(François Fillon au Trocadéro, 5 mars 2017)
François Fillon, qui fait campagne pour le redressement national, compare la République à Gavroche, l’un des personnages les plus célèbres de la littérature française : « Si [la République] tombe, elle se relève telle Gavroche sur sa barricade ». Dans Les Misérables de Victor Hugo, le jeune héros nargue en effet les balles, continuant de fredonner – alors qu’il est blessé à mort ‒ un air dont le refrain (« c’est la faute à Voltaire […], c’est la faute à Rousseau ») est resté dans toutes les mémoires, au point que le solécisme (« c’est la faute à Voltaire » plutôt que « c’est la faute de Voltaire ») est passé dans le langage courant. Les chansonniers du XIXe siècle l’utilisaient pour renverser par antiphrase un lieu commun réactionnaire (l’idée que les Lumières auraient mené à la Révolution) ; la mort de Gavroche scellait la victoire de l’esprit des Lumières puisque, si le gamin révolté finissait par tomber, c’était pour la liberté. Fillon, au cœur d’une salve politique, s’identifie implicitement à Gavroche, qu’il rapproche des « héros de 20 ans de la Résistance ». Une riposte républicaine à ceux qui voyaient d’un mauvais œil qu’il appelle les soutiens de Civitas et de Sens commun à le soutenir, le premier dimanche du Carême, sur une place dont le nom commémorait la bataille qui avait rétabli l’autorité du roi d’Espagne Ferdinand VII, contestée par les révolutionnaires.