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Société d'étude des langages du politique

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Auteur/autrice : Hugues Constantin de Chanay

Hugues Constantin de Chanay est professeur au département de Sciences du Langage de l'Université Lumière Lyon 2. Il travaille en sémantique et en analyse du discours, en intégrant aux discours les aspects non verbaux (images, intonations, gestes). Ses recherches portent tout particulièrement sur le discours politiques, notamment sur les débats d'entre-deux-tours des présidentielles françaises. Voir sa page personnelle sur le site du laboratoire ICAR.

« Nous battre, nous battre, nous battre »

29 septembre 202029 septembre 2020 Hugues Constantin de Chanay
Dans le Gers, Emmanuel Macron appelle à se "battre" face à la crise économique et sanitaire
© Crédit photo : GEORGES GOBET AFP, Sud-Ouest, le 18 septembre 2020

À la fin d’une visite à Condom (Gers) consacrée aux Journées du patrimoine, Emmanuel Macron résume son programme d’action face au virus Covid 19. Il faut « nous battre, nous battre, nous battre ». Du point de vue informatif, cette triple répétition piétine et n’est qu’un pléonasme aggravé. Mais l’intérêt est justement que sa fonction n’est pas référentielle. On parle souvent, dans ce cas, d’intensification et de gradation : l’impact de l’infinitif nous battre croît. S’en tenir là cependant serait négliger la dimension de la parole, faite de voix et de temps.

À l’écoute les mots ne se remplacent pas, ils s’ajoutent les uns aux autres – répétition syntagmatique et non paradigmatique. L’effet est donc absolument différent, selon qu’on lit, ou bien qu’on écoute la triple répétition : ce qui est tautologique à l’écrit ne l’est plus à l’oral. Dans un discours parlé, le seuil de trois répétitions marque le seuil d’émergence du rythme et rapproche la parole du chant. Dans toutes les langues, la triplication, prononcée dans des circonstances solennelles, assume une fonction incantatoire et renoue avec une fonction performative primitive pour laquelle dire, c’est faire advenir.

L’assimilation de la maladie à un ennemi est une métaphore conceptuelle  (de celles qui organisent notre langage au quotidien : « combattre une épidémie », « lutter contre l’invasion des métastases », « vaincre le cancer », etc.). Emmanuel Macron la remotive par la triplication et l’ajout du « nous » collectif qui enjoint, autant qu’à la lutte, au rassemblement. La performativité de la clausule sert alors un genre délibératif millénaire : la harangue aux soldats.

Billet écrit à quatre mains par Emmanuelle Prak-Derrington et Hugues Constantin de Chanay

Posted in Figurez-vous...Tagged clausule, délibératif, gradation, intensification, métaphore conceptuelle, performatif, pléonasme, répétition, tautologie

« Bientôt la tempête »

23 septembre 202015 décembre 2020 Hugues Constantin de Chanay

Willem, Libération, vendredi 18 octobre, p. 19

Voici, grâce à Willem, dévoilés les partis pris souvent sous-jacents à la reconnaissance des figures rhétoriques. Le 18 septembre il dessine, dira-t-on sans juger, une antithèse entre les discours effrayants (discours d’Édouard Philippe, solide et seul au sol, « bientôt la tempête ») et les discours rassurants (discours de tous les autres, ballottés dans les airs, Emmanuel Macron en tête accompagné de ses soutiens non identifiés, « ne sème pas la panique », « alarmiste », « c’est très exagéré »). Numériquement supérieurs, ceux-là sont les discours dominants. Imaginons qu’ils disent la vérité : point de rhétorique chez eux, par contre Philippe commet une hyperbole fallacieuse. Mais si l’écart joue dans l’autre sens, si le nom de « tempête », jugé conforme à une réalité, paraît orthonymique, alors les discours dominants sont non seulement, sous des dehors divers, des euphémismes mais des dénis : ils ne présentent pas seulement le verdict sous de nobles dehors, ils l’inversent.

Peut-on trancher ? Dans le dessin oui.

