Affiche d’André Fougeron pour le PCF, 1951.
Fabien Roussel, secrétaire national du Parti communiste français investi comme candidat pour la prochaine élection présidentielle, mène campagne depuis plusieurs mois dans la presse et sur le terrain. Au cœur de ses interventions, un constat réitéré : c’est la première fois depuis 2007 que le PCF a son propre candidat. Après le 1.93% de Marie-George Buffet et les deux soutiens successifs à Jean-Luc Mélenchon, il fallait une formule choc pour repartir à la bataille sous son propre drapeau – rouge : « PCF is back ! »
Dire que le Parti, comme on appelait jadis celui qui était le premier parti de France, est « de retour » ne fait donc que décrire une réalité objective. Mais le dire en anglais ne va pas de soi. Ralliement à l’idéologie dominante anglo-américaine ? Affirmation d’un internationalisme du vingt-et-unième siècle ? Volonté de capter l’attention du monde de la finance et/ou celui de la start-up nation ? Souci de parler jeune pour paraître moderne ? Ou plus vraisemblablement, manifestation d’une stratégie rhétorique des plus classiques, celle qui cherche à surprendre.
Encore que ce ne soit pas la première fois dans son histoire séculaire que l’ancien parti de la classe ouvrière s’exprime dans la langue de Shakespeare. Les plus âgés se souviennent d’avoir vu les murs de nos villes couverts par la peinture militante des partisans de Maurice Thorez et du Kominform, qui disait « Us Go Home ! » C’était dans les années cinquante, pour s’opposer à l’installation de bases militaires américaines sur le territoire national consécutive à la création de l’OTAN. Il faut dire que les destinataires supposés étaient anglophones – accusés d’être des occupants.
Mais revenons à l’actualité et constatons que si le Parti communiste français « is back », « America » l’est également, selon les déclarations répétées du nouveau président Biden. On se gardera bien pour autant de proclamer que « the Fifties are back » !