(Jean-Luc Mélenchon, Convention Législatives de la France Insoumise, 13 mai 2017)
Ainsi Jean-Luc Mélenchon justifie-t-il son refus de s’allier à d’autres forces politiques pour les élections législatives. Pour plus de clarté, il file la métaphore : “l’on commence ici avec un bout du tuyau qui vous emmanche avec un suivant qui vous attelle avec un troisième et qui à la fin vous font rencontrer un bon camarade qui au bout de la chaîne tient par la main un macroniste”. L’image est savoureuse, d’autant qu’elle évoque aussi une réplique célèbre – “Comment vas-tu ? Yau de poêle !”. De même que les tuyaux de poêle qui s’emmanchent les uns dans les autres, la figure de style sur lequel est fondé ce jeu de mots a quelque chose de la dorica castra (ici elliptique), où la syllabe finale d’un terme appelle le début d’un autre, et ainsi de suite, sans que l’on sache vraiment où ces sons enchâssés nous mènent. La construction en apposition peut aussi suggérer, plus méchamment, les familles “tuyaux de poêle”, d’abord désignées ainsi en raison de leurs pratiques incestueuses. Par un “effet Yau de poêle” vaguement lacanien, le leader de la France insoumise voudrait-il éviter à la gauche de sombrer dans des relations contre-nature ?
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