(Philippe Poutou, BFMTV, 4 avril 2017)
Lors du débat entre les 11 candidats à l’élection présidentielle, Philippe Poutou fait sensation en attaquant Marine Le Pen sur son refus d’obtempérer à la convocation des juges. Alors que la favorite des sondages ironise sur son légalisme inattendu, le candidat révolutionnaire répond du tac au tac en opposant l’ “immunité parlementaire” de la députée européenne à l’introuvable “immunité ouvrière” derrière laquelle ses camarades ne sauraient s’abriter. Cette dernière n’existe pas en droit mais naît en discours d’un défigement qui, substituant l’adjectif “ouvrière” à celui, attendu, de “parlementaire” (ou “diplomatique”), joue du parallélisme des formes pour souligner l’inégalité de fond : en reprenant la construction “immunité” + adjectif, en jouant sur l’homéotéleute qui fait rimer “-aire” avec “-ère”, le porte-parole du NPA exhibe une nouvelle fois l’insupportable différence de traitement qui sépare les travailleurs des élus, fussent-ils “anti-système”. Le choix du “nous” fait le reste : face à Marine Le Pen, visée par un argument ad personam, les ouvriers font certes corps mais pour revendiquer avant tout la loi commune. Serions-nous tous des prolétaires ?
Lors du débat entre les 11 candidats à l’élection présidentielle, Philippe Poutou fait sensation en attaquant Marine Le Pen sur son refus d’obtempérer à la convocation des juges. Alors que la favorite des sondages ironise sur son légalisme inattendu, le candidat révolutionnaire répond du tac au tac en opposant l’ “immunité parlementaire” de la députée européenne à l’introuvable “immunité ouvrière” derrière laquelle ses camarades ne sauraient s’abriter. Cette dernière n’existe pas en droit mais naît en discours d’un défigement qui, substituant l’adjectif “ouvrière” à celui, attendu, de “parlementaire” (ou “diplomatique”), joue du parallélisme des formes pour souligner l’inégalité de fond : en reprenant la construction “immunité” + adjectif, en jouant sur l’homéotéleute qui fait rimer “-aire” avec “-ère”, le porte-parole du NPA exhibe une nouvelle fois l’insupportable différence de traitement qui sépare les travailleurs des élus, fussent-ils “anti-système”. Le choix du “nous” fait le reste : face à Marine Le Pen, visée par un argument ad personam, les ouvriers font certes corps mais pour revendiquer avant tout la loi commune. Serions-nous tous des prolétaires ?
Crédits photo : POL EMILE/SIPA