La tempête (celle de l’épidémie : métaphore actuellement transparente) n’y est pas seulement dite par l’un, elle y est surtout montrée par le dessinateur. L’iconicité lui affecte ainsi un coefficient de réalité mais n’en affecte aucun à la sérénité. Cela veut-il dire, si l’on file la métaphore, que Macron et tous ceux qui tiennent le même genre de discours seront balayés par le vent ?

Posted in Figurez-vous...Tagged analyse d'image, antithèse, déni, euphémisme, hyperbole, iconicité, métaphore, métaphore filée, orthonymie

Universités. UNE RENTRÉE EN DÉMERDENTIEL

18 septembre 202013 octobre 2020 Hugues Constantin de Chanay

(une de Libération, 16 septembre 2020)

« Démerden Sie sich » : le néologisme de forme en une de Libération,« en démerdentiel » rejoint la tradition linguistique consistant à tourner en dérision, en les parodiant, les discours oppressifs et dénonce un divorce entre les subtilités théoriques de la recherche pédagogique (-tiel) et le peu de cas qui est fait des conditions pédagogiques pratiques (démerd-).

La création, transparente, repose sur une motivation morphologique puisque le néo-dérivé prend pour base la forme verbale démerd-, que tout Français interprète comme un équivalent familier de « se débrouiller », et pour suffixe –tiel, présent dans le couple en vogue des antonymes en présentiel/en distanciel.

Ces antonymes ne sont pas apparus ensemble. En présentiel a longtemps vécu seul, signifiant « en présence à distance », par exemple par visioconférence, c’est-à-dire exactement la même chose qu’aujourd’hui en distanciel. L’apparition de celui-ci a donc été contemporain d’un néologisme de sens affectant en présentiel qui s’est mis à signifier exactement le contraire de ce qu’il signifiait jusque-là.

Quasi inévitable en ces temps d’épidémie dès que l’on parle d’enseignement, l’opposition a une forte connotation didactique : le virus interdit les formes traditionnelles d’enseignement, mais on évolue, n’est-ce pas, on s’adapte, et heureusement la didactique nous a trouvé des équivalents. -tiel, suffixe adjectival, rappelle qu’on ne parle pas de choses mais de « modes » – « mode présentiel », « mode distanciel ». La présence et l’absence, en fait l’absence surtout, sont par là déliées des conditions concrètes de participation.

Il y a comme une idéologie implicite sous ces mots, semble dire Libération : nos dirigeants font mine de croire que l’apprentissage est avant tout une question de capacités cognitives et que peu importe le moyen par lequel on les atteint. Le mépris n’est pas loin. Professeurs absents ou présents dans le même espace, qu’est-ce que ça change au fond ? Comme si le ministère disait : « Désintéressons-nous des moyens. L’intendance suivra. »

Posted in Figurez-vous...Tagged antonymes, idéologie, néo-dérivé, néologisme de forme, néologisme de sens

Tout ça pour ça II

15 septembre 202015 septembre 2020 Hugues Constantin de Chanay

Utilisée sans guillemets par Alexandra Schwartzbrod en tête son éditorial du 12 septembre (Libération), la phrase « Tout ça pour ça », que n’importe qui produit sûrement en français depuis des temps immémoriaux, n’en est pas moins ces jours-ci un emprunt. Toute fraîche, encore dans toutes les têtes, la une récente de Charlie Hebdo en monopolise l’usage. Tout emploi devient un réemploi. Car, chose fondamentale, le dialogisme précède le discours. Il permet ainsi de ne pas tenir un discours en son nom seul mais de se tenir à la tête d’une nappe discursive qui lui donne, en quelque sorte, une généalogie – un pedigree plus exactement, c’est-à-dire une généalogie qui lui assure des qualités. La remontée dans un passé récent, offrant au discours d’aujourd’hui le contexte des discours d’hier, lui assure du même coup les classiques afférences contextuelles. L’éditorial d’Alexandra Schwartzbrod, qui énonce la ténuité des décisions de Jean Castex annoncées à grand bruit, bénéficie de la solide antithèse créée la semaine dernière par Charlie Hebdo sur un bien plus grave sujet – par là les annonces de Jean Castex se haussent à ce niveau, dont Alexandra Schwartzbord les fait choir, grâce à la même antithèse. Castex n’est pas au niveau de l’effervescence médiatique qu’il suscite. Eh bien, il n’est pas le premier. Dixit Charlie.

