
Samedi 29 mai 2021, sur la place de la République, les policiers qui tentaient d’identifier les personnes ayant accroché une banderole « Vive la Commune » pour l’anniversaire de cette révolution ont été repoussés aux cris d’« À bas les versaillais ! ». Cette interjection forme avec « Vive la Commune ! » un couple antithétique. Il s’agit de porter aux nues un idéal politique (ou du moins, en l’occurrence, d’accrocher le plus haut possible la banderole qui le célèbre), tout en mettant à terre les représentants d’un pouvoir oppresseur et potentiellement répressif. Le parallélisme de construction rend plus visible l’opposition entre la Commune – mouvement puis gouvernement en faveur d’institutions authentiquement démocratiques et sociales –, entité pensée au singulier comme fédératrice, et le pluriel « les versaillais », que l’absence de majuscule distingue du gentilé désignant les simples habitants de Versailles : « versaillais » renvoie aux partisans (en armes ou non) du gouvernement et de l’Assemblée nationale réfugiés dans la ville des rois tandis que s’organise à Paris un gouvernement du peuple. Déjà en 1871, lorsque Pinola Gandolphi ou Alfred Dupupet s’étaient exclamés « À bas les versaillais », l’invective avait été retenue à charge. 150 ans plus tard, elle actualise par analogie les rapports de force historiques qu’ont éclairés par ailleurs – à des fins pédagogiques et/ou militantes – expositions, débats et manifestations commémoratives. La Commune et les tensions qu’elle suscite restent bien vivantes.