Revue de presse internationale, France Culture, jeudi 6 mai 2021
La traduction française conserve les deux figures marquantes de cette diatribe publiée en ligne par Daniel Hannon sur le site du Daily Mail (« Emmanuel Macron, the new Napoleon? No, he’s a Poundland Putin ») : une métaphore (« Napoléon ») et une antonomase corrigée (« Poutine de supérette ») – l’allitération en « p » qui suggère que le Poutine macronien est de même essence que le commerce bas de gamme (la chaîne de magasins Poundland vend tous ses produits, comme l’indique son nom, pour 1 £) passe par contre à la trappe…
Napoléon et Poutine mis en paradigme invitent à une lecture isotopique, celle de la /soif de conquête/, grande ici ou réputée telle, petite là. La « supérette » française donne à Macron, encore moins digne que Poutine, le visage d’un commerce quotidien et riquiqui (le suffixe diminutif –ette venant encore enfoncer ce clou). L’antithèse entre « se rêver en » et « n’être que », opposant un conquérant bâtisseur et un dictateur « de supérette » (c’est plus méprisant encore que « d’opérette », qu’on entend à demi-mot…), épingle un possible déni de réalité de Macron, suffisant, pas du tout à la mesure de son modèle, n’en incarnant malgré son ambition démesurée que les aspects les plus contestables, bref : une baudruche (métaphore implicite).