Les pièces à conviction sont réunies, c’est à cela que sert le discours rapporté : tout ce que dit le Macron du dessin, c’est le vrai Macron qui l’a dit avant lui. Il ne l’a pas dit en une seule fois : la synthèse est fictive ; mais les parties sont authentiques et lui composent un éthos préalable négatif et bien étayé (par sept fois il dénigre les Français). Argumentativement, le dessin est un enthymème, autrement dit un syllogisme incomplet. Ici seule la mineure est explicite : un président qui dénigre son peuple n’est pas un bon président (majeure) ; or Macron dénigre son peuple (mineure) ; donc Macron n’est pas un bon président (conclusion). L’avantage de l’implicite, c’est que le dessinateur ne s’engage pas mais que le lecteur tire tout seul la conclusion (évidente) : pas de diffamation soutenable. Il s’agit même d’un argument ad hominem, et plus précisément d’une rétorsion, retour à l’envoyeur d’un argument qu’il ne peut contester sans se désavouer. Dénigrant les Français qu’il préside, Macron est cynique, ce que la presse lui reproche. Il le reproche bien aux Français, non ?
Étiquette : argument ad hominem
“les héritiers de Charles Maurras et du général Boulanger, les nostalgiques de la colonisation, se prétendent les champions des ouvriers et des employés”
(Christiane Taubira, Lens, 15 avril 2017)
A Lens pour soutenir Frédérique Masson, candidate PS aux élections législatives, Christiane Taubira concentre ses attaques sur le Front national, mais sans le citer. C’est en effet par une périphrase que ce dernier est évoqué. La figure de style lui permet de marquer son mépris pour ce parti, qui ne mérite pas d’être nommé, tout en en dévoilant les racines mêlées : le général Boulanger, républicain radical tenté dans les années 1880 par l’aventure plébiscitaire ; le royaliste Charles Maurras, dont la Ligue d’action française fondée au début du XXe siècle professe un nationalisme antiparlementaire, xénophobe et antisémite ; les “nostalgiques de la colonisation”, confondus dans une même réprobation. Avec des ancêtres pareils, comment l’extrême-droite pourrait-elle défendre les plus faibles ? L’argument ad hominem est habile, mais ces références historiques sont-elles connues de tous ?