(Hervé Morin à propos de François Bayrou, 22 février 2017)
Hervé Morin se désolidarise de François Bayrou, dont il a jadis été le porte-parole, arguant : « Quand on est à 5% à huit semaines de l’élection présidentielle, il y a quelque chose qui relève d’un objet non identifié ». La phrase elle-même brouille le référent, F. Bayrou étant désigné à travers des indéfinis (« on », « quelque chose »), un présentatif (« il y a ») et une relative surdéterminée (« qui relève d’un objet non identifié »), où chaque terme renforce paradoxalement l’indétermination supposée de sa candidature : Bayrou n’« est » pas un « objet non identifié », mais « relève » de cette catégorie justement réservée à l’indéfinissable. Si, pendant la campagne, Macron ou Peillon ont pu être métaphoriquement qualifiés d’« ovni » parce qu’ils détonnaient dans le paysage politique, Bayrou n’est pas traité avec la même sympathie par son ancien compagnon, devenu filloniste : il est un ennemi politique que l’on réifie pour le tenir à distance. Aussi faut-il bien entendre la référence finale dans son acception militaire. Le fait que la candidature tardive de Bayrou ne semble pas motivée par un programme original embarrasse sans doute moins que le souvenir de 2012, où appelant à voter François Hollande au second tour, il avait compromis les chances de victoire de la droite. Les ovnis, « apparaissant et disparaissant soudainement et silencieusement » auraient donc vraiment « des effets secondaires souvent perturbants sur l’environnement » (Tlfi) ?