Posted in Figurez-vous...Tagged antithèse, dialogisme, emprunt

Tout ça pour ça

14 septembre 202015 septembre 2020 Hugues Constantin de Chanay

Dans son numéro du 2 septembre 2020, et à l’occasion du procès des attentats de janvier 2015, Charlie Hebdo cherche à souder autour de lui au-delà de ses lecteurs. « Tout ça pour ça » ne se comprend pas sans contribution. La seule marque de forme est l’antanaclase (deux fois « ça » en deux sens différents). Pour le reste la une vise le consensus sans pour autant renoncer aux valeurs de l’hebdo : comme la plupart des titres, celui-ci est un discours épidictique. Dans ses deux occurrences, le pronom démonstratif ça, abréviation courante de « cela », est déictique. La première est in absentia : il va sans dire que les lecteurs auront en tête les attentats de 2015, présentés par dialogisme comme disproportionnés et atroces (« tout ça »). La deuxième occurrence repose sur une monstration in præsentia : les images en une, intégrées au titre, fournissent pour contexte de pauvres caricatures. Pauvres, car la republication a condensé les images (et on ne les trouve pas décondensées à l’intérieur du numéro) : après coup, la rédaction peut se contenter de les convoquer en réduisant – au sens propre comme au sens figuré – leur charge initiale et donne un petit coup de pouce à l’interprétation de l’antanaclase en antithèse. Elle nous dit en quelque sorte : « Non, ces petites images ne méritaient vraiment pas tous ces meurtres », et qui pourrait y trouver à redire ? Nous lisons « tout ça pour ça », et, sous cet angle en effet, nous sommes tous Charlie.

Posted in Figurez-vous...Tagged antanaclase, antithèse, contexte, déictique, dialogisme, épidictique, monstration

« La phase Dalida »

3 septembre 20203 septembre 2020 Hugues Constantin de Chanay

Précisant le 12 mars sur les chaînes nationales de télévision la position officielle vis-à-vis la pandémie due au Covid-19, Emmanuel Macron a dans le même temps fait, du moins dans son discours, une quasi volte-face idéologique en affirmant la nécessité de soustraire les biens et services publics aux lois du marché. Ces déclarations sont-elles à prendre pour argent comptant ? Eh non, pour la plupart des commentateurs. Dès le surlendemain, Laurent Joffrin écrit dans Libération, en clin d’œil au tube italien Parole parole (1972) repris l’année suivante par Alain Delon et Dalida : « Pour l’instant, nous en sommes à la phase Dalida : paroles, paroles… ». Formulation courante de la traditionnelle opposition entre le dire et le faire, le refrain est ici intégré à une création discursive assez spectaculaire (et cela convient très bien parce qu’il y a ici une pointe de sarcasme) : elle greffe une antonomase sur un substantif épithète : le nom propre – lui-même un concentré rhétorique :  homorythmie, allitération et épanadiplose (il finit comme il commence) – vaut ici pour les propriétés attribuées à la vedette qu’il désigne. Voilà donc E. Macron réduit, car il y a une contamination métaphorique sous-jacente, à une chanteuse de variétés décédée il y a 33 ans, référence culturelle grand public et rien moins que contemporaine. Et voilà enfin, par le présupposé d’existence porté par la détermination définie, le comportement présidentiel considéré comme une manière de réagir tout à fait ordinaire, quasi machinale, ce qui revient à lui dénier quoi que ce soit d’innovant, et surtout ramené à un pur show – discrédité par un « esprit paillettes ». C’est d’ailleurs ce qui est dit par ce dialogisme (propos initialement adressés par Dalida à son destinataire, mais projetés sur Emmanuel Macron par groupement métonymique) : « paroles, paroles… ». Bref, après avoir lu Laurent Joffrin, le désamour l’emporte : chansons que tout cela !

