(Emmanuel Macron, Rungis, 18 avril 2017)
A Rungis, Emmanuel Macron lance une ode au travail dont la ressemblance avec le slogan sarkozyste, “travailler plus pour gagner plus”, n’a échappé à personne. Les différences sont pourtant significatives. Adieu l’homéoptote qui rythmait l’injonction d’un “plus” conquérant : l’animateur d’En Marche! préfère éviter la répétition en recourant à l’adverbe “davantage”, dont l’étymologie renvoie plus clairement au profit. Adieu aussi l’hypozeuxe qui redoublait la construction “infinif + plus” : le favori des sondages joue avec la syntaxe en articulant un double infinitif (“faire travailler”) à la forme “en + gérondif” (“en gagnant”). Mais c’est au prix d’un solécisme qui introduit un doute sur les destinataires de la mesure. Sémantiquement, Macron vise sans doute “les gens” qu’il souhaite “faire travailler plus” mais aussi “faire gagner davantage”. Mais syntaxiquement, il fait du pronom indéfini “on” le sujet des deux verbes, comme s’il appelait les employeurs de Rungis à exploiter leurs salariés, en somme “faire travailler plus pour gagner plus” !