(Libération, 19 mars 2021, p. 2)
Ce 19 mars 2021, le titre du premier article de Libération est un condensé rhétorique sarcastique envers le gouvernement. À la faveur d’une construction qui transforme virus en substantif épithète et le fait adjectif de relation, est affirmée syntaxiquement une équivalence sémantiquement porteuse d’une métaphore in præsentia : le virus est, sur la route du gouvernement, un obstacle pénible à franchir. Et le dialogisme qui conduit chacun aux montagnes russes, deuxième métaphore, illustre bien sûr – le but n’étant pas de donner à rire mais de donner à penser – que tous les doubles sens ne sont pas des calembours ; mais aussi, puisque la restitution de cette deuxième séquence ne se fait que par hétéro-segmentation, que ce ne sont pas toujours des syllepses ou des antanaclases. Sont fusionnés ici en une sorte d’expression-valise deux discours dont les signifiants ne sont pas exactement les mêmes. La deuxième métaphore, celle des « montagnes russes » représentant la stratégie gouvernementale, délivre une double critique : non seulement les montagnes russes annoncent une alternance non dénombrée d’élévations et de dégringolades (confinement – déconfinement – reconfinement – déconfinement – reconfinement, etc.), stratégie assez vaine d’avancées et de reculs, mais encore son phore (le comparant) est un manège de fête foraine. Bref, c’est la foire.