Crédits photo : H. Studte sur le site Cafébabel

Posted in Figurez-vous...Tagged allitération, anadiplose, antonomase, dialogisme, homorythmie, métaphore, métonymie

Manu Militari

6 mars 20206 mars 2020 Hugues Constantin de Chanay

La tête carrée, les sourcils légèrement froncés, la bouche au repos, l’air préoccupé mais pas du tout affolé, Emmanuel Macron fait en une de Libération un splendide dictateur romain – ces magistrats auquel la République accordait les pleins pouvoirs pour une durée déterminée, souvent en cas d’urgence militaire. Une isotopie (et dans ce cas, un ancrage de l’image) relie la photographie et le texte, le journal commentant l’usage de l’article 49.3, annoncé samedi dernier par Édouard Philippe, pour couper court aux débats sur la réforme des retraites, par ces mots : « Manu militari ». L’usage d’une expression latine proverbiale permet à Libération de renvoyer dialogiquement à l’époque romaine et d’insister sur l’image sévère, et même dure, qu’il produit du président, en lui donnant d’austères ancêtres latins ; mais aussi, littéralement, cette expression critique la méthode forte employée :  l’article 49.3 est constitutionnel certes, mais martial. L’essentiel est toutefois ailleurs. L’opportunité de l’expression vaut surtout par la syllepse sur « Manu » (la main en latin, mais Emmanuel Macron sur la photographie), qui coagule le personnage de Macron et l’emploi de la force. Ils sont de même aspect, plus intrinsèquement mêlés encore qu’un recto et un verso – une syllepse, c’est à la fois l’humour traditionnel de Libération et, argumentativement, une paronomase parfaite. Pis, c’est du Macron intime (diminutif « Manu ») que vient la poigne. Le « en même temps » emblématique du personnage se concentre en antithèse aux moments décisifs : un Macron abordable et humain, mais aussi inflexible et froid qu’une statue de marbre.

Posted in Figurez-vous...Tagged ancrage, antithèse, dialogisme, diminutif, isotopie, paronomase, syllepse

Le modèle « grande gueule »

3 mars 202015 décembre 2020 Hugues Constantin de Chanay
Libération, 11 février 2020, p. 19.

Parce qu’elles travaillent sur le visible (une subdivision du « concret » qu’on se contente souvent d’opposer à l’abstrait) les images réveillent dans la langue des métonymies comateuses : le CNRTL définit grande gueule par « bavard et grossier » sans faire nullement mention du premier support dérivationnel, la mâchoire. Cette mâchoire, la langue l’a même laissée derrière elle, car jamais on ne désigne par « grande gueule » quelqu’un qui a une forte ossature mandibulaire et, de ce fait, un visage d’aspect animal ne méritant pas que l’on parle de « bouche ». Mais à l’image, la gueule apparaît nécessairement sous un aspect exclusivement visuel. Il y a alors un effet de syllepse : d’une part le masque exige l’interprétation dimensionnelle que conforte le dessin de Trump, dont la tête est trois fois plus grosse que celle de la vendeuse, double menton, bajoues tombantes comme celles d’un bouledogue, bouche hyperboliquement amère – c’est-à-dire, pour rester dans le visuel, fermée et orientée vers le bas ; d’autre part l’interprétation courante du syntagme « grande gueule », alliée à la présence d’un prototype de la parole intempestive, y superpose le sens /bavard incontrôlable/. Gain sémantique de l’opération, l’image récolte ce qu’elle a associé dans la langue et l’infuse dans le dessin de Trump. Sa politique, ses bruyantes manifestations oratoires, ne sont que l’effet primitif de son inesthétique volume physique.

Posted in Figurez-vous...Tagged analyse d'image, dérivation, hyberbole, métonymie, prototype, syllepse

Deux plafonds de verre et une vitre

4 février 202015 décembre 2020 Hugues Constantin de Chanay

La stature victorieuse, solidement appuyée sur un bureau élyséen sur fond de lambris dorés, drapeaux français et européen à ses côtés, Marine Le Pen pulvérise sa cage de verre à la une de L’Express, traduction iconique d’une métaphore linguistique — « la fin du plafond de verre », titre le quotidien pour annoncer la fin de la limite invisible qui cantonnait les avancées de son mouvement, ex-FN rebaptisé RN.

