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Société d'étude des langages du politique

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Auteur/autrice : Sarah Al-Matary

Sarah Al-Matary (université Lyon 2, UMR 5317 IHRIM) Enseignante-chercheuse spécialisée dans les relations qu’entretiennent la littérature et les idéologies aux XIXe et XXe siècles, je prête une attention particulière aux « langages du politique ». En témoigne ma thèse, consacrée à l’idée de « race », ce mot dont Maurice Tournier écrivait – alors que je n’étais encore qu’en classe de cinquième – qu’il avait « perdu la raison »… Dans cette étude comparatiste, sensible à l’écart qui séparait les usages du mot « race » en français et en espagnol, j’envisageais les différentes acceptions (biologique, mais aussi linguistique, sociale et ethnico-confessionnelle) de l’expression « race(s) latine(s) », sans oublier que cette expression ne circonscrivait pas entièrement la réalité qu’elle décrivait. Passionnée depuis lors par les discours de « réaction » ‒ d’où qu’ils émanent ‒, je m’intéresse à la polémique comme observatoire privilégié de l’histoire intellectuelle, mais aussi comme moyen de dépasser l’approche monographique et canonique de la littérature. C’est sous cet angle que je prépare une histoire de l’anti-intellectualisme en France (XIXe-XXIe siècles).

“Vive la Commune, à bas les versaillais”

31 mai 202131 mai 2021 Sarah Al-Matary
Crédits photo : sınıf bilinci via Twitter

Samedi 29 mai 2021, sur la place de la République, les policiers qui tentaient d’identifier les personnes ayant accroché une banderole « Vive la Commune » pour l’anniversaire de cette révolution ont été repoussés aux cris d’« À bas les versaillais ! ». Cette interjection forme avec « Vive la Commune ! » un couple antithétique. Il s’agit de porter aux nues un idéal politique (ou du moins, en l’occurrence, d’accrocher le plus haut possible la banderole qui le célèbre), tout en mettant à terre les représentants d’un pouvoir oppresseur et potentiellement répressif. Le parallélisme de construction rend plus visible l’opposition entre la Commune – mouvement puis gouvernement en faveur d’institutions authentiquement démocratiques et sociales –, entité pensée au singulier comme fédératrice, et le pluriel « les versaillais », que l’absence de majuscule distingue du gentilé désignant les simples habitants de Versailles : « versaillais » renvoie aux partisans (en armes ou non) du gouvernement et de l’Assemblée nationale réfugiés dans la ville des rois tandis que s’organise à Paris un gouvernement du peuple. Déjà en 1871, lorsque Pinola Gandolphi ou Alfred Dupupet s’étaient exclamés « À bas les versaillais », l’invective avait été retenue à charge. 150 ans plus tard, elle actualise par analogie les rapports de force historiques qu’ont éclairés par ailleurs – à des fins pédagogiques et/ou militantes – expositions, débats et manifestations commémoratives. La Commune et les tensions qu’elle suscite restent bien vivantes.

Posted in Figurez-vous...Tagged actualisation, analogie, antithétique, gentilé, interjection, opposition, parallélisme, pluriel, singulier

« Je veux ‘l’Europe mais avec la France debout’ disait Philippe Séguin. Cher Philippe, aujourd’hui l’une et l’autre sont à terre »

10 mai 201920 mai 2019 Sarah Al-Matary

(François Fillon, meeting de La Villette, 29 janvier 2017)

Non content de multiplier les citations de feu son mentor, François Fillon l’apostrophe lors du meeting de la Villette : « Je veux ‘l’Europe mais avec la France debout’ disait Philippe Séguin. Cher Philippe, aujourd’hui l’une et l’autre sont à terre et j’enrage de voir la civilisation européenne douter de son sort au milieu des orages ». Ces deux phrases, déjà prononcées en 2016 à l’occasion du Conseil national des Républicains, lui permettent de placer ses propres appels au redressement sous le patronage d’un orateur confirmé. Deux jours plus tôt, aux Archives nationales, Fillon faisait d’ailleurs de Séguin un représentant de l’éloquence. En distinguant ce régime de parole vénérable mais presque disparu des « émotions instantanées sur lesquelles joue la médiacratie » (entendre : les médias qui ont révélé le « Pénélope Gate »), Fillon l’associe à une forme de probité. C’est d’elle qu’il se réclame donc lorsqu’il ose l’homéotéleute « enrage »/ « orage ». Mais parvient-il pour autant à relever le style de son discours et à se refaire une vertu ?

