La déclaration du président du Sénat a été reprise par de nombreux acteurs et commentateurs de la vie politique : parrainer, pour la quarantaine de milliers d’élus habilités à donner leur signature pour un candidat à la présidentielle, ne vaudrait pas approbation des idées et des propositions de celui-ci. Mais le droit est le droit, et la langue française est la langue française.
L’article 3 de la loi organique du 6 novembre 1962, modifiée à plusieurs reprises, qui organise la sélection des candidats à l’élection présidentielle, ne fait aucunement usage des mots parrainage, parrainer ou parrain. Elle stipule que « la liste des candidats est préalablement établie par le Conseil constitutionnel au vu des présentations qui lui sont adressées », et que ledit Conseil « doit s’assurer du consentement des personnes présentées » et rendre publics « le nom et la qualité des citoyens qui ont valablement présenté des candidats ».
Or, selon le Petit Robert, le verbe présenter, lorsqu’il est transitif, signifie soit « montrer » (on peut dire que l’on présente sa candidature à un poste), soit « faire connaître à quelqu’un », en présentant une personne à une autre, ou quelqu’un pour un emploi en le proposant (un parti présente un candidat à une élection). Présenter un candidat, c’est donc clairement le proposer à ses concitoyens.
Le recours à la métaphore du parrainage ne change rien à l’affaire : le parrainage est un « soutien » et parrainer c’est « soutenir », « présenter en tant que parrain ».