Le « plafond de verre » est généralement associé à la discrimination exercée à l’encontre des femmes, en écho à la traduction française du titre d’un film d’Elia Kazan, Le Mur invisible (Gentleman’s Agreement, 1947). L’application de l’expression à Marine Le Pen a pu être jugée malheureuse, le mouvement libérateur se l’étant en quelque sorte appropriée, surtout depuis #MeToo : historicité du dialogisme, qui dessert ici le propos.

Sa traduction iconique échoue d’ailleurs aussi. Sans le titre, la double particularité du « plafond » disparaît (il est au-dessus de la tête, et comme les murs ou le plancher dont il est l’exact opposé, il confine l’espace) : à l’évidence, un mur de verre explose sous l’avancée frontale de la présidente du FN. D’ailleurs, cette explosion du plafond, le dossier s’en rit et on trouve à l’intérieur du magazine une autre image, métaphore-valise cette fois : Marine Le Pen, tête récriminante, y surgit d’une urne de verre comme un diable d’une boîte et quoi qu’il en soit de la différence entre les plafonds et les couvercles, nous sommes au rayon farces et attrapes. La victoire possible est dérisoire, mieux, c’est une blague.

Mais en couverture, implicitement, la métaphore iconique tient un discours tout autre. Produit d’appel affiché chez les marchands de journaux, sur les colonnes Morris, Marine Le Pen, aquarellisée et cadrée comme pour une couverture de fanzine, est une sorte de héros paramilitaire ou de King Kong révélé qui, ayant fait voler en éclats sa vitre protectrice, se libère : gare.

Posted in Figurez-vous...Tagged analyse d'image, dialogisme, implicite, métaphore, métaphore iconique, métaphore-valise

« Le Frankenstein des retraites »

18 décembre 20193 février 2020 Hugues Constantin de Chanay

Yves Veyrier, France culture, 11 décembre 2019

Sur France Culture, mercredi 11 décembre 2019, Yves Veyrier – secrétaire général de Force Ouvrière – explique pourquoi il a qualifié dans France Dimanche la réforme des retraites de « monstre » : il pensait à Frankenstein. Il précise : « J’ai dit que ce projet de régime unique par points c’était un peu le Frankenstein des retraites, la créature échappe à son créateur ». Or, on le sait en lisant Mary Shelley, la créature n’a pas de nom, contrairement au docteur Frankenstein qui l’a animée : bel exemple de métonymie cachée (le créateur pour la créature), c’est-à-dire peu ou prou devenue lexicalisée, d’autant plus que la métaphore fait écran et, elle aussi, « échappe à son créateur ». La réforme des retraites n’est pas seulement, comme le dit Yves Veyrier, devenue incontrôlable, fruit d’un geste irrémédiable : c’est aussi un monstre couturé, fait de bric et de broc, et si étranger au monde qu’il est tout juste bon à éradiquer. Mais le motif du geste irrémédiable a un avantage : remontant au moins au mythe de Prométhée, ce topos s’applique à tous les apprentis sorciers et gouverne plus que jamais la conception que le XXIe siècle se fait de l’histoire humaine. Révolution industrielle, révolution numérique et désormais changement climatique… La réforme des retraites rejoint les grands fléaux de l’anthropocène.

Posted in Figurez-vous...Tagged lexicalisation, métaphore, métonymie, topos

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Motion contre la LPPR

La LPPR, votée par l’Assemblée nationale et le Sénat (alors même que le gouvernement ne dispose pas d’une majorité à la Chambre haute), en dépit des avis du Conseil économique et social et du Haut Conseil pour l’égalité,  modifie profondément les institutions de la recherche et de l’enseignement supérieur dans le sens d’une plus grande subordination au pouvoir politique en la dépouillant de son indépendance.

La SELP dénonce l’absence de concertation et la brutalité des moyens employés par le gouvernement dans le processus d’adoption de cette loi (procédure accélérée pendant les confinements du printemps et de l’automne), appelle les candidates et les candidats aux prochaines élections républicaines à s’engager dans une voie de concertation avec l’ESR afin de réécrire une loi qui soit profitable à toutes et tous et dégage la recherche et l’enseignement supérieur des pièges de la concurrence immédiate à laquelle les condamne l’actuelle loi.