(Henri Guaino, LCI, 16 mars 2017)
L’histoire commence avec une méchante boutade qui fait mouche dans la campagne de la primaire de la droite et du centre : « Qui imagine le général de Gaulle mis en examen ? ». Quelque temps plus tard, du fait d’une conjoncture pour le moins inattendue, celle-ci fait l’objet de détournements polémiques contre son auteur, provoquant le syndrome de l’« arroseur arrosé ». Son statut de « phrase culte » de la campagne présidentielle se consolide à chaque fois qu’est formulée une nouvelle version parodique. La figure est toujours celle de la question rhétorique, pour laquelle l’évidence de la réponse renforce la condamnation qu’elle suggère. Nous voilà donc conviés à imaginer successivement le général de Gaulle « employant Tante Yvonne à l’Elysée », « se faire payer des costumes de 50 000 euros », « dire : “je suis le candidat catholique” », « remettre en cause la magistrature », « présenter des excuses aux Français », « [être] conseiller rémunéré de multinationales »… et son épouse « occupant un emploi fictif » ou « prise les doigts dans le pot de confiture » ! Adversaires politiques de Monsieur Fillon ou simples citoyens twiteurs, ils ajoutent le comique de répétition à l’analogie ravageuse, dans une sorte d’humour collaboratif qui restera certainement associé à la présidentielle 2017 dans la mémoire collective.