
Bernard-Henri Lévy (Libération, 16 mai 2019, p. 10).
Les souverainistes opposés à l’Europe arguent qu’il est impossible que des pays singuliers s’associent pour former un tout ? BHL a la solution : une autre répartition spatiale (la substitution partielle dénotée par le verbe « redessiner » implique une synecdoque). Rien de plus facile, pour peu que l’on ouvre un peu son esprit en faisant abstraction de ce qu’est actuellement l’Europe, et qu’on s’y consacre à fond (avec l’aide du Captagon, un stupéfiant à base d’amphétamines qui inhibe les émotions et développe les capacités physiques et mentales – on a prétendu que c’était la « drogue des djihadistes ») !
L’interprétation de la proposition de BHL suppose une forte composante métonymique, laquelle repose elle-même sur la compréhension des solidarités qui unissent les diverses réalités de l’Europe : la carte, le territoire, les peuples qui y vivent, leurs gouvernements et leurs têtes, l’ensemble (« Europe ») qui récapitule ce tout. Cette proposition n’a de sens que si les problèmes posés par l’Europe se réduisent à ce seul constat : les peuples pâtissant de leur répartition actuelle en pays, il faut remodeler les frontières. Vient alors la métaphore principale : BHL ne pense pas vraiment (se dit-on) que recourir aux amphétamines peut sauver l’Europe, mais nous interroge : si résoudre les problèmes européens est aisé à ce point, pourquoi nul ne s’est-il vraiment penché sur le sujet ? Préfère-t-on qu’ils perdurent ?
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