n’aurait pas « peur des mots », mais chercherait à produire une parole qui, à défaut peut-être d’être « disruptive », tranche et sera commentée. La seule chose sûre c’est que si cette parole autorise ce registre de discours aux arguments de campagne – et c’est sans doute dans le style qu’on trouve la plus convaincante performativité de la parole : porte ouverte au langage « vulgaire » (dit la BBC), il faut s’attendre à avoir des réactions du même acabit.

L’analyse de Pierre Fiala

C’était bien une insulte politique, proférée par le président devant des lecteurs du Parisien libéré.

Emmerder est une trivialité, une grossière courante dans tous les milieux, qui peut surprendre un peu  chez un responsable gouvernemental, mais c’est aussi et surtout une figure d’insulte violente, malgré les modulations. Derrière la grossièreté de façade du quasi candidat Macron (n’est pas Sarkozy qui veut), en campagne depuis l’automne 2021, se cachait bien une volonté d’injurier et de provoquer, qui s’est en fait substituée dans l’espace public aux vœux rituels du début de l’année électorale 2022.

Emmerder c’est gêner, ennuyer, disent les dictionnaires. Mais dans l’énoncé à la première personne du présent de l’indicatif, “Je vous emmerde”, il s’agit de l’emploi appelé délocutif par Émile Benveniste (PLG I, Hommage à Spitzer, qui ne cite toutefois pas ce verbe) qui signifie alors formellement « Je vous dis merde ». De la même façon que dire Je vous salue signifie : « Je vous dis salut », ou « je vous remercie » signifie « je vous dis merci », comme aussi Je vous maudis, ou d’autres verbes moins délocutifs, mais à coup sûr performatifs, anathématiser, pardonner, condamner, voire aimer.

Cet emploi constitue en effet, comme on sait,  un énoncé performatif, un acte de langage, qui est bien une insulte en l’occurrence, où l’énonciateur est l’insultant, l’énonciataire l’insulté, dans une situation formelle, qui se trouve ainsi transformée. Vous pouvez dire sans risque majeur à un douanier qu’il vous emmerde, mais n’allez pas lui dire que vous l’emmerder… Ainsi le président en campagne ne dit pas tant qu’il veut gêner, ennuyer la minorité des non vaccinés (ce qu’il a fait par ailleurs ostensiblement), voire la couvrir d’excrément ( ce qu’il ne fait pas, même métaphoriquement), il dit simplement qu’il souhaite lui dire merde, et lui faire ainsi injure de ne pas obéir à son autorité. Cela rappelle d’autres bravades du quinquennat. Il semble toutefois que l’effet perlocutoire, comme disait Strawson, est resté limité dans ce cas, tant les médias et les commentateurs autorisés se sont efforcés d’en amoindrir les effets politiques et sociaux.

Cambronne eut devant la défaite, on le dit, davantage de panache, là c’est plutôt la provocation arrogante qui frappe.

Posted in Figurez-vous...Tagged connotation, emploi délocutif, énonciataire, énonciateur, ethos, euphémisme, expressivité, insulte, métaphore analogique, métaphore homologique, performativité, perlocutoire, stéréotype, style

« Marianne, c’est l’extrême droite – mais de gauche »

18 octobre 202118 octobre 2021 Hugues Constantin de Chanay
Crédits photos : Marianne.net

(Guillaume Meurice, « Le moment Meurice », France Inter, 12 octobre 2021)

Dans « Marianne c’est l’extrême droite – mais de gauche », il y a ce que Marianne prétend, et que Guillaume Meurice dit : l’antithèse n’est pas le départ d’une oxymore (où la gauche gagnerait argumentativement, colorant peut-être l’extrême droite d’un peu d’humanisme) ni d’une synthèse des contraires (exercice typiquement présidentiel, quoi qu’on pense du résultat : en même temps droite et gauche), mais une rectification polyphonique – Marianne se dit de gauche mais, derrière ce paravent, est selon Guillaume Meurice d’extrême droite. Autrement dit, il n’y a pas un seul énonciateur pour prendre en charge les termes antithétiques, mais deux qui se les répartissent.

 Quel avantage l’hebdomadaire trouve-t-il donc à se laisser croire de gauche ? Celui d’une axiologie positive aux yeux d’une partie de son lectorat, qui a évolué en même temps que lui de la gauche vers la droite : se dire d’extrême droite, c’est immédiatement s’attribuer un éthos sinon dévalorisant, du moins clivant (le lectorat potentiel s’ampute de la grosse majorité des lecteurs), et discréditer sa parole ; à l’inverse se dire de gauche c’est non seulement faire une sorte de nettoyage éthique (un « politic washing ») mais se doter d’un blanc-seing autorisant toute parole, serait-elle « décomplexée ». Cette axiologie, l’énonciateur n’a pas besoin de la dire, il peut la présupposer : elle est doxale et définit ce qui « se dit tout haut ». L’humoriste « désaliénant » peut alors engranger les bénéfices du contre-éthos de /véridicité/ que lui construit son discours : voici ce que Marianne pense tout bas.

Posted in Figurez-vous...Tagged antithèse, axiologie, doxa, énonciateur, éthos, oxymore, polyphonie, présupposé

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