(Julien Dray, Radio J, 12 février 2017)
Drôle de comparaison que celle utilisée par Julien Dray : « Je suis très, très inquiet de la tournure des événements, parce qu’on a une drôle de campagne. C’est un peu comme la drôle de guerre en 1940. C’est-à-dire que chacun est content, chacun pense que tout va bien ». Superposant les temporalités, l’orateur rapproche la progression du FN en France de l’expansion internationale du nazisme (en 1940, Hitler était déjà au pouvoir depuis plusieurs années, ce qui n’est pas le cas de Marine Le Pen). Cette analogie, avancée alors qu’il s’exprime sur Radio J, une station juive, est préparée par la polysémie du terme « campagne », qui désigne à la fois une période de mobilisation politique et une opération militaire. La France est donc en guerre, sans le savoir. Son ennemi n’est pas aux frontières, mais à l’intérieur ; pour le vaincre, une seule solution : faire comme en 1914 – pas comme en 1940 où l’immobilisme des Alliés à mené à la catastrophe ‒, et réaliser l’« Union sacrée » (ce qu’on nomme aujourd’hui, de manière moins grandiloquente, le rassemblement) sous la bannière du Parti socialiste. CQFD.