Traduction : pour obtenir les premières places en sport, il faut des moyens financiers – mais la chose est dite autrement : tel est le propre des tropes de rhétorique, avec ici l’avantage que le lecteur est responsable de ce qu’il comprend (ce qui produit au minimum un sentiment de connivence), mais comme inconvénient qu’il risque de s’égarer, voire de ne rien comprendre si on ne rend pas le discours porteur de garanties de bonne interprétation. C’est pourquoi le contexte martèle qu’il s’agit de /sport/, d’/éminence/ et d’/État français/ : en photographie Emmanuel Macron, bras musclés de sportif, torse moulé dans un marcel de sport, arbore trois médailles d’or olympiques au ruban tricolore portant le chiffre 1 : seuls les premiers valent.
Avec un tel contexte on ne peut que déclencher une dérivation interprétative sur « or », qui n’est pas seulement le /métal précieux/ mais par synecdoque la /médaille d’or olympique/. Une syllepse dédouble alors la lecture de « argent », dont le sens financier peut être considéré comme littéral, mais dont, par homologation isotopique, la présence de « or » rend pertinente la signification synecdochique originelle : l’argent est aussi, quoiqu’un peu moins que l’or sans doute, une /médaille olympique/.
Or le titre, s’il confirme encore qu’il s’agit bien de /sport/, opère surtout une délégation énonciative qui donne la vedette à un point de vue autre que celui du président, celui des « athlètes », en réponse au sermon présidentiel du lundi 13 septembre. L’expression rhétorique fait de l’énoncé une variante du topos /qui peut le plus peut le moins/ et le présente comme une quasi-vérité, tandis qu’ à l’opposé le point de vue macronien est décrédibilisé : c’est le désir indu de celui qui voudrait des médailles sans investir dans le sport, ou, pour le dire autrement, de la qualité gratis pro Deo – en l’occurrence pro Iovi (nom latin de Jupiter) ?