À rebours du « Faites l’amour, pas la guerre » diffusé par la génération « Peace and Love » après l’intervention des États-Unis au Viêt Nam, ce graffiti apposé à l’Odéon combat le pacifisme. Il ne commande pas pour autant de renoncer à l’amour, ici désigné de manière moins abstraite que dans le célèbre slogan, sous les traits d’un partenaire que chacun – quel que soit son sexe – peut s’imaginer. L’injonction est double, comme dans cette variante de l’hiver 1975 : « Faites la guerre et l’amour aussi ». Mais « embrasse ton amour sans lâcher ton fusil » lui donne un tour personnel, par l’impératif à la seconde personne du singulier (qui favorise l’identification), et l’image du couple guerrier, uni et vigilant dans la lutte. Libérer son corps n’empêche pas de se libérer politiquement, au contraire : l’amour est révolutionnaire.
Crédits : couverture du livre de Gérard Guégan Debord est mort, le Che aussi, et alors ? Embrasse ton amour sans lâcher ton fusil (Paris, Société des saisons, 1994).