
(Alexis Corbière, Libération du 25 août 2017, p. 10)
« Cet homme, malgré ses sourires permanents, est un « social killer » à la communication très verrouillée » : opposant traditionnellement apparence et essence, Alexis Corbière renvoie Emmanuel Macron à sa prétendue nature, celle du « social killer ». Mais cette nature est multiple : sous l’expression néologique, tout le monde entend instantanément « serial killer », emprunt à l’anglais, plus précisément étatsunien. Car l’écho dialogique qui relie les deux expressions convoque bien plus qu’une paronomase – elles comportent deux mots, elles ont le second en commun, et le premier est un adjectif bisyllabique de phonème initial /s/dont la base se finit par /j/ et dont le suffixe est /al/. Or, selon le principe des paronomases, quasi-identité de forme vaut quasi-identité de fond. Le Président n’est ainsi pas tant le personnage que l’expression désigne en premier lieu par métaphore (celui qui fait disparaître les acquis sociaux au risque de tuer) qu’un exemplaire de ces individus reconnus de part et d’autre de l’Atlantique comme ennemis publics et qu’il faut stopper par tous les moyens. En effet, une menace plane ‒ le caractère sériel de leurs forfaits le dit ‒, et leur nature perverse le confirme : les criminels ré-ci-di-ve-ront. Alexis Corbière en conclut dans la suite de l’interview : « il faut craindre le pire ». Du quinquennat qui s’annonce, cette fin d’été n’est que le début…