Mise en ligne : février 2017

Posted in Européennes, Figurez-vous...Tagged apostrophe, François Fillon, homéotéleute

Réformes chloroforme

27 mai 201827 mai 2018 Sarah Al-Matary

Pour garder les militants en alerte, rien de tel qu’un slogan cadencé : « Réformes chloroforme », avec sa rime riche et son rythme entraînant (réduit à 2, puis 3 syllabes lorsqu’il est scandé), en fait partie. Les deux noms apposés sont placés dans une relation d’équivalence ; l’illustration n’explicite pas seulement le lien logique (volatiles comme le chloroforme, les réformes endorment) ; elle dénonce le travail d’intoxication mené par le gouvernement via la propagande, mais aussi des mesures supposées favoriser une sortie de crise en douceur. Il n’en est pas question ici : un individu dont on n’aperçoit que le bras plaque contre le visage d’un autre un linge anesthésiant. Image frappante, qui suggère que ni la police, ni les révolutionnaires n’ont le monopole de la violence.  Au moins ces derniers prétendent-ils rester conscients…

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Il y a, en France, 38 000 communes… nous en sommes à la seconde

24 mai 2018 Sarah Al-Matary

Alors qu’en Mai 68, beaucoup d’autres slogans prennent la forme d’une injonction, celui-ci est formulé comme une évidence. Le premier segment, descriptif, a la solennité quelque peu sentencieuse des énoncés qu’on apprend à l’école : de fait, l’Hexagone compte alors près de 40 000 circonscriptions administratives ou « communes ». Mais le coup de force tient à faire passer pour également admis le second segment, où le ton monte : ce dernier transforme implicitement un nom commun en nom propre, renvoyant non plus aux communes de France, mais à la Commune de Paris – la dernière des révolutions, restée à la fois un symbole des conquêtes populaires et de la répression qui y fit barrage. La singularité de la Commune n’empêche pas qu’on la mette ici au pluriel (ne connaît-elle pas d’ailleurs en 1870-71 des alter ego à Lyon, Marseille, Narbonne, Saint-Etienne, etc. ?) : la majuscule tombe peut-être dans le jeu de mots, mais pas la barricade, et les insurgés de Mai 68 – qui n’ont cessé de se référer à l’expérience anti-autoritaire de 1871 – peuvent se poser en nouveau communards. À la veille de son centenaire, la Commune n’est donc pas morte ; elle est ressuscitée. « Vive la Commune du 10 mai », lit-on sur les murs du Quartier latin, comme la promesse d’insurrections en chaîne. Jamais deux sans trois !

Image : dessin de Jean Effel

Source : site des Amies et Amis de la Commune de Paris (1871)

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Embrasse ton amour sans lâcher ton fusil

19 mai 2018 Sarah Al-Matary

À rebours du « Faites l’amour, pas la guerre » diffusé par la génération « Peace and Love » après l’intervention des États-Unis au Viêt Nam, ce graffiti apposé à l’Odéon combat le pacifisme. Il ne commande pas pour autant de renoncer à l’amour, ici désigné de manière moins abstraite que dans le célèbre slogan, sous les traits d’un partenaire que chacun – quel que soit son sexe – peut s’imaginer. L’injonction est double, comme dans cette variante de l’hiver 1975 : « Faites la guerre et l’amour aussi ». Mais « embrasse ton amour sans lâcher ton fusil » lui donne un tour personnel, par l’impératif à la seconde personne du singulier (qui favorise l’identification), et l’image du couple guerrier, uni et vigilant dans la lutte. Libérer son corps n’empêche pas de se libérer politiquement, au contraire : l’amour est révolutionnaire.

Crédits : couverture du livre de Gérard Guégan Debord est mort, le Che aussi, et alors ? Embrasse ton amour sans lâcher ton fusil (Paris, Société des saisons, 1994).

 

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Quand j’entends le mot culture, je sors mon CRS

16 mai 201817 mai 2018 Sarah Al-Matary

Un slogan peut en cacher un autre. Ici, le « je » de l’énonciation ne renvoie pas à un locuteur révolutionnaire, mais au pouvoir en place, dont les CRS sont le bras armé. Action/réaction : les étudiants, les intellectuels et les artistes s’insurgent ; la force policière charge. Deux segments séparés par une virgule, comme une barricade. Cette phrase se réfère en outre implicitement à une réplique tirée de Schlageter, drame historique de Hanns Johst joué en 1933 pour l’anniversaire de Hitler, auquel il est dédié : « Wenn ich Kultur höre… entsichere ich meinen Browning ». Prêtée à tort au nazi Joseph Goebbels – docteur en littérature devenu ministre de l’éducation du peuple et de la propagande ‒, cette citation est restée dans les mémoires. Pour qui a de la culture, justement, l’allusion est claire : la « compagnie républicaine de sécurité », en servant la répression, agirait comme jadis les soldats de la Waffen-SS. Moins direct que « CRS SS », mais plus insidieux, ce slogan dénonce la violence exercée par l’État… pour mieux atteindre ce dernier.

