(Yannick Jadot devant le Parlement européen, 10 janvier 2022)
Ainsi Yannick Jadot a-t-il qualifié Emmanuel Macron, et si ses mots se donnent comme faisant mouche, c’est qu’intervient en amont une maxime interprétative dite de pertinence (tout discours est crédité d’opportunité) : innombrables sont en effet les inactions que l’on peut reprocher à quelqu’un ; mais une inaction pertinente suppose par antithèse implicite une action qu’il aurait été urgent d’accomplir et qui ne l’est pas. Il s’agit en l’occurrence de la lutte contre le changement climatique, terrain où l’on attend l’expertise de l’écologiste qu’est Yannick Jadot, lequel atteste par là de l’éthos que l’on attend de lui, non seulement par la phronèsis (compétence) mais aussi par l’arétè (vertu – double ici : d’à-propos et de courage d’affronter une réalité effrayante). Exploitant dans ce bilan négatif la capacité du discours à référer à ce qui n’existe pas, telle l’inaction pointée ici, Yannick Jadot illustre ainsi, en ces temps de présidentielle imminente, que le discours seul peut, en l’espèce en creux et par une autre antithèse sous-entendue (moi, ce président, je ne le serai pas !), dessiner un programme : parler de ce qui n’existe pas encore.