Dans son billet du 5 décembre 2019 Frédéric Says remarque que les protestations populaires contre un gouvernement qui n’écoute pas, ni n’écoutera, cela aurait un air de déjà-vu… n’était « le brouillard absolu qui entoure le texte de loi sur les retraites ». Parler de « brouillard », c’est déjà dire que le gouvernement n’innove pas en bien. Mais intensifier ce brouillard par un tel modificateur réalisant, c’est dénoncer ce défaut comme calculé : qui ne s’apercevrait pas d’un si haut degré d’imprécision ? D’autant que ce n’est un secret pour personne qu’on doit éviter le flou : ce « brouillard », c’est en effet une métaphore de base de la vision imprécise (floue, brumeuse, dans le brouillard, opaque…) pour la compréhension impossible, le contraire étant la vision précise (nette, sans zone d’ombre, claire, limpide, transparente…). Il y a donc une base homologique : ce que la netteté est à la vision, l’intelligibilité l’est à la compréhension (nombre de mots sont communs aux deux plans : précision, définition, ce qui facilite l’homologie). Mais il y a aussi une base analogique, le brouillard ayant ses propriétés qui se communiquent à l’opération du gouvernement. D’une part il dissimule et le gouvernement est alors hypocrite ; d’autre part il trempe et réfrigère : voilà ce que le gouvernement offre aux Français.