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Mangez vos professeurs

10 mai 201810 mai 2018 Sarah Al-Matary

Telle citation métaphorique du Petit livre rouge où Mao opposait la révolution à « un dîner de gala », « une œuvre littéraire, un dessin ou une broderie » a-t-elle pu encourager la violence envers les intellectuels et les artistes ? Pendant l’été 1968, plus d’une centaine d’enseignants chinois furent en tout cas victimes d’actes anthropophages. En France, l’injonction « Mangez vos professeurs », repérée en Mai-68 dans l’enceinte de la Sorbonne ou sur les marches du Palais universitaire de Strasbourg a fait l’objet d’une interprétation moins mordante : détournant avec humour l’imaginaire du vampirisme capitaliste, elle dénonce l’autorité de manière potache, dans la tradition des charivaris. Gageons que les étudiants qui disaient « merde aux mandarins » durent se rabattre sur les mandarines !

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« contre les drapeaux noirs »

13 juin 2017 Sarah Al-Matary

Emmanuel Macron, Oradour-sur-Glane, 10 juin 2017

 

Emmanuel Macron a placé sous le signe de la transmission intergénérationnelle la commémoration du massacre d’Oradour-sur-Glane. Dans un discours qu’il a tenu à adresser aux écoliers, collégiens et lycéens réunis pour la circonstance, le chef de l’État a invité à tirer les leçons du passé en luttant contre les « fanatiques en tous genres, [les] extrémistes de toutes figures ». Cet ennemi, qu’il ne nomme pas précisément, E. Macron le désigne à l’aide d’une métaphore : celle des « étendards noirs ». Le Président, en visite sur un site ravagé par les nazis en 1944, rapproche vraisemblablement l’emblème de la Waffen-SS du drapeau de l’État islamique, qui reprend le même code couleur. Mais l’allusion autorise une généralisation : quand l’orateur exhorte ses jeunes auditeurs à faire des valeurs d’« humanisme, tolérance, bienveillance, espérance » des « drapeaux contre les drapeaux noirs et le relativisme corrosif dont notre monde souffre tant », ne peut-on penser qu’il stigmatise aussi les socialistes et les anarchistes qui continuent de se reconnaître dans ces bannières de la révolte que sont les drapeaux noirs ? En somme, qu’il promeut moins la liberté de chacun que la conformité à une conception bourgeoise de la démocratie.

Posted in Figurez-vous..., Non classéTagged métaphore

« nous devons raviver la flamme »

11 juin 201711 juin 2017 Sarah Al-Matary

Emmanuel Macron, Oradour-sur-Glane, 10 juin 2017

Dans l’hommage qu’il a rendu aux victimes du massacre d’Oradour-sur-Glane, Emmanuel Macron a exploité la métaphore conventionnelle de la flamme du souvenir pour évoquer la nécessité d’entretenir la mémoire, de génération en génération : « Ce qui se transmet risque de s’affadir, sans cesse nous devons raviver la flamme et lui redonner sens », a-t-il déclaré, expliquant par là qu’il ait tenu à présider l’anniversaire de cet événement tragique. La métaphore matérialise efficacement cette volonté d’actualiser le passé – geste notamment symbolisé en France depuis la Grande Guerre par la cérémonie organisée sur la tombe du Soldat inconnu. Mais n’est-ce pas s’exposer à un retour de flamme que d’utiliser pareille métaphore sur le site d’un redoutable incendie allumé par les nazis, quand on connaît le statut du feu dans l’imaginaire fasciste, de la flamme italienne aux autodafés, retraites aux flambeaux et autres relais olympiques du Reich ?

Crédits : Eric Feferberg

Posted in Figurez-vous...Tagged métaphore

« le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien »

3 juin 20175 juin 2017 Sarah Al-Matary

Emmanuel Macron, Etel, 2 juin 2017

 

Emmanuel Macron n’a pas eu besoin de migrer pour commettre une énième bourde à propos de l’outre-mer. En visite au Centre régional de surveillance et de sauvetage atlantique d’Etel dans le Morbihan, il a cru bon d’illustrer sa connaissance des différentes embarcations par une boutade, faite toutes voiles dehors : « le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien ». Cette sortie a fait scandale, non seulement parce qu’elle traite un drame humain sur le mode de la plaisanterie, mais parce que le chef de l’État y utilise un article partitif (« du ») qui réifie les individus concernés ‒ en l’occurrence, les milliers de Comoriens risquant leurs vies sur de frêles esquifs dans l’espoir d’un avenir meilleur. Or l’article partitif détermine le plus souvent un inanimé, souvent indénombrable (« du pain », du « courage ») ; il n’est généralement utilisé avec un animé que lorsque ce dernier est un animal consommable (« du poisson »). Ici, l’embarcation personnifiée « pêche peu » ; ce n’est pas du poisson qu’elle rapporte hélas, mais bien des hommes. Et ces derniers n’arrivent pas toujours vivants. Employé avec un animé, le partitif entraîne une forme de généralisation dont la valeur péjorative est fréquemment exploitée par les discours de haine (« bouffer du curé », « casser du nègre »). E. Macron souhaitait prouver sa maîtrise des classifications maritimes ; il s’est trouvé embarqué – malgré lui ? – dans une typologie discriminante.

Crédits photo : RICHARD DE HULLESSEN

Posted in Figurez-vous...Tagged généralisation, personnification, réification

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