(Florian Philippot, LCI, 18 mai 2017)
L’usage de métaphores est extrêmement fréquent dans le discours politique : métaphores spatiales, mais aussi climatiques, sportives, militaires, médicales… En matière culinaire, on connaissait surtout les expressions cuisine électorale et charcutage électoral. Le vice-président du Front national élargit le répertoire et donne carrément dans la recette familiale. Parlant du gouvernement nommé par le nouveau président de la République, comportant quelques anciens ministres « et de gauche et de droite », selon la formule macronienne consacrée, Florian Philippot nous dit que c’est « un peu […] un gratin de restes ». Et de préciser : « Vous avez des restes et vous essayez d’accommoder un nouveau plat ». On regrettera qu’il ne dise rien des proportions recommandées, ni du temps de préparation, ni si le mets se mange chaud ou froid. Mais peut-être une métaphore en cache-t-elle une autre, auquel cas c’est non seulement le caractère pluriel du nouveau cabinet, mais aussi sa nature élitiste qui serait dénoncé : gratin, au sens figuré, est bien l’opposé de vulgum pecus. La double métaphore rendrait alors compte d’une élite plurielle, d’une polyarchie, telle que décrite par le célèbre politiste américain Robert Dahl. Voilà en tout cas une petite phrase… gratinée !
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