(Christiane Taubira, Le Monde, 22/02/2017)
Dans une interview donnée au Monde, Christiane Taubira place la gauche devant l’alternative suivante :
“Est-ce que nous prenons la responsabilité de voir la situation sociale et économique, et aussi budgétaire, se détériorer et des personnes en prendre plein la figure pendant cinq ans ? Ou sommes-nous capables de nous dépasser et d’affronter toutes les difficultés aujourd’hui plutôt que d’avoir demain à répondre à ceux qui nous diront : ‘ainsi vous nous avez livrés à ces gens-là ?”
Il s’agit de deux questions rhétoriques, dont la réponse est évidemment négative pour la première, affirmative pour la seconde. Christiane Taubira interpelle ainsi sa famille politique en leur rappelant sa “responsabilité historique” à l’égard des plus faibles. Elle l’invite à surmonter ses dissensions dans une construction binaire, qui oppose les querelles politiques du moment à la conséquence d’une future défaite de la gauche. Et pour lui donner un caractère plus concret, elle a recours à la prosopopée, en plaçant dans la bouche d’un peuple fantasmé un reproche accablant. Ce dernier fait coup double : victime sacrificielle de la gauche, il égratigne en même temps la droite et l’extrême droite, réduites à “ces gens-là” !