Pour éviter de mécontenter les Français face à la hausse des prix de l’énergie, Jean Castex dégaine le 30 septembre 2021 une mesure qui se présente comme une trouvaille, d’économie certes, mais avant tout de communication (quoiqu’aux ficelles peut-être un peu grosses) : le « bouclier tarifaire ».
Dialogiquement, celui-ci évoque le « bouclier fiscal » de Nicolas Sarkozy (même structure : « bouclier » + adjectif de relation, le tout dans le domaine économico-fiscal), ce qui d’une part l’inscrit dans le paradigme des mesures économiques vraisemblables, ayant des précédents, sérieuses, et d’autre part lui permet de s’en démarquer : celui-là était destiné aux riches, celui-ci l’est à tous.
Reprise, la métaphore du bouclier est valorisante : c’est une arme qui protège et que l’on fournit à ce qui est précieux (outre les guerriers : bouclier d’Orion ; pour la Terre, bouclier anti-astéroïdes ; et pour les Français, bouclier tarifaire ; etc.).
Mais, comme esquive dénominative, elle est aussi un euphémisme, dans la mesure où elle détourne l’attention de faits potentiellement désavantageux (en l’occurrence le fait qu’en France, bien qu’elle soit « de première nécessité », l’énergie ait une TVA à 20 % prélevée également sur les taxes) : le beau bouclier est peut-être avant tout destiné à faire oublier au guerrier qu’on l’envoie au front.