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Auteur/autrice : Sylviane Remi

« L’Europe n’est pas un supermarché. L’Europe est un destin commun »

23 mai 201923 mai 2019 Sylviane Remi

(Emmanuel Macron, 21 juin 2017)

Voilà ce qu’a déclaré Emmanuel Macron lors du premier entretien après son élection. Malgré la reprise du verbe être, il ne s’agit pas d’une tentative – laborieuse – de définition : rapprocher les mots supermarché et destin est en effet assez improbable. Pourtant, la compréhension de cet énoncé est immédiate et sa visée dénonciatrice et polémique, destinée à certains dirigeants d’Europe de l’Est, affichée sans ménagement. Si la structure opposant deux propositions sans lien logique, martelant le verbe être et le nom propre Europe, force l’attention, c’est surtout la métaphore du supermarché qui donne à l’énoncé un tour provocateur. Il suffit de comparer ce mot à son synonyme grande surface qui, par synecdoque de la partie (la dimension) pour le tout (le point de vente), appréhende le référent d’un point de vue quantitatif, technique et fonctionnel, afin de mesurer l’évaluation négative qui s’attache à supermarché. Ce mot composé est construit sur le nom marché, dont la riche polysémie va du marché traditionnel à l’ensemble des échanges commerciaux mondialisés  – le supermarché constituant en quelque sorte un point médian, en tant que lieu de vente qui ouvre sur l’ensemble d’un système économique. Surtout, il évoque le quotidien (on va « au supermarché » et non « à la grande surface »), une consommation à la fois « de masse » et totalement individualisée.

En décalage avec cette vision qu’il contribue à prosaïser un peu plus, l’attribut « un destin commun », présenté comme l’« être » de l’Europe (alors qu’on pourrait dire que « l’Europe a un destin »), exalte la vision élevée et unificatrice d’un avenir qui transcende les individualités et redonne aux peuples un souffle, une ambition, une énergie renouvelée.

Ce propos a été récemment reformulé par le président français : « […] l’Europe n’est pas qu’un marché, elle est un projet. Un marché est utile, mais il ne doit pas faire oublier la nécessité de frontières qui protègent et de valeurs qui unissent ». Il se veut entraînant ; mais il peut aussi être perçu comme méprisant : un citoyen, pris dans une situation socio-économique difficile qu’il voudrait dépasser au nom d’un idéal à condition d’en trouver les moyens, pourrait transformer l’énoncé en un slogan qui l’inverserait, à la façon de Prévert : « L’Europe n’est pas un destin super. L’Europe est un marché commun »…

Mise en ligne : mai 2019


Posted in Européennes, Non classéTagged métaphore, polysémie, prosaïser, synecdoque

Défense d’urner

7 mai 2018 Sylviane Remi

Après avoir « interdit d’interdire », peut-on défendre « d’urner » ou « de veauter » ? La contradiction n’est qu’apparente. Alors que « Il est interdit d’interdire » revendique une liberté sans limites, un désir de vivre pleinement sa vie, et dénonce des mœurs et des modes de vie compassés et compressés par le(s) pouvoir(s), « Défense d’urner » touche au cœur des institutions, dénonçant le moteur même du fonctionnement de la démocratie bourgeoise : les élections. Au sein des courants révolutionnaires opposés aux partis de gauche traditionnels prolifèrent en Mai-68 les slogans qui jouent sur la syllepse homophonique (hétérographique) du verbe « veauter », dans laquelle l’électeur est transformé en animal grégaire et stupide (les électeurs tomberaient dans un « piège à cons », comme le rappelle un autre slogan).

L’ouvrage de Maurice Tournier Les Mots de mai 68 recense toute une déclinaison de la métaphore moutonnière (si l’on peut s’exprimer ainsi) :

« Charlot ! Nous ne sommes pas des veaux, nous ne sommes pas dévots devant mon général ».

« J’ai veauté, veau ! ».

« Centre d’intoxication civique : veautez ! »

« Il n’y aura plus désormais que deux catégories d’hommes : les veaux et les révolutionnaires. En cas de mariage, ça fera des rêveaulutionnaires ».

« Baisse-toi et broute »

« Défense d’urner » tire quant à lui son efficacité du néologisme « urner », formé par dérivation impropre ou conversion d’un mot à partir d’un autre par changement de catégorie grammaticale : ici, un verbe dont le radical est emprunté au nom concret « urne ». Mais « urner » n’est pas un simple synonyme de « voter » : sa parenté phonétique avec « uriner » (par paronomase implicite) et l’association usuelle de la construction « défense de… » avec des verbes exprimant des actions socialement répréhensibles (dont celle de se soulager sur la voie publique) est éloquente : la vision triviale de l’assouvissement d’un besoin élémentaire se confond avec le geste solennel de l’électeur qui accomplit son devoir civique. La transgression est linguistique et politique. L’effet, burlesque, particulièrement prisé en temps de révolte : ne dit-on pas aussi que « les bureaux de vote sont les vespasiennes du pouvoir où la majorité fait ses besoins » ?

Suggérer qu’un individu (un homme, de préférence) puisse se soulager dans une urne bafoue violemment un acte emblématique du fonctionnement de la démocratie, et dénoue le lien qui unit le « droit de vote » et ce qui serait, dans l’esprit de ce slogan, une véritable démocratie.

Posted in Grand Huit !Tagged urner, veauter

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