(David Lisnard, maire de Cannes, au meeting de François Fillon à Nice, le 17 avril 2017)
Rien de tel que les néologismes pour attirer l’attention d’un auditoire. Certes, en cherchant bien, on trouve des occurrences des deux formes lexicales boboïtude et bobolchévisme antérieures à cette déclaration de Davis Lisnard, mais leur emploi n’en est pas moins rarissime. Pour le second terme, il frise l’hapax. Le premier vocable est construit comme un dérivé du radical bobo par adjonction du suffixe -itude, et le second comme un mot-valise formé par apocope du même bobo (qui est déjà un mot-valise par double apocope !) et aphérèse de bolchévisme. Il en résulte un effet d’assonance, la syllabe /bo/ étant répétée quatre fois. De plus, boboïtude rappelle la célèbre bravitudede Ségolène Royal, et bobolchévisme porte à sourire par sa forme. L’un et l’autre fonctionnent comme des oxymores : la douceur de vivre et la liberté du « bourgeois-bohême » s’allient difficilement tant à la rigueur du « conformisme » qu’à la rudesse d’un « bolchévisme » couteau entre les dents. Ce sont bien sûr deux des trois principaux concurrents de François Fillon qui se trouvent ainsi dénoncés comme dangereux par l’orateur qui le soutient : Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon sont renvoyés l’un à son milieu social et à son mode de vie, l’autre à sa violence verbale et à ses soutiens partisans. Et le « bobo » étant réputé de gauche, ces deux candidats sont clairement classés dans le camp opposé à celui de l’ancien collaborateur de Nicolas Sarkozy.